Voguer vers de nouveaux horizons

3 minutes de lecture

Le samedi matin, elle reçut par SMS un message accompagné d'un cœur :

"À tout à l'heure, baby."

Elle était levée depuis sept heures du matin et passait frénétiquement d'une pièce à l'autre. Il y avait de l'électricité dans l'air.

Elle avait encore rêvé de lui : il passait sa langue sur ses seins, qui pointaient et durcissaient sous l'impulsion du désir. Elle s'était réveillée en sursaut, ruisselante detranspiration.

Sa valise trônait sur son lit.

Il était temps de faire la check-list :

  • Brosse à cheveux, OK.
  • Nuisette sexy, OK.
  • Robe du soir, OK.
  • Escarpins, OK.
  • Bas résille, OK.

Elle n'omit pas sa trousse de toilette, son fer à lisser, son séchoir à cheveux, ses serviettes de bain, ses maillots. Elle choisirait parmi les cinq, sur place, en fonction de l'ambiance.

Elle passa beaucoup de temps à se coiffer et à se maquiller.

Ses cheveux blonds ondulaient gracieusement sur ses épaules. Elle portait une robe patineuse à décolleté portefeuille, de sorte qu'on pouvait voir la naissance de ses seins et son soutien-gorge en dentelle. Elle enfila ses sandales noires pailletées à talons hauts et fila dans sa voiture.

De Nice, elle mettrait moins de quarante minutes pour le rejoindre à Cannes. Heureusement, ce n'était pas loin. Elle avait horreur des longs trajets en voiture. Mais il le valait bien, elle en aurait fait bien plus pour lui.

Toute excitée, elle jeta un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur et accéléra sur l'autoroute.

Le soleil brillait, les prévisions météorologiques s'avéraient favorables, ils pourraient même bronzer sur le pont du bateau.

Elle imaginait déjà le yacht blanc orné d'un dauphin sur la coque, les sièges confortables, la couchette accueillante prévue pour leurs ébats du soir.

Elle gara sa Clio dans un parking payant près du port, et s'avança sur le quai, ses deux sacs encombrants aux épaules, la démarche soudain moins assurée.

Ses yeux clignaient sous le soleil. Elle ajusta ses lunettes Guess hors de prix et lui fit un signe de la main. C'était bien lui, en bermuda blanc et petit pull Lacoste, nonchalamment assis sur une bite du quai, en pleine conversation avec un couple.

Mal à l'aise, elle s'approcha.

  • Salut toi, lui dit-il, avec un grand sourire. Tu es pile à l'heure. Annabelle et Franck étaient impatients de te connaître. On va passer la journée ensemble.
  • Bonjour, moi, c'est Cynthia. On monte sur le bateau alors ?
  • Oui, donne-moi tes sacs, je vois que tu as tout prévu, dit-il avec un clin d'oeil.

Le bateau était un peu plus petit que ce qu' elle s'était imaginée. Une fois tous les quatre à bord, il valait mieux ne plus bouger, de peur de se cogner. Mais le soleil, les vagues qui clapotaient tranquillement, et le sourire radieux de Gabriel, chassèrent ses premières inquiétudes.

Un couple d'amis pour égayer la journée, pourquoi pas ? Elle leur posa quelques questions par politesse.

Ils étaient tous dans le domaine de l'immobilier.

En fait, elle découvrit que Gabriel possédait une agence spécialisée dans les biens de luxe.

Ceci expliquait la classe naturelle qui se dégageait de cet homme, les habits de marque et la voiture de luxe. Afin de pouvoir participer à la conversation, elle essaya de retenir mentalement tous les détails liés aux dernières transactions qu'ils avaient effectuées ensemble.

Aujourd'hui, ils fêtaient la vente d'une maison en bord de mer, avec dix-huit chambres, quatre salles de bains, une piscine et une salle de cinéma. Le prix exhorbitant de cinq-cent soixante-dix neuf millions d'euros lui donna le tournis.

Elle ressentait un peu d'appréhension. Ces gens n'étaient pas de son milieu. Avec une mère secrétaire et un père vendeur d'automobiles, elle était plutôt habituée à la simplicité.

Depuis quelques années, elle était attirée par tout ce qui brillait et essayait d'économiser un maximum pour s'acheter de belles tenues. Tout son salaire y passait. Critiquée par ses parents, éloignée peu à peu de ses amies caissières ou comptables, elle profitait seule de ces opportunités.

Elle assumait ses envies d'épanouissement personnel, et celui-ci passait par la rencontre d'hommes tous plus différents les uns que les autres. La vie bling-bling qu'elle menait avait un prix : ses anciennes collègues de son école d'esthéticienne ne la fréquentaient plus, elles avaient toutes un mari et des enfants.

Elle sourit intérieurement. Aujourd'hui, on peut dire que c'est le jackpot.

Elle profita sans culpabiliser de l'ambiance iodée, écoutant distraitement la discussion animée entre Gabriel et ses amis.

Un seul regret pointa à l'horizon : il ne l'avait même pas embrassée.

Annotations

Vous aimez lire cornelie ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0