Gabriel lui proposa de se changer afin de profiter de la piscine à débordements avec vue sur la Méditerranée, située devant la maison. Elle trouva la salle de bain, équipée de meubles en marbre, d'une douche à l'italienne immense et d'un jacuzzi.

Elle prit son temps pour parfaire son maquillage qui dégoulinait avec la chaleur.

À un moment, elle fit tomber une boucle d'oreilles. Elle n'arrivait pas à mettre la main dessus. Elle s'accroupit sous la vasque et saisis en même temps que le bijou un string rose.

Surprise, elle se demandait si le scénario qu'elle était en train de vivre n'était pas en fait une réplique.

Une fille était venue ici en sa compagnie. Gabriel n'était pas l'homme original qu'elle supposait être. À chaque rencontre, il proposait les mêmes divertissements. Elle se rappela les sourires narquois du couple sur le bateau et le regard scrutateur du skipper. Elle n'était pas la première et certainement pas la dernière.

Elle continua à mettre son mascara tout en réfléchissant. Allait-elle lui faire une scène ou ferait-elle comme si de rien n'était ?

Profiter du moment présent ou briser ce moment magique ? Elle haussa les épaules. Elle savait bien que d'autres "love date" étaient passées dans ses bras ! Ce string rose était un indice indéniable de son activité sexuelle.

Soudain, le soleil darda ses rayons en direction de la vitre, elle cligna des yeux, s'approcha et découvrit des lettres tracées du bout des doigts : "HELP".

Son sang ne fit qu'un tour. Elle sentit que la situation dérapait. Il s'était passé quelque chose de grave ici. Gabriel était-il un homme dangereux dont il fallait se méfier ?

Elle s'assit par terre sur le carrelage froid, en proie à une inquiétude grandissante. Ses mains tremblaient, elle attrapa son portable et pianota : "Cannes : faits divers". Le réseau était très mauvais. Elle n'avait qu'une barre.

Ce qu'elle lut la stupéfia. Depuis quelques mois, des filles disparaissaient dans les environs de Cannes, de jeunes demoiselles majeures, blondes et visiblement sans attache familiale. La plupart d'entre elles n'étaient pas recherchées par leurs proches. Cependant une enquête était en cours. Elle ne révélait aucun élément probant.

Elle descendit au bord de la piscine, sensuelle, dans son maillot doré à décolleté plongeant. "Surtout rester naturelle, ne pas montrer ses tourments". Difficile de rester zen après ce qu'elle avait découvert.

Elle lui dit néanmoins avec nonchalance :

• J'ai trouvé un string rose dans la salle de bain. Tiens, la propriétaire sera heureuse de le récupérer, je pense.

Dans son regard passa un éclair de froideur qu'elle ne lui avait jamais vu, puis il reprit contenance.

• Ah oui , bien sûr, tu as raison. Merci.

Il comprit qu'elle savait. Sa vie n'était qu'un film bien rodé dont les scènes étaient échafaudées par ses soins. Une fois encore, il se convainc que cette effrontée ne resterait pas bien longtemps à ses côtés. Question de temps.

La précédente avait été bien plus futée, elle avait compris au bout de quelques heures à qui elle avait affaire. Il avait réussi à la faire taire. Son silence valait de l'or. Ses désirs inassouvis de conquêtes féminines le tenaient en vie, envers et contre tout.