Serial lover
Quelques mois plus tard, Gabriel fit une erreur. Il abandonna une jeune mannequin ukrainienne dans un appartement luxueux de la périphérie de Cannes. Il ignorait qu'il appartenait à la famille de celle-ci (un pur hasard). Il était équipé de caméras de surveillance dans toutes les pièces.
Depuis Moscou, les parents de la jeune fille visionnèrent les images de la lente agonie de leur fille, livrée à elle-même, seule, déshydratée, dans la maison familiale. Ils dénoncèrent les agissements de Gabriel. La vidéo fit foi. La police l'arrêta sur son bateau en plein milieu d'un dîner prestigieux avec une personnalité cannoise très en vue. Il fut écroué pour meurtre.
Son parcours cahotique faisait froid dans le dos. Depuis l'adolescence, le coureur de jupons avait cumulé les conquêtes sans lendemain. Sans qu'il fasse parler de lui. Jusqu'à l'été 2007, lorsque l'une d'elles se disputa avec lui. Sous le coup de la colère, il l'avait cognée un peu fort contre un radiateur Empire d'une villa somptueuse. Il découvrit qu'il aimait voir les filles mourir.
Originaire de Moselle, il avait été interné deux ans, avant de trouver un praticien compatissant qui le laissa sortir.
En tout, vingt dossiers de disparitions de jeunes filles furent rouverts. Ces cold cases en souffrance trouveraient peut-être un dénouement rapidement. Notre homme avait laissé des traces sur Internet. Les scénarios pour les appâter ne différaient guère.
Restait à savoir où il faisait disparaître les corps.
Fin août 2010, la mairie de Cannes organisa un remaniement de la capitainerie du port. Au cours de ces travaux, des employés découvrirent des caisses maintenues sous l'eau par des sangles, sous le quai donnant accès aux bateaux. À l'intérieur, vingt corps, visiblement à différents stades de décomposition.
Le plus récent était celui de l'ukrainienne, une beauté slave dont les yeux ouverts témoignaient de son étonnement et de son incompréhension.
Annotations