Chaud froid
Alors que dans l'air d'une cheminée, je blottis ma joue,
Comme sur un coussin doré, j'appelle à mon secours
L'ennui, qui ne vient pas, ni son flegme léger,
Ni son désespoir langoureux ; je ne suis que le reflet
D'un feu tyrannique et besogneux.
Danse perpétuelle et sans joie d'une broyeuse machine,
C'est ce qui habite mon corps et qui entier l'anime.
De mes membres endurcis, jusque dans l'âtre de mon ventre,
Je l'entends casser, réduire en écume et en cendres,
Maints sucres dépecés et moult chairs adipeuses.
Ne lui reste en érotiques et affectueuses cajoleries,
Que la griffe des eaux gelées, lesquelles à l'envi
Me flagellent, que je m'enduise ou que je m'immerge
Au milieu des fers m'étreignant de la vierge
Aqueuse. Mais le goût de la mort sous la peau
Est-il plus fort et plus profond
Que celui de l'amour planté dans un cœur ?
Sous une plaque de cire fondue, la réponse
Est scellée, indésirable et informe à faire peur,
Si bien qu'il faille gratter, ou graver par-dessus la sienne au couteau.
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