Pizza Vivaldi

Une minute de lecture

I.

Les doux mois jumeaux d'août et de juillet

Sont les ampoules d'un grand sablier.

Soixante-deux jours où la vie s'allonge,

Des corps étendus aux ombres qui plongent.

Comme un rêve ambulant, chaque silhouette,

Chaque visage se découpe net

Sous le calme bleu d'un ciel de mystère

Et l'astral flambeau des frères lumière.

II.

Rougeoyant comme un rideau de velours

Qu'ouvrent les derniers merles noirs en chant

Et un ballet d'alouettes des champs

L'automne apporte un panier de fruits lourds.

Ta main et la mienne en attrapent l'anse.

Ce soir, nous irons dîner sous la vigne,

Ivres comme les deux ailes d'un cygne

Qui de son lac à l'agonie s'élance.

III.

Pris dans le vif d'une pâleur obscure,

Quelques boiteux passants, aux bras rigides

Progressent vers le soir et leurs lits vides,

Fuyant un tableau plein de craquelures

De feuilles mortes et de moiteur solide.

La nuit tombe, illumine la peinture

Hivernale d'urbaines garnitures.

De longs manteaux y défilent, placides.

IV.

Soudain, l'atmosphère gelée s'allume.

Bientôt, les bombardements hypnotiques

Des cerisiers de mars tairont ma plume

Lavée de fleurs et d'ondées ; lyre optique.

Et, béat, j'irai sous l'apocalypse,

Entrant au bois des sentiers qui dévient,

Maigre comme un loir au seuil d'une ellipse

Nouvelle, allégé du poids de mes vies.

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