Souffle les nuages
Certaines pratiques taoïstes en ce qui concerne le rapport de l'esprit et du corps se révèlent parfois décrédibilisées dans nos sociétés rationalistes. On retrouve bien quelques enclaves sociales tentant de les faire vivre laborieusement, mais celles-ci semblent élitistes à leurs propres yeux, et dénuées d'intérêt pour les adeptes de la logique.
La méditation que je tente à présent est un exercice de pensée, une expérience limbique, dans laquelle je pense me retrouver.
Il s'agit, une fois assis en tailleur dans un endroit propice au calme et au recentrement sur soi, une fois les yeux fermés, de s'imaginer un ciel. Pas un paysage céleste, non, pas un horizon. Une étendue bleue et lisse, profonde et insondable.
Mais alors que l'âme cherche la quiétude, l'esprit s'obscurcit continuellement. Normal, il est notre outil pour résoudre des problèmes. Par conséquent, devant la pureté de l'âme, viennent voiler quelques nuages de l'esprit. Le ciel ne peut être uni et poli que les premiers instants où je commande un ciel à mon imagerie. Immédiatement après, je vois ces nuages qui empêchent la quiétude de l'âme.
Alors, je souffle. Et les nuages s'écartent et glissent en dehors du champ de vision de mon esprit. Mais c'est sans compter la persistance et la réverbération du trouble perpétuel. De nouvelles formées blanches et grises apparaissent sans que je les invite, et perturbent la sérénité de mon ciel.
Je dois me calmer.
Ne pas souffler tout d'un coup, mais procéder méthodiquement. Je pousse le gros cumulus, et il emporte avec lui d'autres vapeurs qui s'y morfondent. Puis les petits gris, un par un. Pour finir j'enlève le léger brouillard, et voilà, il n'y a plus rien...
Ah si. Je n'avais pas vu le dernier dans le coin. Je m'attarde dessus, je l'enlève précautionneusement, et revient à une vue d'ensemble.
Le ciel est rempli de nuages.
Je dois me calmer.
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