Chapitre 10
J'ouvris le frigo dans l'optique de boire un peu d'eau fraiche et le refermai aussitôt. Je m'étonnai de voir un post-it. Je le décrochai et m'approchai de la fenêtre pour pouvoir le lire. Mon père me demandait de faire la tondeuse cet après-midi. Il devait pleuvoir ce week-end alors il ne pourrait pas le faire à ce moment-là. Je jetai un coup dehors et constatai qu'effectivement, l'herbe était un peu haute. Je soupirai et froissai le mot pour le jeter à la poubelle. Je passai une main dans mes cheveux et renonçai à mon verre d'eau pour partir d'un pas assuré, motivé par la perspective d'avoir une courte journée. J'arrivai pile à l'heure et m'engouffrai dans la salle de classe sans croiser Gabriel. Mon arrivée sembla en étonner quelques-uns. Je ne compris pas pourquoi avant que Gabriel me rejoigne à la sortie.
— Nathanaël !
Je me tournai vers lui avec étonnement.
— Oui ?
— Il s'est passé quelque chose ?
— Pourquoi ?
— Tu souris depuis ce matin...
Je fronçai les sourcils en me rendant compte que c'était bien le cas.
— Eh bien, je ne sais pas trop, je suppose que je suis content qu'on soit mercredi.
— Ça fait bizarre, de te voir avec le sourire. Mais, ma foi, c'est très mignon. Ça te dirais de venir manger avec moi ? Il y a aussi Nicolas, le glacier, mais il est super gentil, ne t'inquiètes pas.
— Non merci.
— J'aurais voulu qu'on passe une après-midi ensemble. Et puis, je veux vraiment te présenter Nicolas.
— J'ai des choses à faire.
Il n'insista pas, et me souhaita une bonne après-midi. Je le lui rendis avec un sourire. Il garda la bouche un peu entrouverte, de légères rougeurs sur les joues. Je le toisai étrangement avant de hausser les épaules. Je me détournai rapidement, en sachant qu'après manger, une lourde tâche m'attendait.
Je me retrouvai rapidement dans le jardin, à constater la présence des excréments de la chienne. Je lui jetai un regard mécontent, auquel elle répondit par un jappement enthousiaste. Je me mis en tête de tout nettoyer avant de sortir la tondeuse.
Heureusement pour moi, le soleil était de sortie et me réchauffait. Bientôt, je dus sortir la tondeuse. Elle était flambant neuve puisque papa en avait fait l'aquisition en arrivant ici, à la campagne. En effet, nous n'avions qu'un appartement en ville et donc, pas d'extérieur à entretenir. J'observai la machine sans vraiment savoir quoi faire et finis par faire une recherche sur internet. Malheureusement pour moi, le réseau était toujours aussi défaillant qu'à notre arrivée et je n'obtins pas de réponse. Je tirai sur le câble qui pendait, sur le côté, en vain. Je me rappelai soudainement du bidon d'essence qui trainait dans le garage. Je le ramenai et cherchai l'ouverture du réservoir sans la trouver. Je pestai un peu et agitai l'appareil pour vérifier s'il n'y avait pas déjà de carburant.
Je pensai inconsciemment à Gabriel qui se serait bien moqué de me voir autant galéré. Cet imbécile aurait sans doute trouvé le moyen de me traiter de citadin.
— Gamin ?
Je relevai la tête pour trouver le voisin accoudé à la cloture. Il était un peu dégarni, son ventre pendait un peu par dessus sa ceinture mais ses yeux brillaient de malice.
— On dirait que tu as besoin d'aide.
— Eh bien, en fait, je n'ai jamais fait ça.
— Laisse moi t'aider.
J'acquiesçai alors qu'il rentrait dans le terrain.
— C'est une belle bête que tu as là ! s'extasia-t-il en se penchant sur l'engin. Tu es de la ville n'est-ce pas ?
J'acquiesçai de nouveau.
— C'est normal que tu ne saches pas te servir de ça, il n'y a pas un brin d'herbe là-bas. Tu l'aurais su, en naissant ici. Moi par exemple, j'aidais mon père à quatre ans, et à sept, je m'en occupais seul. Et ce n'était pas vraiment la même chose, parce qu'avec le champ, je suis passé au tracteur à l'âge de quatorze ans à peine.
J'hochai la tête en me demandant pourquoi il me racontait tout ça mais ne l'interrompu pas pour autant.
— Bon, ce n'est pas bien compliqué de se servir d'une tondeuse, tu vas voir. Attend de l'avoir fait deux ou trois fois et tu seras un véritable expert en la matière !
Il parcouru rapidement l'appareil du regard et dégotta rapidement le réservoir qui se trouvait sur le haut de l'appareil. Il versa l'essence à l'intérieur sans en perdre une goutte et tira plusieurs fois sur le fils, après avoir appuyé sur un petit bouton qui se situait sur la poignée. Il actionna celle-ci dans un geste qui lui semblait familier et le moteur vrombit. Je m'étonnai de sa rapidité à faire fonctionner la machine et l'observai trainer l'appareil jusqu'au bout du terrain, pour me montrer comment faire de belles bandes bien tondues.
Je tirai sur mes manches, un peu géné de l'avoir dérangé à cause de ma stupidité. Cependant, cela ne semblait pas le déranger, loin de là même parce qu'il sifflotait sans se soucier du bruit du moteur. Il s'arrêta une fois la bande fini. Nina me rejoint en regardait la tondeuse avec un air perplexe.
— Elle est bien belle, ta chienne ! lança le bonhomme en la caressant vigoureusement.
Celle-ci se laissa faire, à ma plus grande surprise. Elle sembla même apprécier le traitement un peu brutale du campagnard.
— Bon, tu peux te débrouiller je suppose. Je suis dans le champs d'à côté si tu as besoin.
Je le remerciai doucement et le laissai ébouriffer mes cheveux. Il offra quelques caresses à ma chienne et sortit du jardin. Je dû reprendre la tondeuse en main et reprendre au bout de la bande d'herbe qu'avait entamé le paysan. Je bénissai le ciel qu'il ne fasse pas trop chaud, parce que je suai déjà à grosses gouttes.
Lorsque mon père rentra, aux alentours de dix-sept heure trente, je brossai une Nina pleine d'herbe fraichement coupée. Mon père rit doucement de nous voir ainsi et posa un baiser précautionneux sur mon front suant.
— Ça a été ? Tu n'as pas trouvé ça trop compliqué ?
— En fait, le voisin m'a aidé.
— Celui qui possède le champs de derrière la maison et la petite ferme ?
J'acquiesçai.
— Je le remercierais comme il le faut, un de ces jours, fais y moi penser.
J'opinai tout en nettoyant la brosse de ma chienne.
— Va donc prendre une douche, lança mon paternel, je m'occupe de tout ranger. Tu as bien mis l'herbe en carton, pour le passage des végétaux ?
J'hochai la tête en me redressant et en frottant mon bas pleins de poils. Je remerciai mon père de s'occuper du rangement et fonçai à la douche pour me débarasser de la crasse accumulée dans l'après-midi.
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