Autoportrait

2 minutes de lecture

Dans cette grotte presque grise

Au clair-obscur de ma jeunesse

J'avançais chaînes aux pieds

Rêvant de chevaux et Pampa

D'estaminets mal éclairés

De gueux et de gueuses mal partis

De gloire et d'éphémère

De dièses et de bémols

Sartre dans une main Verne dans l'autre

Et la fronde dans ma tête

Plus de chaînes aux pieds

Plus de chaînes au cœur

Et dans la sérénité d'une âme galante

Poser un regard emmétrope sur l'Univers

O frères linéaires étaient-ils si bruyants ces rêves

Que le canard de la cuvée fût contraint de les faire en silence?

O géniteurs créateurs de contrits

A mon aube déjà je blasphémais l'oracle

Tandis que vous agitiez le diable sous mon nez

Maigre pudeur

Mon enfer n'était pavé que de mauvaises intentions

Et j'en étais fier

Mes Virgiles à moi étaient Lesbos et Onan

Et la nièce du Titien caressait mon prépuce

Quand je n'avais pas le temps d'aller au bois sacré des Amazones

Mes muses à moi n'avaient pas de prénom

Mais des corps aux parfums exotiques

Elles me montraient la voie royale du délit d'initié

O mes sœurs de lait

Que ne vous ai-je vues en chair et en os

Sur mon cheval sacré galopant la Pampa

Cette vaste plaine s'étendant sur des kilomètres carrés de mon infini délimité

Où je courais à perte de vue

Plus de chaînes aux pieds

Plus de chaînes au cœur

Je découvrais un monde à faire pâlir Christophe Colomb dans son œuf

Je découvrais une danse lascive dans la tiédeur des estaminets de bourgade

Là même où mon orgueil ne venait me surprendre

Or la lune en pointillé

La lune de mes nuits sans rêves

Quand mes doigts silencieux reproduisaient sur une guitare laborieuse

Les sons d'une magie éteinte

Mon temps ne s'est pas arrêté à Salins les Bains

Dieu Merci

L'amour araignée m'a tiré des griffes du néant

Des harpons des ténèbres

Adieux Limbes immémoriaux Que je n'aurai jamais foulés

Les couleurs de la vie et le chant de sirènes ont eu raison de vous

Mon temps ne s'arrêterait plus au coin des rues désertes

La diaspora guetterait le moindre de mes mouvements

Et de tes seins déjà matrice concupiscente

Coulait l'élixir de mes mille jeunesses.

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