Promenade
Cathédrales de détresse, paradis cachés; je me promène aujourd'hui de Novembre. Mes pas résonnent comme des gouttes d'eau sur le pavé meurtri. Un affamé me croise et me demande un franc...
« Ou deux, s'il vous plaît... »
A quoi je rêve?
Il était une fois des cathédrales de bonheur qui sonnaient l'heure toutes les minutes, pour le plaisir des sens. J'étais enfant, et les marches à gravir me paraissaient infinies.
« Qu'est-ce que tu regardes pendejo? »
Je regardais le bonheur des grands dans les yeux des jeunes filles, je regardais les ronds dans l'air que faisait la fumée de leurs cigarettes, je regardais mon avenir à travers ma dyslexie.
« Ne vois-tu pas qu'il est temps de grandir?
— Non, je ne vois que le temps de mûrir. »
...Et ce temps de mûrir me paraissait impénétrable.
« A quoi ressemblent tes rêves?
— A des spasmes. »
C'est tout ce que je pouvais dire. Mes nuits ressemblaient à des matins sans soleil.
... Mes pas résonnent comme des gouttes d'eau sur le pavé meurtri.
- Désolé je n'ai pas d'argent sur moi.
Qu'elle me paraît loin la mer. Combien de voiliers a-t-elle engloutis?
« Ah, si monsieur parle de voiliers, c'est qu'il est connaisseur. »
Que sais-je? Connaître, ou ne pas connaître, où est la rime?
« Il n'y a pas plus de rime dans l'exception culturelle que dans un verre à dent.
— Ah, si monsieur, la pense de cette façon, alors il faut s'asseoir autour d'une table, devant un bon pastis, et en discuter longuement. C'est à dire, jusqu'à ce que la bouteille soit vide. »
Cathédrales de détresse, paradis cachés; je me promène, aujourd'hui de Novembre, le long du canal frigorifié. Mes pas résonnent comme des gouttes d'eau sur le pavé meurtri
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