Louna s’avance et crie bien fort

On ne peut pas faire de procès. On sait pas faire. Et puis si on se trompe c’est grave, très grave !

Louana lève la main.

Entre nous, ces enfants sont bien éduqués, ils lèvent la main pour prendre la parole. Je n’en reviens pas. Tant pis je reste où je suis, je suis très bien. J’ai pris de la hauteur, juste ce qu’il faut pour avoir une vue d’ensemble.

Louana s’impatiente, pardon Louana, à toi.

– Je pense qu’on peut quand même discuter pour savoir ce qu’on doit faire. Moi je pense que le papa d’Étienne ne s’est pas bien comporté. Il faut qu’il le sache. C’est fait pour ça, la justice non ?

Je me tais mais j’aurais bien envie d’ajouter qu’un procès répond à des règles de droit et ce n’est pas sûr que tout le monde y trouve son compte dans l’histoire.

Sam prend la parole :

— Moi je viens d’un pays où la justice est bizarre. On met les gens en prison pur un oui ou pour un non, on torture également. On se méfie d’elle. Elle est méchante, imprévisible, ce sont toujours les petits qui sont condamnés. Faut pas juger le père d’Étienne.

La foule des enfants s’agite. Le ton monte , bientôt le groupe se scinde en deux. Les pour et les contre. Le ton monte encore, on crie on se donne des noms d’oiseaux. Pardon les oiseaux, ce n’est qu’une expression. On vous aime. Le ton se fait vacarme, ça va être la bagarre.

— STOP ! STOP !

Lou a saisi mon haut parleur, un beau clavier AZERTY et tape de toute la force de ses doigts.

— STOP, ÉCOUTEZ-MOI !! Et puis toi Jo dis quelque chose, tu lances des mots et après tu t’en occupes plus et ça part en quenouille ! Allez reprend ton clavier !

Quand elle est en colère ses yeux deviennent plus noirs que noirs, son visage se ferme à double tour, elle n’écoute plus rien.

Alors Jo, t’écris ! Je dois intervenir tout de suite !!

Oups !