Sous le balcon

13 minutes de lecture

 On tourne le dos à tout pour une nouvelle aventure soit pour un avenir meilleur, soit parce qu’on n’a pas le choix. Moi je ne pense pas avoir eu le choix. Il arrive parfois que notre esprit nous quitte pour se réfugier dans un endroit où il se sent chez lui. Nous on a plus d’autre choix que de le suivre. Cela faisait un bon bout de temps que mon esprit à moi m’avait quitté. J’avais l’impression de vivre une vie qui n’était pas la mienne. Je sortais le matin avec l’espoir de raviver la flamme d’antan mais je rentrais le soir avec une seule envie, tout lâcher et m’en aller. Mon envie de retrouver une vie qui m’était due m’a conduit dans ce pays, bien loin de ma terre natale. Dès l’instant où j’ai passé les agents de la douane, j’ai senti un espoir nouveau envahir mon cœur comme si tout devenait possible à nouveau. Dès ma sortie de l’aéroport, une chose m’a intrigué. J’avais l’impression que tout le monde fumait ici. Il fallait que je me rende à la gare de train et prendre un ticket pour ma ville d’accueil. Je ne savais pas comment me rendre à la gare. Je savais juste que je devais y aller en bus. J’avais beau lire sur les panneaux et les affiche, j’étais perdu. Autour de moi, les bus allaient et venait avec des destinations affichées à l’avant du bus. Les minutes s’égrainaient et je restais planté là. Peut-être aurais-je du me renseigner, demander ma route à un passant ou à une personne autour de moi mais les gens semblaient pressés. J’avoue que j’étais un peu timide, cela a dû peser dans la balance. Je m’étais beaucoup renseigné et il parait qu’ici les gens vivent une vie assez individualiste. J’ai fini par trouver le bus qui devait me conduire à la gare. J’avais montré mon billet au chauffeur et il m’avait dit « c’est bien ce bus ». Durant le trajet vers la gare, je découvrais la ville avec un certain détachement. J’étais enthousiaste à l’idée de découvrir ce nouveau pays mais avec une petite larme pour ma terre maternelle qui était à des milliers de kilomètre de là.

Je suis arrivé dans ma ville d’accueil et un ami est venu me chercher. Je ne le savais pas aussi grand. Il était haut d’environ deux mètres. Il était petit de forme et avait l’air sympa. Quelque minute de tramway et on était chez lui. Cette ville semblait différente de la capitale. Elle était moins peuplée, cela me plaisait bien. C’était d’ailleurs un des critères qui m’avait poussé à la choisir. Aussi les gens semblaient moins pressés. Mon ami-tuteur semblait bien heureux de me rencontrer. Cela me semblait bizarre. Il m’a accompagné faire l’état des lieux de mon logement et m’a proposé de dormir chez lui cette nuit. Je ne m’y sentais pas à l’aise mais je décidai d’y dormir pour cette nuit. Le lendemain, je demandai à gagner mon logement et il m’y accompagna afin de m’aider à aménager. Il me semblait bien aimable. C’était lui qui m’avait contacté après que j’aie réussi au concours de mon école d’accueil. J’ai retrouvé sur LinkedIn un jeune homme qui avait fait le même concours que moi. Je voulais qu’il m’aide dans ma procédure de visa et de préparation de mon voyage. Il m’a ensuite remis le contacte de mon ami-tuteur vu que celui-ci était dans l’école dans laquelle j’étais accepté. C’est d’ailleurs lui qui m’a contacté. Il avait l’air enthousiaste et me guidait dans les procédures administratives qui étaient associées à la préparation de mon voyage.

Les jours qui ont suivi, grâce à mon ami-tuteur j’ai fait la rencontre de plusieurs autre étudiants compatriotes. Je pense que cela a facilité mon installation et mon intégration dans ce nouvel environnement. Nous organisions des activités régulièrement. J’étais impatient de commencer les cours. Cela me permettrait de me faire des amis d’autres cultures que moi. Mais j’étais un peu sur mes gardes, peut-être parce que j’avais énormément idées arrêtées. Une ainée nous avait expliqué comment les étudiants noirs de sa promo étaient mis à l’écart aussi bien au quotidien que pendant les travaux de groupe par les étudiants de leur classe. Il arrivait même qu’on change leurs parties lorsqu’il avait un travail de groupe sans les tenir informé. Ceux à quoi mon ami avait répondu « ils aiment bien faire ça ». Elle s’enfonçait dans son monologue et moi je m’abandonnais à mes pensées. Je me disais que les gens avaient tendance à toujours vouloir trouver des responsables à leurs erreurs et échecs. L’être humain est ainsi fait. Si personne ne voulait être dans le même groupe que toi c’est peut-être parce que tu ne valais rien dans la matière ou que tu es difficile à travailler avec. Après tout, il nous est tous arrivé de ne pas vouloir travailler avec quelqu’un parce que celui-ci nous retarderait. Je pensai aussi que si on changeait leurs parties dans les travaux collaboratifs c’est peut-être parce qu’elles n’étaient pas bonnes. Cependant l’ainée parlait avec éloquence et sincérité. Elle insista sur le fait qu’il ne fallait pas se laisser marcher sur les pieds et qu’il faillait s’affirmer lorsqu’on tenterait de nous intimider et de nous montrer qu’on ne valait pas grande chose. Elle m’avait l’air très intelligente, ainsi que les autres personnes présentes dans la pièce. J’étais perplexe.

La semaine qui a suivie, c’était le début des cours. J’étais enthousiaste et inquiet. Je dirais plus enthousiaste qu’inquiet. Ma promotion devait participer à une réunion de rentrée avec le directeur. Je suis arrivé assez tôt et j’ai retrouvé des étudiants qui venait du même continent que moi. Nous ne venions pas du même pays mais cela n’avait pas d’importance. Nous avons le même dénominateur commun : la mélanine. Nous nous connaissions avant de nous retrouver ici. On avait tous réussi au même concours et lors de nos conversations avec l’administration de notre école d’accueil, j’ai récupéré leurs mails et je suis rentré en contact avec eux. Nous avons décidé de nous créer un groupe WhatsApp afin de garder le contact et de s’entraider dans les démarches administratives. Le hall de l’école se remplissait au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient. Lorsqu’il fut l’heure de la réunion, nous entrâmes dans l’amphithéâtre. De petit groupe se formait, rien de plus logique. On reçut une petite présentation du personnel de l’école ainsi que du règlement intérieur de la part du directeur. La séance s’est vite terminée et c’était le début de la semaine d’intégration. Le soir même, le bureau des étudiants organisa une soirée pour intégrer les nouveaux étudiants. Je décidai de participer à la soirée. Ce n’était plutôt pas mal. J’étais un peu timide mais cela ne m’a pas empêché de faire quelques rencontres. Certaines plus belles que d’autres mais quelle importance ? j’ai joué au ping-pong, partagé un repas et tapé la causette. Tout le monde respirait la bonne humeur et la joie. Je me suis dit qu’ils savaient s’amuser ici. Je suis rentré chez moi assez tôt. Le lendemain, c’était une tout autre ambiance. Le hall était parsemé de groupe d’étudiants. Lorsque je crossais certaines personnes avec qui j’avais conversé la veille c’était comme si on ne s’était jamais vu. Ils me dépassaient sans me saluer. Souvent je balbutiais un « salut » timide qui restait sans réponse. Cela me semblait curieux. Heureusement j’avais mon groupe d’amis d’étudiant étrangers. Nous formuons aussi notre groupe à l’instar des autres. Je repensai à mes journées dans mon ancienne école. Les gens étaient tous joyeux. Tu pouvais entendre des explosions de rire dans tous les recoins de l’école. Tout le monde semblait se connaitre dans l’école. Les étudiants de la même classe nouaient de fortes relations. C’était comme une famille. Dans ma classe, on organisait régulièrement des activités ensemble. On allait à la plage ensemble, on partageait des repas ensemble. C’était vraiment l’union.

Les semaines suivantes, les choses n’allait pas en s’améliorant. Nous nous sentions un peu exclus du groupe. J’avais décidé de ne saluer plus personne. Du moins les personnes desquelles je n’étais pas assez proche. L’envie des cours me quittait de plus en plus. Mon groupe d’amis et moi habitions à quelques pas de l’école. Mais cela ne nous empêchait pas de rater certains cours. Il faut dire que les professeurs n’y aidaient pas. Je trouvais que chaque professeur avait sa particularité et son petit problème. Et certains enlevaient toute envie d’assister à leurs cours. J’ai fait la comparaison avec mon ancienne école et mon ancienne école me semblait la meilleure. Certes les professeurs n’était pas aussi proche des étudiants que dans ma nouvelle école mais ils me semblaient les meilleurs au niveau pédagogique. Si on confrontait deux étudiants des deux écoles, je pense que celui de mon ancienne école l’emporterait sans soucis. D’ailleurs j’avais l’impression de stagner. Souvent même de régresser. J’avoue qu’au fond, je me demandais bien ce que pensait les étudiants de ma classe sur l’enseignement qu’on percevait. D’ailleurs ceux-ci avaient un drôle que comportement avec mes camarades et moi. Parfois j’avais l’impression qu’ils nous regardaient avec des yeux rabaisseur. Entre ceux qui faisait semblant et ceux pour qui nous n’existions pas, tous me soulaient. Je les trouvais inconsistant. Souvent quand il fallait faire des groupes, jamais ils ne tournaient le regard vers l’un de nous. Avec mes amis, nous formiez nos groupes entre nous. Cela ne semblait pas déranger les professeurs. Je pense même qu’ils s’en foutaient. Ce qui favorisais mon dégout et mon manque de considération pour certains d’en eux. Mais pas tous, certains était fort aimables. D’autres essayaient de l’être mais l’étiquette ne collaient pas avec le personnage. D’ailleurs ne comprenais pas pourquoi ils continuaient à recruter à l’international si l’intégration des étudiants étrangers n’était pas dans leur priorité. Un jour, on avait cours avec une enseignante dont j’avais énormément entendu parler mais pas qu’en bien. Les étudiants étrangers se plaignaient qu’elle ne les aimait pas. Je n’arrivais pas à y croire car elle était toujours souriante. Avant de commencer les cours elle décida de faire l’appelle. Elle appela d’abord tous les étudiants de la classe sauf mes amis et moi. Ensuite elle s’avançait, regardais un de nos visage puis fixait longuement sa fiche d’appel. Puis disait le prénom lorsqu’elle trouvait le visage sur la feuille. Par sa manière d’agir, on aurait dit que nous nous ressemblions tous. Cela ne me dérangeait pas. Certaines personnes avaient souvent du mal avec les visages non familiers. Ce qui m’intrigua c’est qu’à la fin du cours, elle nous a appelé mes amis et moi. Un petit effroi traversa mon corps car je pensai que nous allions nous faire tirer les oreilles car nos papotions pendant tous son cours. Mais il n’en était rien. Elle nous posa des questions bizarres : « Est-ce que vous avez trouvez des logements ? », « est ce que vous avez des savons ? ». Je trouvai ses questions bizarres et assez déplacées. Elle finit par nous demander de nous laver et de se parfumer car elle se réserverait le droit de nous renvoyer chez nous si elle constatait que nous ne sentions pas bon pendant une de ses séances. Nous sommes restés figé un moment lorsqu’elle a pris congé de nous. Ensuite nous nous somme senti, nous nous somme regarder et nous avons explosé de rire. C’étaient des rires d’étonnements. On n’en a beaucoup parlé avec mes amis sur le trajet retour de l’école. On n’en a aussi ri parce qu’on trouvait cela drôle. On me raconta qu’elle avait demandé à un d’entre nous d’aller prendre une douche. Il était alors sorti de la classe pour aller se laver et changer de vêtement. Nous nous sommes moqués de lui lorsqu’il était revenu parce qu’on ne comprenait pas pourquoi il était arrivé au milieu du cours, paniqué, tout mouillé et vêtu des nouveaux vêtements. Une fois à la maison j’ai repensé au discours de la dame et je me suis dit que c’était vraiment déplacé de sa part. même si elle avait remarqué qu’un d’entre nous manquait d’hygiène elle aurait pu faire une petite annonce à toute la classe et dire ce qu’elle nous avait dit. La démarche qu’elle a eu suppose que le manque d’hygiène ne peut venir que d’une communauté. Je me suis dit que cela était dû à un manque et connaissances. Peut-on vraiment lui en vouloir ? Certaines personnes ne se sont jamais éloignées à plus de cent kilomètres de chez eux. Et se nourrissent des croyances et de superstitions et de n’importe quel préjugé. D’autant plus que chez moi, on ne lave au minimum deux fois par jour contrairement à ici où on se demande si on doit se laver le matin ou soir. J’appela mon père et je lui expliquai mais il n'avait pas l’air de voir la gravité de la situation. Il en avait rigolé et il en avait parlé à ma mère qui en avait rigolé. J’ai alors changé de de sujet de discussion.

Dans la classe, le fossé entre le groupe des étudiants étrangers et celui des autochtones s’était élargi. La classe était morcelée en plusieurs groupes dont le groupe de mes amis et moi. Cela ne nous posait particulièrement pas de problème. Nous profitions pour critiquer les autres étudiants, les professeurs et la vie sociale de ce nouvel environnement.

Un jour, une dispute avait éclaté dans la classe. Lors d’une séance, l’un de mon ami avait posé une question en toute fin de séance. Le professeur avait répondu. Mais contre toute attente, bien avant que je professeur ne sorte de la salle, mon ami s’était approché d’un étudiant. Puis j’ai vu qu’il parlait mais faisait de grands gestes. Je ne sais pas ce qu’il disait. Peu à peu sa voix commence à porter dans toute la salle. J'ai alors entendu « tu ne me regarde plus ! Tu ne me regarde plus ! ». Puis l’autre avait répondu, ils ont failli en venir aux avant que nous ne les séparions. Le professeur, à la porte, avait regardé la scène puis était parti sans dire un mot. Mon ami nous expliqua que l’autre l’avait dévisagé lorsqu'elle avait posé sa question. Elle avait passé une sale journée donc elle n’avait pas su se contrôler.

Le lendemain mon ami a été convoqué chez le directeur. L'autre était aller se plaindre. Bien-sûr il avait exagéré les faits. Selon sa version, mon ami l’aurait menacé de mort et qu’il ne se sentait pas en sécurité. À la fin de la réunion avait le directeur, il a été convenu que mon ami serait exclu temporairement des cours en attendant un conseil de discipline qui déterminerait la nature de la sanction. Sur la route de retour nous en avons discuté de la situation. J'ai essayé de réconforter de mon ami. “je suis là. Si on demande quelque pour confirmer ton histoire tu m’appelle. Je viendrai témoigner” lui avais-je dit. Il y avait une campagne de don de sang dans l’une de salle de la bibliothèque. Un ami nous a convaincu de passer donner notre sang. Il nous avait dit « ça tue pas. Et on va sauver des vies ». Je trouvais qu’il n’avait pas tort. J'ai peur des seringues mais comme tout le monde était d’accord avec lui, je suivi alors le groupe. C'est d’ailleurs grâce à ce don que la plupart de nous connaitrions notre groupe sanguin. Il y avait des A, des AB et des B. seul mon ami “l’agresseur” comme nous avions pris l’habitude de l’appeler pour le charrier, était O négatif.

Le jour du conseil de discipline approchait l’atmosphères de la classe était invivable. Des groupes s’était regroupés pour clairement former deux groupes. Celui des agresseurs et celui des agressés. Il circulait dans l’école que le renvoie de mon ami était la seule issue de cette histoire. De toute façon “l’agresseur” n’était pas aimé particulièrement par le directeur. Ils avaient eu plusieurs confortements. “l’agresseur” accusait plusieurs enseignants notamment le directeur de ne pas apprécier les gens de sa communauté. Je trouvais qu’il exigerait un peu souvent. Il accusait certains professeurs à tort car je les trouvais bienveillants et professionnels.

Le jour du conseil de discipline, “l’agresseur” s’est présenté à l’école une heure avant. Je l’avais aperçu passer alors que nous étions en cours. A la fin de la séance nous sommes allés le voir et le réconforter en attendant sa réunion avec les instances dirigeantes de l’école. Tout à coup, on aperçut les membres de l’administration qui défilait d’un bureau à l’autre. Ils fessaient une drôle de tête. Je senti que l’ambiance de l’école était morose. C’étaient ensuite les étudiants qui formaient des groupes et murmuraient entre eux.

À l’autre bout du hall, passait un enseignant avec un air un peu triste ou inquiet. Je me précipitai vers lui pour lui demander ce qui se passait. Il m’a répondu « Tout va bien, ne vous inquiétez pas » puis avait continué sa route. L’expression de son visage n’était pas en accord avec ce qu’il m’avait dit. De loin j’aperçois “l’agresseur” au téléphone. Il avait l’air totalement absent. Je décidai de retourner auprès de mes camarades. Nous étions là, le regard tourné vers lui, inquisiteur. Lorsqu'il raccrocha, un sourire narquois se dessina sur son visage. Après un court moment de silence, il nous expliqua que le directeur avait eu un malaise alors qu’il s’apprêtait à venir à l’école. Il avait alors été évacué à l’hôpital de la ville. « Et comment il va ? » lui demandai-je. Il fixa droit dans les yeux et me dit « Apparemment, il aurait besoin d’une transfusion sanguine le plus vite possible. Il est de groupe sanguin O et l’hôpital est en rupture de stock de sang O. je suis leur dernier recourt et ils m’ont demandé si je voulais donner mon sang. ».

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Morningstar ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0