Déjà, pour Anna de Noailles
Déjà s est enfui le fort doux mois de septembre :
Déjà se sont réunies les deux molles chambres ;
Déjà s allonge l attente du froid matin,
Déjà le tendre automne s invite au jardin.
Déjà tes folies amoureuses se sont tues !
Déjà tu embrasses fort dénudées statues.
Déjà dès le premier doux sourire tu crois
Que l amour imaginaire vaincra le froid.
Déjà tu t imposes batailles rudes folles ;
Déjà loin bien trop loin tes honteux désirs s’envolent,
Déjà tu as perdu ton sinueux chemin
Déjà tu ne vis que pour un soupir demain.
Déjà tu comptes chaque heure chaque minute
Déjà tu la vois belle jouant de la flûte,
Déjà tu hais cet endroit trop silencieux,
Déjà tu t envoles libre vers de faux cieux
Déjà tout ce que à la folie tu aimais flambe
Déjà tu as mille et deux fourmis dans les jambes,
Déjà tu crois pouvoir ta vie transfigurer
Et pourtant perdu docile tu vas entrer.
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