Chapitre 1 - La solitude
Comme à chacune de mes fins de journée de travail, je prends le bus et m'assois à une place proche du chauffeur pour être sûre de ne pas avoir de problèmes. Le trajet dure environ vingt minutes, selon si le conducteur doit s'arrêter pour crier sur les jeunes dans le fond qui font les cons. Le temps que je descende et que j'arrive chez moi, le ciel est déjà noir et les lampadaires sont allumés.
Le vent froid me gifle le visage que je ne sens même plus. Il me fait verser quelques larmes, à moins que ce ne soit autre chose. À force, je ne sais même plus. J'avance les mains dans les poches et la tête baissée, jusqu'à ce que j'arrive dans mon appartement.
Je referme la porte derrière moi et allume la lumière pour accrocher ma veste. Comme d'habitude, le silence est tellement angoissant que je me dirige dans le salon pour allumer la télévision. Je retire mes chaussures et m'assois sur le canapé en choisissant une chaîne stupide à regarder pour me vider la tête.
À cette heure-ci, mon copain doit déjà dormir et je me retrouve toute seule, comme chaque soir. J'aimerais tellement que ça change, même si je doute que ça arrive un jour.
Je soulève mes manches et je regarde toutes les cicatrices sur mes bras qui datent du collège. J'ai l'impression que je vais vivre ça toute ma vie. La solitude, les moments de bonheurs éphémères, la douleur, la souffrance, être incomprise...
J'aimerais tellement rencontrer de bonnes personnes, parfois, ne serait-ce pour voir ce que ça fait. Je ne sais pas, je dois sûrement avoir un aimant sur moi qui n'attire que les gens malveillants.
Encore une fois, les larmes coulent sur mes joues, mais je fais toujours en sorte de pleurer en silence. Je n'ai pas envie que mon copain m'entende et de lui expliquer pendant dix minutes ce qui ne va pas, pour au final ne rien comprendre et me dire que je dramatise ou que j'exagère.
Après m'être un peu calmée et enfouit ma tristesse au fond de moi, je rejoins mon copain qui ronfle dans le lit à en faire trembler les murs. Je me couche en mettant la couette sur moi et je m'imagine un scénario dans lequel je suis importante.
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