Chapitre 6 - L'abandon
Ce n'était pas mieux dans la famille. Si je me sentais plutôt bien avec mes soeurs, mon frère et mes parents, ce n'était pas le cas avec la famille de ma tante. Chaque fois qu'on allait leur rendre visite, je savais que je n'allais pas passer une superbe journée. J'aurais préféré rester à la maison pour jouer à la console et me vider l'esprit.
Le mari de ma tante était le pire. Il se moquait toujours de moi. Je me souviens d'une journée en particulier. Quelques jours avant qu'on vienne le voir, j'avais été chez l'ophtalmo avec ma mère et je devais maintenant mettre des lunettes. Je n'étais pas vraiment heureuse à l'idée d'en porter. Je savais qu'on allait se moquer de moi et j'avais tout tenté pour dissuader ma mère de me les prendre. Malheureusement, elle n'était pas d'accord et m'obligeait à les porter.
Cependant, j'avais trouvé une combine pour ne pas les porter à l'école. Devant ma mère, je les portais, mais dès que je partais à l'école, je les retirais en les cachant dans ma poche. Quand je rentrais chez moi, je les remettais en prétendant les avoir portées toute la journée. Je les détestais et ne les supportais pas. Pour moi, c'était une raison de plus pour que quelqu'un se moque de moi.
Évidemment, je n'avais pas d'autre choix que de les porter lorsque je me retrouvais en famille. Mon instinct me hurlait de ne pas aller les voir, mais je n'avais pas le choix. J'angoissais déjà à l'idée d'être devant tout le monde avec ces lunettes sur mon nez.
Je descendais de la voiture de mon père et suivais ma famille jusqu'à la porte de leur maison. En apercevant ma tante, j'essayais de cacher mon visage, même si je savais qu'elle m'avait vu. Je poursuivais ma route dans leur salle à manger où se trouvaient son mari et mes cousins. Le moment que je redoutais arriva. Il posait ses yeux sur moi et se mettait à sourire en m'appelant la binocle. Le moment où il s'était mis à rigoler, je n'avais pas pu retenir mes larmes et je m'étais précipitée en bas de ses escaliers pour lâcher tout ce que j'avais sur le coeur.
Je n'en pouvais plus, j'en avais marre de vivre tout ça. Je n'avais rien fait pour mériter ça.
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