Chapitre 15 - La dégringolade
Je suis dans mon lit et je n'ai plus envie de bouger. Je me sens perdue, fatiguée, épuisée... Je ne veux plus sortir de chez moi, je n'y arrive plus, je n'en ai plus la force. J'ai pourtant tout essayé pour tenir.
J'ai mon téléphone dans la main et je reçois des messages d'excuses de mes soeurs. Je n'ai pas la force et l'envie de leur répondre. J'ai l'impression d'être coincée au fond d'un puits très sombre. Je veux que ça s'arrête, je veux abandonner...
Un soir, alors que je pensais que tout s'arrangeait, je venais de recevoir un message de la belle-soeur d'une de mes soeurs. Elle m'expliquait qu'elle ne lui adressait plus la parole parce que ma soeur parlait toujours à son ex, alors elle m'a envoyé des photos pour se venger. Plusieurs photos-montages avec la tête de mon copain dessus. Elle se trouvait sur des photos de sumos, de personnes obèses et même sur un tas de bouse...
Mes soeurs, mes beaux-frères et la belle-soeur se moquaient du poids de mon copain alors qu'il ne leur avait rien fait. Je n'y croyais pas. J'étais persuadée que ce n'était pas vrai. Je partais loin en me disant que c'était sa belle-soeur qui avait créé des faux comptes, puis cette fausse conversation...
Dans ma tête, c'était impossible qu'elles me fassent ça parce que je leur faisais confiance et les respectais. Mais visiblement, ce n'était pas réciproque... Je venais de tomber de très haut en m'assommant à l'atterrissage.
J'avais encore cette impression d'être toute seule et de perdre tout le monde. J'ai pleuré, encore. Mais ce moment semblait différent de tous les autres. Cette fois-ci, mon coeur se brisait avec violence et je pouvais le sentir se déchirer en moi, se faire déchiqueter par la douleur.
À nouveau, je ne comprenais pas. Durant toute ma vie et peu importe la situation, je faisais toujours en sorte d'être et de rester neutre dans les histoires de famille. J'essayais même de défendre les autres parce que je comprenais le point de vue de chacun. J'aurais été capable de tout faire pour eux, même mourir pour eux, mais ce n'était pas le cas de leur côté.
Je m'étais toujours sentie seule dans ma vie et je faisais en sorte de toujours m'accrocher à ces personnes en qui j'avais confiance, ces personnes qui me faisaient rire, avec qui je passais mes plus belles journées. La conversation datait de cinq mois. Et pendant ces cinq mois, j'avais des couteaux plantés dans le dos sans en sentir la douleur.
J'avais tout fait pour les voir aussi souvent que possible. Et eux me souriaient alors qu'ils savaient qu'ils venaient de me trahir. Je n'aurais jamais pensé qu'ils en étaient capables.
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