« Un jour viendra, je partirai, je partirai sans aucun regret.
Vivre sur terre, loin de la mer
Partir là-bas. »

« Satine ? Satine ! »

Elle se réveille enfin. Soulagée, je l’enlace de toutes mes forces.

« Je croyais t’avoir perdue à jamais ! » m’exclamé-je en lui laissant le temps de se ressaisir.

Le choc sera rude, je le sais pour l’avoir vécu moi-même. D’abord, son regard s'égare là-haut, où l’on peut deviner faiblement le soleil. Il erre un moment sur les contours de cette plage où nous nous sommes trouvées. S’étonne de voir l’Esperanza noyé sous les flots, métamorphosé par les ingénieurs de mon peuple. D’un calme insoupçonné, la jeune femme finit par détailler les écailles sur son corps. Un don de mon père avant d’être capturé à ma place par la sorcière… Le temps de lui expliquer la situation, je constate son masque d’impassibilité se fissurer. Atlantica tombée, le monde du dessus a sombré sous un nouveau Déluge qui l’a englouti. Le Prince disparu, il ne reste plus que nous pour nous opposer à Ursula.

« Pourquoi m’avoir choisie ? »

C’est parce que j’ai trouvé la réponse que je cherchais au fond de ses yeux mordorés. Que j’ai découvert un fragment de moi-même, un pâle reflet que je souhaite ranimer. Nous partageons un rêve d’évasion.

« J’ai fait mon choix. Je ne veux pas t’abandonner, partir là-bas toute seule sans toi. »

« Elle a gagné. »

Rétorque-t-elle amère, en déployant ses nageoires, partagée entre sa fascination, ses doutes et ses peurs. Les rôles s’inversent.

« Sa victoire sera de courte durée. »

Je lui montre mes sœurs, Adella, Alana, Andrina, Aquata, Arista et Attina qui s’activent sur le pont du navire. Nous sommes prêtes.

« Quels sont les ordres capitaine O’Bannon ? »

Un léger sourire mutin s’esquisse, j’entrevois sa flamme se raviver.

« Nous allons partir là-bas. »

Elle nous montre un cap. L’Esperanza ressuscité, sa figure de proue se dresse vaillamment. La petite sirène sera notre symbole de liberté.

FIN