Partie 3 : Retour
Ils racontèrent en détail ce qu’il s’était déroulé depuis leur dernier contact avec Titania. Les fées, le village de Kabir, les éclaireurs, la bataille contre des Atlants, la rencontre avec Amnar sans oublier le Mystique.
- Où est-il ? questionna Titania à propos de ce dernier.
- Nous ne savons pas. Nous ne l’avons pas combattu ou même croisé, répondit Lune. Je n’ai perçu aucune aura susceptible de présager sa présence dans le village, mais mes capacités sont diminuées. Pourtant l’envergure du désastre qui s’est déroulé ici ne peut être que l'œuvre d’un de ces démons. Il a dû reprendre son errance hasardeuse.
- Je vois.
Titania regarda autour d’elle puis jaugea à nouveau l’aspect des jumeaux. Elle imaginait ce qu'ils avaient traversé, leurs actes, leurs ressentis. Elle s’attarda sur son ancien disciple qui s’était assis sur un bloc de pierre.
- Comment vas-tu Mars ? Tu es peu bavard.
- Il n’y a rien à dire de plus Mao, s'agaça-t-il. Les faits sont là. Et notre échec est total.
Lune n’avait pas mentionné l’instabilité spirituelle de son frère ni son épisode de démence. Pourtant Titania percevait bien le trouble qui le traversait. Son irritabilité n’était pas nouvelle, mais il y avait autre chose. La vision de la disparition d’Orn avait ébranlé sa carapace.
Titania s’approcha de lui et s'arrêta à ses côtés. Il connaissait la sentence. Avec le bord libre de son poing serré, elle vint frapper sans force sa tête impertinente. D’ordinaire ses coups étaient plus appuyés. Ses doigts s’écartèrent telle une pieuvre et elle laissa traîner sa main sur son crâne.
- Vous êtes partis sans prévenir. Vous auriez pu rejoindre les astres dans cet affrontement.
- Nous voulions trouver des réponses.
- Vous êtes plus précieux que vous ne le pensez et votre fugue a été mal reçue.
Titania s’était fait beaucoup d’inquiétude pour eux. Les jumeaux culpabilisaient de l’avoir abandonnée, mais ils savaient que leur quête n’aurait pas été au goût de la majorité, Titania y compris.
- Vous n'êtes pas aussi bredouille et vous l’imaginez. Pour la première fois depuis d’innombrables lunes, vous avez pu établir un contact avec les Atlants ce que nul autre n’avait fait jusqu’à aujourd'hui. Il est temps de rentrer au sanctuaire et de parler de vos exploits avec les anciens.
Mars acquiesça.
- Ne traînons pas. Je ne supporterai pas de rester un instant de plus ici.
- Le retour parmi les nôtres réchauffera nos âmes endeuillées, ajouta Lune.
Ainsi s'élança côte-à-côte le trio des enfants d’Orion. Un long parcours s’annonçait en direction du nord-est, qui serait leur point cardinal pour l’essentiel de leur voyage. Ensuite ils bifurqueraient droit à l’est vers les montagnes-ciels, pour atteindre ce qu’ils dénommaient le sanctuaire. Ils auraient le temps de détailler leur périple. Mais avant ça un dernier contact avec les humains était prédestiné.
- Mars, un homme nous fixe sur la droite. Il semble expectatif à notre égard.
Le jumeau se tourna vers l’homme. Il le reconnut sans difficulté. Il aurait préféré avoir une nouvelle entrevue avec lui bien plus tôt. Son aigreur était gorgée d’hostilité et il était peu porté à la discussion, mais il alla à sa rencontre.
Il contourna les débris et s’approcha sans entrain vers le vieux James Laroy, le professeur des temps spirituels. Malgré sa cécité, l’homme sentit la présence de son interlocuteur. Il semblait soucieux.
- Vous trouverez des réponses à vos questions auprès des Gronds.
Mars le dévisagea. Il n’avait pas changé d’un poil, ni dans son comportement aussi direct que désarmant ni dans son apparence fatiguée, à la différence qu’il apparaissait tracassé.
- Où étiez-vous ?
- Je n’ai malheureusement pas pu vous recontacter, et ce malgré moi si vous voyez ce que je veux dire.
- Ella Swann ?
Il opina.
- Depuis quand nous surveille-t-elle ?
- Je ne sais dire. Mais des bruits courraient dans le village à propos de la présence d’enfant des confins. Vous n’êtes pas passé inaperçu.
Les quelques événements qu’ils avaient vécus dans la cité de Kabir remontèrent dans l’esprit de Mars.
- Et que me baragouinez-vous ?
- Le temps me manque, je prends des risques en venant à votre rencontre, mais les Gronds pourraient éclairer vos esprits.
- Nous ne connaissons aucune créature de la sorte.
- Avec regret, je ne sais vous en dire plus, mais si vous faites confiance au professeur que je suis et que j’ai été, trouvez les Gronds et vous trouverez des réponses. Vous aviez raison. Adieu mon ami, prenez-soin de vous.
Et James Laroy s’en alla avec précipitation. Il ne se retourna point, tandis que le fils de Neptune le regarda s’éloigner avec difficulté au milieu des vestiges de la cité de Kabir.
°° Mao signifie comète éclatante. Chez les Oraï, c’est une dénomination familière mais respectueuse pour qui s’adresse à un aîné. De la même manière que le terme Niya, ou Niyaï au pluriel, qui s’utilisent volontiers pour les plus jeunes que soi et qui connotent une certaine affection.°°
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