Galope
de Amir Acazar
Plus vite. Pas assez vite. La fuite était une solution. Inadéquate. La fuite à condition d’être une experte. Pour réussir à s’échapper, il faut réflexe et vitesse, habileté à se cacher et rage, rage de vivre au moins, un truc qui émerge dans l’urgence, une surprise aussi, elle courait si vite, où sont nos dons cachés ? L’horreur comme révélateur. Géraza galopait avec le cerveau à trois-cents-soixante degrés, ce buisson-là ? Non ! Plus vite, plus loin, moins droit. Courir dans les bois, de nuit, à poil, sous la pluie. Le vent aussi. Les orties. La trouille n’a jamais protégé, le croire était une superstition. Il restait la chance. Mais la chance est une salope. Diable, qui faut-il invoquer pour incliner le destin ? Pour qu’il s’habille de clémence ? S’arrêter, s’agenouiller, se mettre à psalmodier ? Sauve-moi ô Mère, ô Terre, ô Souffle. Rien. La trouille est un moteur diesel, longue durée, elle accélérait encore. Aucun hurlement de chien, aucun galop de cheval derrière elle, aucun vrombissement de moto, pourtant il était là, tout près, tout prêt, et s’amusait de sa terreur.
Géraza sentait sa présence, effroyable, évidente, non elle ne jouerait pas, jamais. Elle s’assit, sortit le poignard de Joachim, dernier souvenir, compta un, deux, trois et l’enfonça un peu à droite sous le sein gauche.
Il arrivait, déjà, elle lui cracha du sang sur le visage et sourit.
Il frappa un coup de pied rageur contre son cadavre chaud.
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