Chapitre 64 - Nouvelles complications

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 Le jeune homme para le coup qu’elle lui assenait. Claire lui faucha les jambes et ils roulèrent tous les deux à terre. Il tendit le bras, essayant d’atteindre son unité com, tombée à quelques mètres.

 Elle devait à tout prix l’empêcher de la récupérer pour donner l’alerte ! Alors qu’il parvenait à se relever, elle l’attrapa par le cou et lui flanqua un coup de genou à l’entrejambe.

 Il se tordit en deux, ahanant de douleur. Pourtant il réussit à se redresser de nouveau et à la saisir par la taille. Il la poussa violemment contre le mur, lui coupant la respiration et se précipita vers son communicateur. Sans réfléchir consciemment, d’une pichenette mentale elle envoya valser le petit appareil hors d’atteinte. Il ricocha et tomba dans une des grilles d’aération au moment où le jeune homme allait le saisir.

 Elle se sentit instantanément mieux : le poeïr semblait revenir !

 Son adversaire resta un bref moment immobile, comme stupéfait que l’unité com ait bougé toute seule. Elle attrapa une barre de métal qui trainait près du sas et se rua sur lui, mais il l'entendit venir car il roula-boula hors de la trajectoire, évitant un coup qui l’aurait proprement assommé. Furieuse, elle abattit à nouveau son arme, mais il recula d'un bond. Il fallait faire vite, le bruit n’allait pas tarder à attirer quelqu’un.

— Attendez ! cria-t-il, veillant à placer la table du carré entre eux. Je crois que nous devrions discuter calmement !

 Elle bondit par-dessus la table et, encore une fois, il l’évita de justesse.

 Discuter ! Non mais, et puis quoi encore ? Il me prend pour une idiote ?

 Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ils étaient toujours seuls. Il voulut profiter de ce bref moment pour sauter sur son arme. Comme si elle avait besoin de le voir pour savoir ce qu’il allait faire ! Presque dédaigneusement, elle riposta, et eut la satisfaction cette fois de toucher sa cible. Elle entendit un ouch ! étouffé et, le regardant à nouveau, elle vit qu’il se tenait l’épaule avec un rictus de souffrance.

 Elle sourit et, vive comme l’éclair, lui assena un nouveau coup dans le ventre. Il tituba en arrière, avant de trébucher sur une caisse et de tomber à la renverse. Elle leva sa barre, prête à l'assommer, et croisa alors son regard affolé.

 L’excitation qui l’avait animée retomba brusquement, et sa main trembla. Ce n'était pas un entraînement ! Elle risquait de le tuer...

 Elle savait ce qu’en auraient dit le Lieutenant Saulnier, ou le Seigé. Mais une idée germa dans sa tête : cet importun allait pouvoir lui servir d’une bien meilleure façon !

 Avant qu’il n’ait pu remarquer son hésitation, elle se baissa à sa hauteur, et lui enfonça son bâton dans l’estomac. Il grimaça.

— Il n’y aura pas de discussion, intima-t-elle de sa voix la plus dure. Si tu tiens à la vie, tu vas faire tout ce que je te dis. Et vite !

— Et si je n’y tiens pas ? réussit-il à coasser crânement, malgré la douleur qu’il éprouvait.

Elle haussa les épaules, feignant l’indifférence.

— Tu ne m’es pas indispensable…

 C’était du bluff, mais il n’avait pas besoin de le savoir. Elle avait prévu de voler l’appareil, mais sans imaginer exactement de quelle façon elle allait passer le barrage des contrôleurs et du bouclier. Avec un otage, elle aurait plus de chances de franchir le passage.

 Dans la théorie, il était possible de forcer un bouclier rétenteur d'atmosphère sans vrais dommages pour le vaisseau. En pratique, c’était autre chose, surtout si ledit vaisseau n’était pas de la première jeunesse.

 Il la fixa d’un œil scrutateur, et elle eut la bizarre impression qu’il savait sur elle beaucoup plus de choses qu’il n’en avait l’air. Un bref instant, inexplicablement, elle pensa au Seigé. Mais c’était absurde !

 Lentement, sans faire de geste brusque, il leva les mains.

— OK… Calmez-vous, c’est bon. J’ai compris.

 Le menaçant toujours de son bâton, elle lui fit signe de se relever. Si seulement elle avait eu ne serait-ce qu’un couteau, elle se serait sentie plus à l’aise !

— Ferme-la ! intima-t-elle.

 Elle vit venir le moment où il allait bondir pour lui arracher sa barre, et elle esquiva, lui flanquant un bon coup sur la main.

— Pas de ça ! La prochaine fois, prévint-elle, je te la casse.

 Soudain, mais trop tard, elle entendit des pas dans le sas, et une voix énervée retentit.

— Eh, Marc, qu’est-ce que tu f…

 Les mots restèrent dans la gorge de l’intrus alors qu’il embrassait la scène du regard.

— Ben merde, jura Giles. (Il tourna la tête en dégainant son pistolaser) Kuria ! Appelez la Sécurité, et vite !

 Le premier jeune homme voulut profiter de l’occasion pour lui bondir dessus. Elle se retourna et, d’un coup de barre, lui envoya un direct à la mâchoire qui l’étendit au tapis pour le compte. Il s’écroula sans un mot, heurtant la table avant de finir à terre, inconscient.

 Elle fit résolument face au pilote, bien qu’elle eût conscience que la situation était soudain devenue désespérée.

 Son pistolaser. Il fallait qu’elle arrive à le désarmer. Vite, avant qu’il n’ait le temps de réagir, elle s’élança sur lui. D’un coup de pied elle lui fit voler l’arme des mains, réussissant à utiliser le poeïr pour l’immobiliser un bref instant et l’empêcher de parer son attaque. Le pistolaser rebondit sur la coupée et tomba dans le hangar, hors d’atteinte, et elle lança la barre vers la tête du contrebandier.

 Mais Giles roula avec souplesse hors de la trajectoire du lourd bâton. Quand il se releva, le sourire aux lèvres, il tenait également une barre d’acier, semblable à la sienne.

 Claire avait souvent vu ce sourire chez le Lieutenant Saulnier. Un sourire dangereux, le sourire de quelqu’un qui savait se battre, et aimait ça. Le pilote regarda brièvement l’autre jeune homme, toujours à terre, et ses mâchoires se crispèrent.

— Tu as intérêt à ne pas l’avoir abîmé... siffla-t-il.

 Pour toute réponse, elle fit tournoyer son arme et avança résolument, se préparant, étonnamment calme, à lui faire subir le même sort.

— C’est à ça que tu veux jouer ? approuva-t-il, un sourire sinistre aux lèvres. Je suis pas contrariant…

 Et il attaqua. Elle para, sans effort, et, au bout de quelques échanges, réalisa que cela pourrait durer encore longtemps. Il était fort, agile, et manifestement entraîné à toutes sortes de combats. Avec ses pouvoirs encore tronqués, elle n’était pas sûre d’avoir l’avantage. Et c’était ce qu’il voulait, bien sûr : gagner du temps.

 Quand il l’avait surprise à observer l’équipage de l’Œil du Cyclone décharger les caisses à destination des Libertans, elle s’était très mollement défendue, pour ne pas rompre sa couverture.

 Désormais le masque était tombé, et elle se battait avec l’énergie du désespoir. Elle savait que si elle était reprise, elle n’aurait plus jamais l’occasion de s’enfuir. Cette fois, les Libertans se méfieraient !

 Le rigoureux entraînement du Lieutenant Saulnier portait cependant ses fruits. Coup après coup, elle parvenait à faire reculer le pilote. Si elle arrivait à le coincer contre le mur… Mais au moment où elle reprenait espoir, une troisième personne apparut dans le sas. La jeune fille aux cheveux blancs… avec le pistolaser du contrebandier.

— Stop ou je tire !

 Elle fixa alors Claire, et ses yeux s’agrandirent. Comme si, elle aussi, elle la reconnaissait.

Sérieux, mon portrait est passé dans toute la base ou quoi ?

 Mais dans ce cas, pourquoi n’avait-elle pas été reconnue plus tôt, par Bron’Di Yantès et tous les autres ?

 Exploitant le bref instant d’indécision de la fille, Claire, d’un mouvement brusque de son bâton, lui fit sauter le pistolaser des mains, qui vola dans le carré avant de retomber hors d’atteinte. Ce faisant, elle négligea son autre adversaire un quart de seconde. Giles en profita pour lui asséner un violent coup dans le dos, tout en lançant à la fille :

— Pas très original, comme déclaration !

 Claire trébucha. Elle réussit à se retourner pour parer le coup suivant, puis celui d’après, et se redressa, parant un nouveau coup. Giles semblait enragé. La fille restait sur le seuil, impuissante, et désarmée : les deux combattants se tournaient autour en une danse féroce, l’empêchant de récupérer son arme, de l’autre côté du carré. La nouvelle arrivante saisit son communicateur.

— Ici Dadellei. J’ai un visuel sur la situation. C’est la jeune fille de l’Œil du Cyclone qui essaie de s’échapper ! Envoyez des renforts, et vite !

 Giles tenta de faucher les jambes de Claire, qui sauta, l’évitant de justesse. Il ne lui restait que quelques secondes, minutes tout au plus, avant que la Sécurité ne débarque et ne réduise à néant toutes ses chances d’évasion ! Désespérée, elle lança le poeïr, mettant toutes ses forces dans la bataille.

 Elle sentit le pouvoir répondre, faiblement, alors que les outils sur l’établi le plus proche se mettaient à trembler. Évitant un nouveau coup de la barre de Giles, elle comprima son esprit, puis relâcha brusquement le poeïr ainsi accumulé. Une volée d’instruments divers, marteaux, tournevis, condensateurs et autres outils non identifiés jaillit soudain en direction du pilote qui tourna la tête, interloqué. Ses réflexes le firent s’aplatir à terre, évitant la plupart des projectiles, mais il ne fut pas assez rapide pour esquiver un petit maillet qui le frappa à la tempe. Il s’effondra, et durant ce bref instant, Claire se remit à espérer. C’est alors qu’elle saisit un infime mouvement à la limite de son champ de vision...

 Et soudain, ce fut le noir absolu.

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