Ji Sub

— Et toi ? Tu attendais que je te contacte ou que je revienne ? me demande-t-elle après avoir laissé une pause pour que je lui réponde. Je dois bien admettre que son intention, si intelligente soit-elle, retombe comme un soufflé trop cuit. La discussion, c’est pas mon fort ! Mina le sait. Affichant une moue résignée, elle semble aller à la pêche aux infos :

— Alors ? Tu m’ignorais car tu espérais te débarrasser de moi, ou bien tu souhaitais que je fasse le premier pas après notre… dispute ?

— Oui…peut-être…J’en sais rien.

— Tu as dit que ton amitié ainsi que celle de Sisi étaient sincères, c’est bien cela ?

— Je ne peux pas parler au nom de Sisi mais je crois que, en ce qui la concerne, elle a toujours eu une profonde estime pour toi. Et me concernant moi, la réponse est la même.

— Complètement la même ? Vraiment ? N’y-a-t-il aucune différence ?

 Ses joues ont commencé à s’empourprer dès qu’elle a prononcé le début de sa question. La perfection du tableau qui se dessine devant moi renforce mon mutisme. Je plains sérieusement mon interlocutrice. Je m’imagine, comme si je me voyais depuis l’extérieur, et l’expression béate que j’aperçois sur mon visage me gêne profondément. Je déglutis difficilement et me râcle la gorge pour essayer de la rendre moins sèche. Tous les jours, depuis que j’ai arrêté de boire, pour chaque gorgée d’alcool que je désire engloutir plus que tout, je me rabats sur de l’eau. Je dois fournir un effort surhumain pour ne pas alpaguer Adrien, un serveur français, qui vient de passer à côté de nous, et ouvre ma gourde.

 Étonnamment, l’eau fraîche me fait un bien fou. Elle me réveille et me désaltère. Mes idées s’éclaircissent. Ce sentiment est loin de m’être familier. L’alcool a plutôt tendance à embrumer le cerveau, non à le purger : ce n’est pas pour rien qu’il est souvent préféré à des boissons plus softs voire à celle la plus élémentaire, qui deviendra bientôt une denrée de luxe. Si ce n’est déjà le cas. Pour l’heure, je dois regarder ce que je ressens en face. Je joins l’idée à la pratique en fixant Mina. Cette fois, je ne me déroberai pas :

— Non. C’est probablement ça qui m’a rendu maladroit. Je…Bon sang de bois, c’est compliqué !

— « Bon sang de bois » ? elle se contient pour ne pas rire, mais son corps est secoué de légers soubresauts.

— Ouais, apparemment je traîne trop avec un vieillard de quatre-vingts ans…

— Tu parles de M. Martins ? Je ne l’ai pas souvent croisé, mais il a l’air adorable !

— Oui, il l’est.

— Il se porte bien ?

— Compte tenu de son âge, oui. Mais je l’ai fait un peu tourner en bourrique ces derniers temps…

 S’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est que Mina se tient toujours droite. Sauf lorsqu’elle émet une opinion. Son manque de confiance en elle peut parfois la desservir. Mais sinon, sa posture transpire à la fois l’élégance et la bienveillance. En tant que lady et policière, je suppose qu’elle a été éduquée dans ce sens. Mais, maintenant, bien que son dos soit toujours impeccablement gainé, elle se penche légèrement en avant. Ce simple geste discret m’emplit de chaleur. Je la sens à mon écoute. Je réalise que le simple fait de converser avec elle m’avait énormément manqué.

— Veux-tu m’en dire davantage ?

— Il y a quelque chose que tu ne sais pas mais…

— Tu as arrêté de boire ! me coupe-t-elle, mais je ne lui en tiens pas du tout rigueur.

— Comment t’as deviné ?

— Parce que je ne t’ai jamais vu ne rien commander au Rokumeikan. Je ne t’avais non plus jamais vu avec une gourde, ni boire autre chose qui ne soit pas dans une cannette ou un verre.

— Décidément, quelle perspicacité !

— La chose t’étonne ?

— Non, bien sûr que non. Mais ça m’avait manqué.

— De quoi parles-tu ?

— De ta vivacité d’esprit. De ton élégance… Tout m'avait manqué, en fait.

 Malgré les lumières multicolores, qui faussent certainement ma perception des couleurs, j’ai l’impression de voir ses joues, d’habitude si blanches, se teindre à nouveau. Elle détourne la tête, certainement pour que je ne m’en rende pas compte, mais son profil rosé suffit à me faire une idée de son embarras. Sa force et sa candeur mélangées créent une nouvelle teinte dont j’ignorais la simple existence. Je suis heureux de pouvoir revoir Mina après tout ce temps, alors que je croyais qu’elle ne reviendrait jamais ici. Le fait de la retrouver provoque en moi un tourbillon indescriptible. Et, en même temps, elle me semble différente. Comme pour illustrer mon sentiment, ses mimiques de petite fille perdue se durcissent subitement. Elle tapote, à travers son t-shirt noir simple, son pendentif en forme de coquillage. Il s’illumine légèrement, rendant son haut transparent l’espace d’un instant. Le peu que j’ai distingué de ses clavicules et de ses seins, retenus par une sorte de corset, me fait chavirer. Je me raccroche au bord de la table pour ne pas tomber.

 Je reviens à moi quelques secondes plus tard. Elle ne me calcule plus. Elle cherche Sasaki du regard. Lorsque leurs yeux se croisent, ils se comprennent instantanément. Elle hoche discrètement la tête. J’ai compris : elle a dû voir un mec correspondant au signalement qu’on leur avait fourni. Elle se lève et je vois qu’elle se contient afin de ne pas éveiller ses soupçons. Elle pose la main sur son dos : elle porte certainement une arme sous son pantalon.

— Notre ami a envie de faire pipi, souffle-t-elle.

 Je suppose que ce doit être un code pour dire que le gars se dirige vers les toilettes. Effectivement, une armoire à glace évolue sur cette trajectoire. Mon cœur tambourine dans ma poitrine qui menace d’exploser. Mon palpitant veut la déchirer pour rejoindre Mina, qui l’ignore superbement. L’espace d’un instant, je jalouse ce type qui occupe à présent ses jolies pensées. Mais je me reprends bien vite en réalisant la débilité de l’idée qui vient de traverser ma caboche.

 Le type jette des coups d’œil suspicieux derrière son épaule avant d’ouvrir la porte. Mina attend à l’extérieur. Je me rapproche d’elle. Elle porte son coquillage à ses lèvres et je l’entends murmurer :

— Il ne faut blesser aucun civil. On doit l’attirer vers l’extérieur…Mais, en même temps, il est peut-être en train de dealer. Ce serait notre meilleure chance de le prendre en flag’…Ji Sub, il y a une cave à alcools ici ? Ou une réserve ?

— Ah bah bravo, c’est pas beau de juger les anciens alcooliques…

— Dépêche, le temps presse ! Arrête de blaguer deux secondes et réponds, me sermonne-t-elle en chuchotant encore.

— Oui.

— Au sous-sol ?

— Oui !

— Encore mieux ! Préviens Sisi et faites descendre tous les employés et les clients. Dans le calme. On ne peut pas éveiller le moindre soupçon. Laissez la musique pour faire croire à une ambiance normale, et non à une fermeture. Agent Sasaki, condamnez toutes les issues. Personne ne doit plus entrer ni sortir. Je surveille cette porte jusqu’à votre retour. Ensuite, nous procèderons à son interpellation, en espérant qu’il ne se soit pas fait la malle par une fenêtre, annonce-t-elle tout en étouffant le son de sa voix calme avec son t-shirt qui, en se relevant, laisse apparaître un bout de peau supplémentaire. Son teint d’albâtre me déconcentre deux secondes, mais je me rappelle bien vite qu’il y a un criminel dans les toilettes. Voire davantage. Je tâche de ne pas me concentrer sur cette hypothèse.

— D’accord. J’espère qu’il n’a pas de complice dans la salle… Ou dans les toilettes…

— Personne d’autres ne nous a eu l’air suspect…Fais ce que je te dis ! Si quelqu’un te menace en bas, bip-moi !

— D’accord, bien reçu !

 J’ai bien sûr obéi à ses ordres. Dans la cave, tout le monde se tait. L’attente plane sur nous, pesante. Je compense mon stress en me cramponnant à ma bouteille d’eau tandis que celles d’alcool m’appellent. Ils brillent, pour la plupart des liquides, en affichant une lueur ambrée mais différente pour chacune. Certains se reflètent comme des rubis au soleil sous les néons. Si j’y trempais mes lèvres, ne serait-ce qu’une seule fois… Je me doute que les gens enfermés ici craignent pour leur vie. Mon inquiétude diffère de la leur : si ça se trouve, je me terre dans l’impuissance en laissant Mina se faire tuer. J’essaye de me rassurer, de me convaincre que je dois lui faire confiance, qu’elle a été formée pour réagir à ces situations, qu’elle est la plus intelligente…et la plus belle aussi. Mais cette dernière qualité ne lui sera d’aucun secours face à un ou plusieurs frigos armés jusqu’aux dents. Cette vision me rend malade. Sisi s’assoit à côté de moi et me presse la main tandis que mon pied bouge frénétiquement en secouant ma cuisse dans tous les sens :

— T’inquiète ! C’est Mina ! Elle va s’en sortir.

— Elle n’avait même pas de gilet pare-balles…

— Peut-être que si mais qu’il était sous ses vêtements. La technologie, de nos jours…sourit-elle.

 Mon ex ignore la vue qui s'est offerte à moi plus tôt. Aussi belle soit sa poitrine, j’aurais préféré qu’elle soit cachée par une protection. Hélas, ce ne fut pas le cas. Mais je me contente de hocher la tête pour ne pas inquiéter mon amie ni me lancer dans de longues justifications interminables.

 Un coup de feu retentit. Puis un autre. Je craque, me lève et cours. Sisi essaye de m’attraper le bras mais je referme trop vite la porte blindée. Je gravis la pente d’escaliers, en me mouvant le plus doucement possible. Lorsque j’arrive à celle en bois, qui mène à l’étage, je l’ouvre délicatement et insère un œil dans l’interstice une fois le calme revenu. Le spectacle qui se déroule ensuite devant mes yeux me coupe le sifflet : le chignon de Mina a cédé pendant son combat, laissant libre ses cheveux brillants de transpiration venus se coller à son front ainsi qu’à son cou. Elle a plaqué son suspect sur l’une des tables et lui passe les menottes.

— Je vous arrête pour coups de feu dans un lieu public ainsi que tentative d’homicide sur deux agents de la police de l’Empire de Shin-Nihon. Si on retrouve de la drogue cachée dans une chasse d’eau ou derrière une dalle, nous pourrons également élargir vos chefs d’accusation. En attendant, vous avez le droit de garder le silence. Si vous n’avez pas les moyens de vous en payer un, un avocat pourra vous être commis d’office…

 Ma mâchoire se décroche. J’avais bien sûr connaissance du fait qu’elle travaillait dans les forces de l’ordre, mais elle est encore plus impressionnante que tout ce que j’avais pu voir et me figurer. Elle tire en arrière les poignets attachés du criminel, afin qu’il se redresse, et esquisse un sourire à un Sasaki tout aussi ravi.

— Je savais bien que tu étais faite pour être sur le terrain et que c’était une erreur de te laisser moisir au poste ou à la circulation…Tu t’en es merveilleusement sortie, bravo !

— Merci mais…vous…me tutoyez ?

— Pardon, c’était sur le coup de l’émotion…

— Certains partenaires se tutoient non ? Y verriez-vous une marque de respect si j’arrêtais d’employer le langage formel quand je m'adresse à vous ?

— Absolument pas, au contraire ! Bref, tu as géré !

— Merci, toi aussi !

— Vous avez eu de la chance, grommelle le gars tandis qu’ils se dirigent vers la sortie.

— Ji Sub, je te vois…T’es pas discret ! Tu peux sortir. Mais, avant, avertis les autres qu’il n’y a plus aucun danger.

 J’acquiesce, penaud. Sasaki se saisit du mec et adresse un clin d’œil à l’intention de Mina.

— Reste, tu as des amis ici ! Ton service est terminé, reste boire un verre avec eux. Je m’occupe de ta paperasse, mais j’aurai besoin de ta signature demain. D’acc ?

— Je te remercie, vraiment.

— Tu me rendras la pareille autour d’une bonne bière au Sakurabana, mais pas ce soir…Je ne veux pas t’y voir, c’est bien compris ?

— Ou…oui ! bredouille-t-elle, gênée, avant de se retourner vers moi. Je perçois dans son regard qu’il est temps que j’arrête de la mater afin d'avertir tout le monde que la situation est sous contrôle.

 Lorsque je remonte, Sisi m’informe qu’elle va chercher Ji Soo à l’école et qu’elle ne l’amènera pas au bar cette fois. Je comprends : la situation était tendue et traumatisante. De toute façon, des collègues de Mina et Sasaki quadrillent les toilettes à l'aide de bandes jaunes. Nous ne pourrons pas rester ici.

—  Tu veux que je garde Ji Soo ?

— T'inquiète, je peux bien prendre congé une fois de temps en temps. Je vais rendre visite à Marie.

 Elle m’adresse un clin d’œil semblable à celui de Sasaki à l’égard de Mina. On dirait que ces deux-là essayent de nous caser comme si nous étions deux adolescents. Mais je ne m’en offusque pas. J’ai besoin d’un moment privilégié avec Mina. Elle est déjà assise sur la banquette, comme si de rien n’était. Je prends un instant pour l’admirer au loin tandis qu’elle est absorbée par un hologramme émis par son pendentif. La coquille brille, mais ce n’est pas ce qui m’importe. Mina n’a pas refait sa coiffure. Sa chevelure est toujours désordonnée, ce qui ne me déplaît pas. Elle a vraiment changé : avant, elle n’aurait pas supporté le fait de ne pas être apprêtée en public. Cette image me rend heureux. Je la vois s’épanouir et devenir la femme qu’elle cachait au fond d’elle.

  Lorsqu’elle me remarque, elle m’affiche son plus beau sourire. Je finis de fondre et lui propose de quitter cette scène de crime. Nous sortons du Rokumeikan et marchons en silence. Elle me suit, en confiance. Mes jambes tremblent. Il y a une heure, du plomb les avait envahies. Maintenant, on dirait qu’elles se sont transformées en plumes légères voire carrément en ailes d’oiseau. J’éprouve la sensation de quitter le sol, de voler, pendant quelques secondes. J'entre bientôt dans un pub aux allures british. Elle me suit. La petite fille timide devient petit à petit une adulte. Elle demande une bière à la cerise. Quand cette dernière arrive, elle la porte directement à ses lèvres. 

— Excuse-moi pour cette interruption…Tu disais ? me demande-t-elle afin de reprendre la conversation que nous avions avant cette altercation musclée.

— Je…je suis si soulagé que tu ailles bien.

— Ce n’était pas la question.

— Non, mais je tenais à te le dire. Pendant tout ce temps passé en bas, qui m’a paru une éternité, j’ai pris le temps de réfléchir. Tu sais, en Corée, c’est un peu comme ici. J’ai été éduqué selon le précepte idiot qui dit que les petits garçons ne peuvent pas pleurer. Les hommes non plus. Je dois protéger ma famille, mes amis, ma communauté… Mais j’ai fait le fier. Quand tu as arrêté de venir ici, je me suis senti trahi, mon orgueil à la con a repris le dessus, alors je ne t’ai pas écrit… J'aurais dû, compte tenu de mes propos maladroits de la dernière fois… Et de mon attitude. Au moins pour m’en excuser… Bref, je ne t’ai pas avoué que tu me plaisais car je ne voulais pas me l’avouer à moi-même. Je suis un homme divorcé. Je n’ai pas de situation, ni d’éducation. Nous venons de mondes différents. Nous avons presque dix ans d’écart… J'ai cependant réalisé, peut-être un peu tard, que je ne voulais pas que tu meures un jour, sur le terrain, ou qu’il ne se passe une catastrophe, sans que tu n’aies entendu ce que je ressentais pour toi.

— Je te plaisais ?

— Oui.

— Et maintenant ?

— Tu ne me plais plus…Enfin si, bien sûr que si, mais je pense aussi que c’est plus que ça. Je commence à avoir des sentiments pour toi.

 Un voile fige son sublime minois, d’ordinaire si expressif. J’ignorais qu’elle pouvait paraître si impassible, ainsi que l’effet que lui a fait ma déclaration.

— Et toi ?

— Moi aussi.

— Toi aussi ?

— Oui. Je pense.

— Tu penses ?

— Oui. Contrairement à toi, je n’ai jamais expérimenté l’attirance, les relations amoureuses…C’est nouveau pour moi.

— Ne t’inquiète pas.

— Tu es sûr que mon manque d’expérience ne te freinera pas ?

— Je sais que je veux être avec toi. Le reste n’a pas d’importance. Un pas après l’autre, ça te va ?

 Je pose le dos de ma main sur la table et ouvre la paume afin de l’inviter à y blottir la sienne. Mon cœur cogne encore comme un fou dans ma cage thoracique. Il veut rejoindre sa promise qui est pourtant là, juste en face de lui. Face à l’hésitation de Mina, je commence à rembobiner mon geste mais elle m’attrape les doigts et les force à rester. Elle baisse la tête mais la relève bien vite. J’adore cette nouvelle confiance, et la voir se battre contre ses démons intérieurs. Je sais qu’elle est plus forte qu’eux. Je les ai vus, je ne connais pas leurs visages, j’ignore d’où ils viennent, mais j’espère pouvoir l’aider à s’apaiser face à eux, à les battre comme elle l’a fait avec ce monstre qui la dépassait de deux têtes mais qu’elle n’a pas hésité à affronter avec brio.

— Je suis fier de toi tu sais. J’étais triste de ne plus te voir. Mais je comprends maintenant. Tout ce chemin que tu as fait est impressionnant. Je suis aussi content pour toi que tu aies un ami et un partenaire si cool, et que tu t’épanouisses dans ton travail. Tu vas voir, tu vas tout déchirer !

— Tu ne détestes pas la police ?

— Pas quand c’est toi. Pas quand tu appréhendes un sale type dans mon quartier, celui où j’élève une fillette de neuf ans. Pas quand, avant, tu t’assures que tout le monde dans le bar de sa mère est en sécurité…

— C’est bon à savoir ! Ah et, rien à voir mais…Félicitations pour ton sevrage.

— Il y a en effet des choses qui ont changé, lui fais-je remarquer sur un rire en désignant nos boissons. Mon thé vert glacé arrive à point nommé pour illustrer mon propos. Je caresse la main de Mina du pouce. J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais mais j’ai autre chose en tête.

— Quand tu auras fini ta bière, j’aimerais te montrer quelque chose. Si ça te dit.