Aux Mains de Fées

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Le soleil se couchait sur la Ligne d'Argent, et ce fut avec admiration que le regard de Melinda se posa sur la Dame de Fer. Huit ans à peine qu'elle avait été construite, et déjà un symbole controversé de sa ville natale...

Un sursaut brutal du wagon d'acier l'arracha à ses pensées, elle resserra les doigts autour de son panier chargé de boutons et autres dés à coudre. Rien à faire, elle avait beau emprunter le métro aérien pour la quinzième fois, la jeune fille ne s'y habituait toujours pas.

La Ligne amorça un tournant, alors que la lumière ambrée du soir giclait sur les câbles métalliques des rails et les vitres d'immeubles haussmanniens. Elle se redressa sur son siège avant d'avaler nerveusement sa salive : « Je ne vais pas tomber, je ne vais pas...»

Ah. Ils étaient donc déjà arrivés.

Après avoir descendu les marches avec précaution, Melinda s'orienta rapidement dans les méandres renfermés de la station Sainte-Hermine, tentant d'ignorer les musiciens quêtant à chaque détour ou les bavardages des femmes vêtues de velours de la Première classe.

Elle avait une livraison à faire, après tout. Et cette livraison était destinée aux Mains de Fées : la mercerie la plus renommée de tout Paris.

Il n'y avait plus qu'à espérer que Loup d'Airauld y soit ; le métro avait été retardé - encore ! - et il fermerait boutique dans moins d'un quart d'heure.

***

Quand elle y parvint enfin, une silhouette bien connue et coiffée de lunettes en cuir la salua.

  • Méli ! Tu es enfin là. J'allais renoncer à t'attendre...

Tant bien que mal, la jeune fille posa le lourd panier tressé sur une table en noyer avant de s'éponger le front, épuisée. Gentiment, le raccommodeur lui tendit un verre d'eau fraîche.

  • Je pensais bien que tu serais fatiguée, après tout ce chemin.
  • Merci, soupira-t-elle, trois gorgées plus tard. Ce stupide Marché des Fantaisies devait-il vraiment rester dans le premier arrondissement ?
  • Du calme, rit le Maître. Il te reste encore le classement à faire, tu le sais bien.
  • Peste...

L'apprentie renoua son chignon – en plus d'être d'un brun banal, ses fichus cheveux incoiffables refusaient perpétuellement de tenir en place – avant de relever la tête, ses yeux noirs brillant de lassitude.

  • Eh bien, je n'ai plus qu'à me mettre au travail, marmonna-t-elle.
  • C'est ça ! Je vais aller me coucher, tu m'excuseras...

Loup et ses perpétuelles nuits blanches à bricoler loin des regards de la clientèle... Il ne changerait donc jamais.

Elle regarda sa mince silhouette grimper l'escalier quatre à quatre avant d'attraper la chaîne à son cou, une petite paire de ciseaux affûtée s'y balançant librement.

Les lames tranchèrent le premier sachet de tissu du panier pour en délivrer son trésor de boutons multicolores.

À l'étage, lui se remit au travail.

Il restait encore au Maître à coudre les dernières pièces de son futur chef-d'œuvre.

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