Chapitre 7
Hector s'installa avec assurance derrière son bureau, son visage illuminé par un sourire de satisfaction qui faisait écho à la réussite d'un appel crucial.
— Enfin, Tony, j'ai réussi à décrocher ce contrat ! Une victoire qui me remplit de bonheur, déclara-t-il, ôtant sa veste avec soin avant de la suspendre délicatement sur le dossier du fauteuil.
Son meilleur ami, Tony Hope, lui lança un regard complice, comprenant l'ampleur de cette réussite.
— Félicitations, Hector ! Tu l'as pleinement mérité. J'avais confiance en toi, affirma-t-il chaleureusement.
Hector ajusta sa chemise blanche, mettant en valeur sa prestance naturelle. Ses cheveux châtains, parfaitement entretenus, ajoutaient une touche de sophistication à son allure de quinquagénaire accompli.
— Merci, Tony. Cette réussite a une signification particulière pour moi. C'est fou de penser que j'avais presque perdu espoir. Et toi, comment s'est déroulée ta journée ?
Tony prit une gorgée de vin, ses yeux noirs pétillant d'excitation.
— Oh, tu sais, rien de bien extraordinaire. Juste la routine habituelle de la gestion de ma petite entreprise de location de voitures. Mais aujourd'hui, c'est ta journée de gloire !
Les destins de Tony et Hector étaient entrelacés depuis leur enfance. Hector, issu d'un foyer divorcé, vivait chez son père. Tony, de son côté, partageait son quotidien avec son frère depuis la perte précoce de leurs parents. Hector trouvait en Tony un refuge, une présence réconfortante. Son père, un homme alcoolique et brutal, le poussait souvent à passer des semaines chez son ami. Il brillait dans les salles de classe, une excellence qui lui valut une bourse et l'orienta vers une carrière de consultant au sein de grandes entreprises après l’obtention de son Master en administration des affaires, gestion et finance.
Quant à Tony, il embrassa une voie audacieuse en créant sa propre entreprise de location de voitures, réunissant les fonds nécessaires pour concrétiser son projet. Deux parcours distincts, mais une amitié indéfectible les unissait.
Malgré leurs emplois du temps chargés, ils se ménageaient toujours le temps de se soutenir mutuellement, formant ainsi un socle solide dans leur amitié. Pour Hector, Tony n'était pas simplement un ami, mais un pilier inébranlable dans sa vie.
— Comment va Cathy et les enfants ? demanda Tony.
— Ils vont très bien, merci Tony. Cathy est toujours submergée de travail, mais elle gère. Je suis un peu plus préoccupé par Emma en ce moment.
— Qu'est-ce qui se passe avec Emma ?
— Eh bien, elle s'est liée d'amitié avec une nouvelle fille.
— Ah, c'est plutôt une bonne nouvelle ! Tu m'as toujours dit que ta fille était plutôt réservée, ça doit lui faire du bien d'avoir une amie.
— Oui, en théorie, mais c'est plutôt l'amie en question qui me dérange, soupira Hector en fronçant les sourcils.
— Et pourquoi ? demanda Tony, curieux.
— Elle a l'air étrange, et j'ai l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, expliqua-t-il en se grattant la tête.
— Ah ça ! Si tu veux, je peux enquêter sur elle.
— Non, oublie. Trinquons à la victoire, mon ami... la victoire.
— Comme tu veux, mon frère!
De son côté, Emma était rentrée chez elle avec sa mère et ses frères. Dès son arrivée, elle s'était précipitée dans sa chambre, refermant soigneusement la porte.
— Je dois faire mes devoirs, maman. Pourrais-tu s'il te plaît ne pas me déranger ?
— Bien sûr, ma chérie. Je te préviendrai lorsque le dîner sera prêt !
Avec précaution, Emma déposa son sac sur le bureau de son espace d'étude. Elle retira ses chaussures, ressentant instantanément un soulagement. Se laissant glisser sur son lit avec une légère fatigue, elle ouvrit son ordinateur portable et lança un appel vidéo avec Nathalie.
— Hey, toi ! dit-elle avec un sourire radieux.
— Salut, beauté !
— Tu es déjà rentrée ?
— Oh oui, je vais bientôt partir travailler dans 30 minutes. Et toi ?
— Bah moi, je viens d’arriver aussi, mais je pense que je vais lire un livre avant de me coucher.
— C’est aussi bien. As-tu parlé de notre sortie demain à tes parents ?
— Oui, j’ai eu une discussion avec ma mère et elle a donné son accord, tant que je rentre tôt pour le dîner.
— D’accord, ça marche mon chaton. Je te laisse maintenant. Je vais prendre une douche et au fait… Sympa ta chambre !
— Merci Nath. À demain.
Après avoir raccroché, elle referma son ordinateur et déposa délicatement ses lunettes sur la table de nuit. Elle se dirigea vers la salle de bain, passant une trentaine de minutes devant le miroir, préférant ses cheveux détachés qui mettaient en valeur sa beauté. Les magnifiques cheveux châtains, hérités de son père, et les yeux noirs profonds, hérités de sa mère.
Elle visualisait sa transformation du lendemain, anticipant les réactions d'Eva et de ses amies en la découvrant sous un nouveau jour. L'impatience grandissait. Enfin, elle ne serait plus jugée sur son apparence, ni traitée de pauvre fille des rues. Peut-être même que Loïck commencerait à la remarquer. Tout cela grâce à Nathalie, dont son amour grandissait chaque jour. Nathalie était l'amie dont elle avait toujours rêvé. Sortant de ses pensées, elle laissa l'eau froide couler sur son corps avant de quitter la douche, d'enfiler son pyjama, et de descendre pour le dîner.
Le lendemain, Emma se leva tôt, s'habilla d'un jean ajusté, d'un chemisier blanc et de baskets, puis prit son petit sac. Elle se rendit dans la chambre de ses frères pour les informer de sa sortie. Sa mère était de garde, et son père était au travail. Seule madame Spencer était en train de nettoyer la maison.
— Arthur, Noé, je m'en vais. N'oubliez pas de prendre votre déjeuner à l'heure, s'il vous plaît.
— Ne t'en fais pas, je m'assurerai qu'ils le prennent à temps, répondit doucement la domestique en tapotant gentiment le dos d'Emma. Tu peux partir sans crainte et n'oublie pas de t'amuser.
— Merci, madame Spencer. Je ne sais pas ce que je ferais sans vous, enfin plutôt ce que nous ferions sans vous.
Un sourire se dessina sur le visage de la vieille dame tandis qu'elle se dirigeait avec assurance vers la salle de bain réservée aux enfants.
— Et notre journée cinéma ? Tu avais promis, Emma, dit Noé, déçu.
— Je suis vraiment désolée Nono, mais tu peux toujours le faire avec Arthur, répondit Emma.
— Ou mieux encore, on pourrait jouer à une bonne partie de foot dans le jardin, proposa Arthur.
— C’est une bonne idée. En plus, il fait beau, ajouta Emma.
Noé et Arthur étaient comme des faux jumeaux, liés par un lien indéfectible. Noé, à l’âge tendre de 12 ans, et Arthur, un peu plus âgé à 14 ans, partageaient la même chevelure blonde que leur mère. Leur complicité était palpable, même au sein des murs de leur collège. Malgré sa nature introvertie, Arthur se montrait d’une protection sans faille envers son frère. Leurs intérêts communs et leur passion commune pour le football les unissaient davantage. C'est pourquoi, dans la villa, un petit terrain de football avait été aménagé spécialement pour eux, un lieu où ils pouvaient donner libre cours à leur passion dévorante.
Emma décida de se rendre au parc près du lycée en prenant un taxi. Elle s’installa sur un banc et aperçut Nathalie au loin. Nathalie portait une magnifique robe longue de couleur pastel qui mettait en valeur ses yeux verts et ses courbes délicates. Elle avait des sandales à talons compensées, une veste en jean et un petit sac en bandoulière. Elle ressemblait à ces mannequins ou modèles que l’on voyait à la télévision. Emma l’admirait de loin alors qu’elle s’approchait peu à peu.
— Salut mon chaton !, dit Nathalie en lui faisant la bise.
— Salut Nath. Tu es magnifique. J’adore ton style.
— Merci chérie, mais je ne peux pas en dire autant de toi. Tu ne te lasses pas de porter toujours des jeans ? Mais tu as de belles jambes. Ne t’inquiète pas, on va changer ça. Viens avec moi, je connais une super boutique de vêtements chics et sophistiqués que tu vas adorer. Tu as la carte de crédit de ton père sur toi ?
— Non, celle de ma mère. Elle me l’a donnée hier.
— Parfait. Let’s go.
Les deux amies se dirigèrent vers le magasin comme convenu, découvrant une vaste sélection de vêtements à la mode. Des robes, des jeans, des hauts, des jupes et des vestes, chacun présentant des styles allant du bohème au chic, adaptés à toutes les occasions, des tenues décontractées aux tenues de soirée. Le magasin proposait également des accessoires, tels que des sacs à main, des bijoux et des chaussures, le personnel chaleureux et expérimenté étant bien familier avec Nathalie.
Guidée par les assistantes, Nathalie sélectionna avec soin plusieurs tenues pour Emma avant de l'inviter à entrer dans la cabine d’essayage. Emma, telle une toile sur laquelle l'art s'exprimait, essaya différentes tenues. Après cette session mode, elles se dirigèrent vers un salon de coiffure et d’esthétique, où Emma fut choyée et dorlotée. Ses cheveux, libérés délicatement, tombèrent en cascades magnifiques. Un masque apaisant sur son visage lui conféra une peau éclatante, et un maquillage subtil rehaussa sa beauté naturelle. À la fin de cette journée, Emma était une vision de métamorphose, resplendissante.
Fière de sa mission accomplie, Nathalie décida de célébrer cette transformation en savourant une délicieuse glace. Assises dans le parc, elles se laissèrent envelopper par les couleurs chatoyantes du coucher de soleil.
— Tu es ma-gni-fiq-ue. Mon travail a porté ses fruits.
— Même moi, j’ai du mal à y croire. Quand je me contemple, j’ai l’impression de voir une toute autre personne. Merci, Nath. Je suis reconnaissante d’avoir croisé ton chemin. Tu es une personne extraordinaire et je ne pourrai jamais assez te remercier pour tout ce que tu fais pour moi.
— Je t’en prie, ma puce. Tu es si douce, et tu mérites qu’on le soit tout autant avec toi. Tu sais quoi ? Arrêtons là, sinon tu risques de me faire verser des larmes. Parle-moi un peu de toi, de ta famille et de tout ça. Je ne connais pas vraiment grand-chose à votre sujet. Quel est le métier de ton père ?
— Il est consultant en ressources financières.
— Sacré homme d’affaires ! Tu dois beaucoup l’admirer.
— J’admire les deux, même si leur travail ne leur permet pas de passer plus de temps avec nous. Cela m’agace vraiment.
— Je suis vraiment désolée pour toi, mais moi je suis là et je serai toujours là pour toi, dit-elle en la serrant dans ses bras. Tes parents se sont rencontrés jeunes ? Vous avez toujours vécu ici ?
— Oui, depuis plusieurs années. Ils étaient dans la même université. Mon père est tombé sous le charme de ma mère. Je dois avouer qu’il a eu du mal à la courtiser, car ma mère est plutôt réservée de nature, mais voilà. Aujourd’hui, ils sont mariés depuis 20 ans.
— Joliiie...
— Eh oui. J’espère être comme eux, soudés et amoureux malgré toutes ces années. Mais pourquoi toutes ces questions sur mes parents ?
— Juste comme ça. Comme je te l’ai dit, j’ai besoin d’en savoir plus sur toi. On doit apprendre à se connaître si on veut solidifier notre relation. À partir d’aujourd’hui, tu ne dois rien me cacher et moi également. On doit tout partager ensemble.
— T’as raison. Ça va être difficile, j’y étais pas habituée... Mais au fait, tu ne me parles jamais de toi. Tu n’as pas de famille ici à New York ?
— Euh non, je suis seule ici, mais j’ai un frère. Il s’appelle Ethan. Il est plus âgé que moi de cinq ans. Il était avec nous lorsque la maison a brûlé, mais ne t’inquiète pas, il a aussi survécu. Après beaucoup de choses se sont passées, on s’est séparé. On a grandi dans des familles adoptives. Et aujourd’hui, il est dans l’armée.
— Je suis vraiment désolée pour vous… ça a dû être sacrément difficile pour toi.
— Beaucoup, mais t’inquiète, je suis forte. Mon frère me manque énormément… Changeons de sujet, veux-tu ? Je n’aime pas vraiment me rappeler de cette période sombre de ma vie.
— Je comprends tout à fait. Il est 18h, je dois rentrer sinon ma mère va me sermonner. Merci pour cette merveilleuse journée, Nath.
— Viens ici, mon chaton…
Elles s’enveloppèrent dans une étreinte chaleureuse, savourant ce moment de complicité. Puis, Emma, les bras chargés de sacs remplis de courses, hélait un taxi qui la conduirait vers sa majestueuse villa.
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