Sous les étoiles
Une journée de plus, une journée où tu vas tout simplement rester passive.
Une journée, où malgré tout, tu vas essayer de l’éviter. Parce que tu as honte ; de quoi ? De ce que tu es ; pourquoi ?
Tu es beaucoup trop timide, beaucoup trop sur la réserve. Tu manques cruellement de confiance en toi, tu ne sais pas comment remédier à ça. Et pourtant, il y a ce garçon, celui-là, qui ne quitte pas une seule seconde ton esprit. Il hante tes pensées, jour et nuit. Cependant, tu n’oses pas faire le premier pas. Ou du moins, tu as essayé, à ta façon, et, comme toujours, ta tentative s’est soldée par un échec – triste destin, à croire que tu n’as pas le droit de connaitre, toi aussi, ce qu’on appelle l’amour –.
Un soir, tu as pris ton courage à deux mains. Tu t’es armée de ton téléphone, et tu lui as envoyé un message – véritable exploit pour une associable comme toi –. Mais, jamais il ne t’a répondu ; ça t’a mise mal, très mal. Tu as passé des jours à te poser des questions, à te demander ce qui n’avait pas été dans cette simple phrase que tu avais envoyé – tentant désespérément de débuter une conversation –. Les relations humaines, ce n’est pas ton fort, tu t’es efforcée de faire de ton mieux. Pourtant, comme souvent, tu as beau avoir eu de la volonté, rien n’a payé.
Depuis, tu ne fais que te cacher – tu n’arrêtes pas de te demander ce qui ne vas pas avec toi, pourquoi ça se passe toujours comme ça –. Tout ce que tu fais, c’est simplement le regarder. De loin bien entendu. Quand vos regards se croisent, tu prends peur, tes yeux se détournent – tu fuis ce contact visuel qui te paralyse –. Quand il est proche de toi, t’as qu’une envie : t’enterrer six pieds sous terre. Tu te fais petite, tu veux disparaitre. Parce que t’es dans l’embarras – et puis t’arrêtes pas de te dire que toi, tu n’auras jamais ta chance –.
Tu ne veux pas te faire d’illusions, pourtant tu as souvent l’impression que son attention est portée sur toi – attention, se bercer de chimères rend la chute beaucoup plus douloureuse –. Mais ça te prend la tête, ça te tord les tripes, ça te serre le cœur de ne pas comprendre, de n’être sûre de rien, et surtout de ne pas savoir pourquoi il ne t’a jamais répondu – ton esprit est un véritable capharnaüm –. Tu voudrais que ce soit vrai – tu es persuadée que c’est faux, que tu ne fais que rêver –.
Le soleil finit sa course dans le ciel, les étoiles commencent à orner ce dernier. L’astre lunaire prend place, et apaise la ville de sa douce lumière laiteuse. Tu quittes le lycée, et, d’un pas rapide, tu commences à tracer ta route en direction de ta maison – vite, que tu rentres chez toi, que tu te recroquevilles une nouvelle fois sur ton lit ; à te poser des centaines de questions auxquelles tu ne trouveras pas la solution –. Et puis, comme tu es du genre à avoir peur de tout, tu te dépêches – tu n’as pas envie de traîner des heures dans toutes ces ruelles beaucoup trop sombres à ton goût bien qu’éclairées par de nombreux lampadaires –.
Tu finis par arriver à cette place – cette jolie place – où se trouve le manège, et la fontaine, le tout étant entouré de diverses magasins et restaurants – c’est un peu l’endroit phare de la ville –. Mais alors que tu arrives à hauteur de la source – endormie à cette heure-ci –, une main attrape la tienne ; tu sursautes.
« Attend. »
Voix grave – tu ne peux que la reconnaitre –, ton cœur qui s’emballe, tu n’oses pas te retourner. Tu te mets à trembler – tu es figée, ton corps est cloué sur place –. Ta respiration se fait plus rapide, tandis que tu fais doucement volte-face. Tes yeux s’écarquillent – c’est lui ; que fait-il ici ? –. Tu restes bouche bée, tu ne sais littéralement pas quoi dire ; comme à chaque fois que quelqu’un se présente devant toi. Un petit sourire amusé s’affiche sur son visage, tandis qu’il passe prestement sa main libre dans ses cheveux. Toi, tu le fixes, béatement – tu ressembles à un poisson –.
« Je suis désolé de ne jamais t’avoir répondu… J’imagine que c’est parce que je ne savais pas trop comment réagir ? »
Tu ne savais pas trop comment réagir ? Tu fronces légèrement les yeux, avant de secouer la tête.
« Euh… Ce… Ce n’est rien, ne t’en fais pas… » Balbuties-tu ; on dirait que tu n’as jamais parlé à quelqu’un d’autre avant aujourd’hui tant on croirait un oiseau tombé du nid, en train de découvrir le monde.
Tes joues prennent des teintes rosées – tu espères que la nuit masque cette gêne qui s’affiche de plus en plus sur ton visage ; pas de chance –. Tu te rends compte que tes yeux sont toujours accrochés aux siens, et tu détournes alors vivement la tête – la honte –. Que dois-tu dire ? Que dois-tu faire ? Tu ne sais pas, tu ne t’es jamais retrouvé dans ce genre de situation. Tu pries tous les dieux possibles et inimaginables de te venir en aide, de faire quelque chose afin de te sortir de cette situation incommode au possible.
« Tu veux bien m’accorder une seconde chance ? »
Sa voix vient briser le silence qui s’était installé, te faisant sortir de ta rêverie. Une seconde chance ? Oui, non, peut-être… C’est quoi le mode d’emploi dans ce genre de circonstance ? Tu paniques, littéralement. Tu t’agites, tu passes ta main libre dans tes cheveux, sur ta nuque, tandis que lui serre un peu plus son emprise sur l’autre.
Et puis doucement, il vient placer son pouce sur ta joue – tu te crispes –. Ton regard plonge dans le sien – tu t’y noies –. Finalement, il ne te laisse pas le temps de répondre. Il fait un pas de plus dans ta direction, avant de se pencher vers toi, et de poser délicatement ses lèvres sur les tiennes. Tu frissonnes, une vague de chaleur envahit ton corps tout entier. C’est doux, c’est agréable – exquise sensation –. Tu as l’impression que le temps s’est arrêté, qu’il n’y a plus que lui et toi, devant cette fontaine, sous les étoiles. Tu voudrais que cet instant ne s’arrête jamais, qu’il dure éternellement.
Cependant, toutes les bonnes choses ont une fin. Tandis que votre baiser prend fin, vous vous regardez, et un sourire tendre apparaît sur vos visages. Étrangement, tu te sens un peu plus confiante. Comme si, après tout ce temps, la roue a décidé de tourner. Comme si, après tout ce temps, le destin décrète de t’accorder enfin cette opportunité.
« Oui. » Murmures-tu, en réponse à sa question.
Cœur gonflé, cœur comblé, cœur charmé.
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