Exécution
« Pardon… »
La voix de Svanhilde se brise. Des sanglots nouent sa gorge. Sa main se détend puis se réaffirme autour du pommeau de son épée. Face à elle, Nubès s'agenouille, s'avouant vaincue. La neige tombe sur leur coprs figé par l'incertitude et le désespoir.
Autour d'elles, des milliers de guerriers jonchent la terre, une expression d'horreur figée sur leurs traits jusqu'à la toute fin. Des survivants gémissent, piégés entre les cadavres ennemis et alliés ; d'autres viennent à leur secours.
Pourtant, le combat ne finira qu'à la mort de Nubès.
Svanhilde tremble, non à cause du froid mais de l'acte irréversible qu'elle s'apprête à commettre. Son armure pèse sur ses épaules voûtées. L'emblème du clan des Vengeurs luit au soleil. Elle cligne des yeux, respire de grandes goulées d'air. Les pupilles rétrécies par la peur et lèvres closes, elle interroge Nubès.
Celle-ci lui sourit, des larmes dévalant ses joues amaigries. Ses bras s'ouvrent en grand et lui offrent une dernière étreinte. Svanhilde y plonge, le nez contre la chevelure aussi sombre que le plumage d'un corbeau. Un de ses hommes la tire en arrière.
Elle hurle, se débât et frappe le malotru. Une épée est élevée dans les airs. Alors qu'elle s'abat sur la nuque offerte, la voix calme de Nubès retentit :
« Je t’aime, Svanhilde. »
La tête de la Bannie roule, souillant la neige.
« Nubès ! Non ! Nubès ! »
Les hurlements de Svanhilde résonnent dans la montagne. Quelqu'un lui offre en consolation la tresse noire, coupée lors de la décapitation, avant de placer la tête dans un sac de toile. Ce soir, ils l'offriront avec ce message : la guerre commence tout juste avec l'éradication de l'Armée des Bannis.
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