I

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Debout devant les portes en verre coulissantes qui venaient de se refermer dans un chuintement derrière elle, Rikki ne pouvait pas voir les brumes juniales encore cramponnées aux hautes rues d'Edinburgh. Seulement un rideau d'arbres et quelques voitures sur le parking.

Elle était épuisée.

Le Graham Bell Building, au cœur du King's Building Campus, faisait un peu plus de deux mille mètres carrés et aurait fait un parfait projet d'étudiant en dernière année d'architecture. Seulement, quelqu'un avait dû penser que cet amalgame de métal brossé et de verre insignifiant méritait réellement d'être construit. Il n'avait pas dix ans et vieillissait déjà comme une star de télé réalité.

Chaque année, pour Rikki, la même angoisse de fin d'époque.

Le temps d'un été, passer du statut d'étudiant à ersatz d'adulte, en avoir la temporaire et amère consistance. Se contraindre à de nouveaux murs. Une détention préventive en somme.

L'été allait commencer lentement ; juillet viendrait silencieusement. Les résultats des examens seraient affichés vers le début du mois et décideraient du poids de l'air de toute la saison à venir.

« Rikki, attends »

Elle dut mettre sa main en protection au-dessus de ses yeux pour reconnaître ce grand Danois absurdement nordique.

« Sven, tu n'es pas encore parti ? »

« Non, je discutais avec Bernard »

« Alors tu vas travailler ici cet été ? »

Il afficha ce qui ressemblait le plus à une grimace, regarda au-dessus de l'épaule de Rikki.

« Je n'en suis pas encore sûr. La DRH du journal ne m'a pas encore donné sa réponse. Alors je dois attendre. »

« Et si ça ne marche pas, tu restes ici ? »

« Non, je crois que je retournerais à Copenhague. J'y trouverai bien un petit boulot. »

« Ok. Préviens-moi quand tu sauras. »

Il hocha rapidement la tête et se passa la main dans les cheveux.

« Tu viens demain ? »

Elle soupira. Fit une moue. Achetait du temps. Aujourd'hui le crédit était sans frais.

« Je n'en sais rien. Je travaille dès lundi. J'ai horriblement envie de dormir. »

Sven acquiesça de la tête. Elle remarqua qu'il regardait toujours au loin. Le campus était étrangement calme et Rikki perçut le bruit de la mer. Elle se demanda si c'était ce qui avait attiré l'attention de Sven. Elle était profondément convaincue de la transmission des gènes au-delà de centaines de générations, et elle ne pouvait s'empêcher de voir en Sven un descendant d'un des vikings d'York —ce n'était pas impossible d'après ce qu'il lui avait confié sur sa famille— et que chaque geste inconscient qu'elle observait chez lui pouvait être l'expression de comportement ataviques.

Puis, comme s'il avait achevé sa réflexion, son regard revint sur Rikki. Il frôla de la main l'épaule de la jeune femme.

« Rikki, il faut que je rentre. Je dois ranger ma chambre si je dois repartir. »

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