VII

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Tout le monde connaissait ce bâtiment moderne de verre de trois étages, mais peu empruntaient sa voie d'accès, cachée par des panneaux métalliques de chantier, installés pour des travaux terminés depuis bien longtemps et que l'on avait oublié là.

Sur le toit, l'enseigne sobre du Edinburgh Mail.

Rikki gara sa Vauxhall sur une place réservée aux visiteurs. Sa fierté, cependant, lui refusait d'accepter ce simple titre. Elle savait pourtant que les correspondants locaux n'avaient pas de statut légal, pas le droit de signer leurs articles. Incognito. Claviers de paille.

A la sortie de l'ascenseur, elle salua la réceptionniste qui lui faisait face, puis les secrétaires de rédaction et continua jusqu'aux bureaux des permanents.

« Rikki, tu tombes bien ! »

Une petite quarantaine, mince, affable, Martin avait levé le bras comme pour poser une question. Il en profitait pour étirer ses mains qui venaient de passer la matinée sur le clavier.

« Prête pour la saison ? »

« Oui, je n'aime pas les vacances. »

Il eut une moue approbatrice et légèrement moqueuse.

« Bien ! J'aime cet esprit. »

Traduction : tu n'auras plus une seconde à toi. Et on va en profiter avant que tu ne deviennes comme les autres journalistes, accros aux horaires de bureau.

Il rassembla un paquet de feuilles et lui tendit.

« Voilà, le programme de cette semaine. Les trucs classiques de fin d'année scolaire, tu verras. Au fait, comment se sont passés les exams ? »

Elle haussa les épaules, comme elle se préparait à le faire à chaque fois qu'on lui poserait cette question.

« Ça devrait aller. »

« J'espère que tu auras ton année. On ne prend pas les imbéciles ici. Sauf Max. Mais il est photographe, alors on peut se le permettre. »

« Je t'ai entendu » émit une voix d'une pièce voisine.

« Salut Max ! » lui lança Rikki sans lever la tête des papiers.

« Salut Rikki ! Désolé, je ne peux pas me lever : Martin m'a donné une tonne d'images à développer et scanner. »

« Tu n'as qu'à en prendre moins ! »

« Tu n'as pas idée comme j'aimerais pouvoir le faire. »

Elle agita la liasse devant elle.

« Merci, je t'appelle si besoin ? »

Elle se dirigea vers l'ascenseur, mais s'arrêta sur le seuil de la pièce.

« Au fait, tu sais si Sven va travailler ici cet été ? Je l'ai vu jeudi mais il n'avait pas encore la réponse. »

« Sven, c'est le grand Suédois, non ? »

« Il est Danois. »

« Oui, Danois, c'est ça. A vrai dire on l'attendait aujourd'hui et il n'est pas passé. Si tu le vois, tu lui diras que ce n'est pas une très bonne habitude à prendre. »

Rikki fronça les sourcils.

« Ça ne lui ressemble pas. Tu sais, les nordiques sont toujours très ponctuels. Et il est très... nordique. Si ça se trouve, il est déjà reparti au Danemark. Mais je lui avais demandé de me prévenir. »

Martin se retourna sur sa chaise et croisa les mains derrière la tête.

« Ne me dis pas que ce serait le premier gars à ne pas te rappeler. »

« Martin, fous lui la paix avec ça » protesta la voix de Max.

Il leva les mains devant lui.

« Ça va, je plaisantais. »

Rikki eut une demi sourire et pencha la tête. Elle parcourut les contacts de son téléphone, le porta à son oreille et fixa Martin du regard le temps de laisser sonner plusieurs fois.

« Il ne répond pas. »

« Deuxième mauvais point » commenta-t-il. « Un journaliste répond toujours au téléphone. »

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