Chapitre 15 :

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Les mariages se déroulaient différemment dans chaque pays qui avaient leur propre tradition unique. Pour certains pays, dans lesquelles c’était très psychorigide, même les fiançailles devaient se dérouler dans un endroit bien particulier, devant des personnes particulières. Kendra n’était pas idiote, même si l’étude des autres pays ne se faisaient pas (mise à part depuis l’entrée en guerre, avec l’étude des pays alliés), il semblait évident que tout ne se passait pas pareille dans un pays à un autres de mariages : ceux des riches, et ceux des pauvres. Il n’y avait pas de règle précise, de contraintes ou d’interdictions, mais selon la classe sociale, et donc le côté du pays dans lequel les opartiskains habitaient, les mariages se ressemblaient tout, avec les mêmes concepts. Tout ce qui permettait cette différence, c’était l’argent. Les mariages riches avaient un code couleur : noir pour le marié, robe blanche pour la mariée et autres couleurs pour les invités. Très peu de personne était croyante en Opartisk, la plupart des personnes se mariaient donc dans des mairies, juste pour officialiser. Les mairies de la partie nord était donc d’une architecture basée sur l’apparence pour pouvoir offrir un beau mariage au plus riche, et ne pas gâcher leur souvenir. Une grande salle de réceptions avec des sièges somptueux semblait donc d’ordre pour chaque marie dans le nord du pays. Chez les moins aisées, les mariages demeuraient beaucoup plus simplistes. Aucun code couleur réglementaire, la tenue n’était pas non plus contrainte. Les mairies n’étaient pas les plus agréables à voir dans cette partie du pays, mais les habitants faisaient avec comme ils le pouvaient, avec le temps, cela n’importait plus à personne. Alors que les personnes de la partie nord pays pour avoir une grande salle de réceptions avec traiteur de renommé et musique de goût, certains, de l’autre côté, faisait cela dans des tavernes ou des petits restaurants qui coûtaient peu.

En Siar, les peuples n’étaient pas toujours très riches. Les plus riches possèdent donc des tenus et une apparence apprêtées aux couleurs ternes sans être habillés comme à un enterrement. Le roi et les seigneurs pouvaient se permettre d’organiser de grand mariage, mais pas le peuple. Néanmoins, le mariage restait un événement très important à préparer avec précaution. Le peuple Siar était très pieux. Les mariages se déroulaient donc à locisfidelis, le lieu de pèlerinage de leur religion. Ce lieu était une grande bâtisse circulaire, haute de dix étages, sauf qu’il n’y en avait pas, c’était une seule et unique pièce. Les façades semblaient souvent impressionnantes et époustouflantes, avec de la pierre polie aux différentes statues de croyances ou alors représentants des personnages énoncer dans la Cïme, avec des petites fontaines à chaque bord d’une double porte qui se dressait après le petit escalier y permettant l’accès facilement. L’intérieur pouvait être sinistre en cas de décès, ou lumineux en cas de mariage ou d’immersion lors des naissances. Les éclairages changeaient d’un événement à un autre. Le sol de l’intérieur était, la plupart du temps du lino et l’estrade en bois permettait de monter sur une plate-forme en parquait glissant, surélever au fond de la salle, qui dominait le reste. Les murs donnaient un effet d’étouffement car aucune fenêtre ne le parsemait. C’était des tapisseries historiques au fond rouge qui ornaient élégamment les murs, presque à son entièreté. Puis, tout s’arquait au bout d’un moment pour laisser place à du verre qui se rejoignait, formant un toi en verre arrondi. Les halos faisaient tous la même épaisseur, mais fatalement pas le même périmètre. Celui le plus loin avait un verre, noire, puis le suivant un bleu très foncé, l’autre ensuite violet foncé, ensuite un orange un peu plus clair, puis un rose presque rouge, puis un jaune, pour après terminer, avec le cercle du centre, qui laissait apercevoir une partie du ciel. Tout les locisfidelis ressemblaient à cela en Siar, mais celle qui se situait à côté du palais royale continuerait sans conteste à être la plus gigantesque.

En Thuath, les mariages ne se faisaient plus depuis la crise qui frappait de plein fouet le pays, sans pitié. Les personnes pensaient plus à survivre qu’à se marier et se reproduire. Cependant, lorsque la crise économique n’avait pas encore surgi, les mariages étaient très froid. La plupart des mariages là-bas étaient arrangés, les ambiances froides et maussades, les mariés distants lorsqu’ils ne ressentaient rien l’un pour l’autre. Les mariés se retrouvaient habillaient en noirs alors que leurs convives optaient pour la plupart du temps pour des vêtements gris. C’était le signe d’un mariage raté, sans aucun sentiment. Dans les rares cas ou l’alchimie fonctionnait très bien, voir même, parfaitement, les habits ne se faisaient pas ternes et l’ambiance semblait la plupart du temps au beau-fixe même si les belles-familles gardaient l’habitude de n’avoir que des relations cordiales et non profondes et ressentis. Le pays n’était pas religieux, les mariages se déroulaient donc, la plupart du temps dans une grande salle de fête d’une ville, exprès pour cet événement.

A Kuyinto, le peuple n’était pas aussi pieux qu’en Siar, mais la religion restait très présente dans les traditions, les habitudes et la culture du pays. Lors de leur mariage, les citoyens se rendaient donc à leur lieu de pèlerinages, le postisantu, un bâtiment rectangulaire qui ressemblait davantage à une tour enflammée qu’un bâtiment pour prier. Contrairement au locisfidelis, les postisantus possédaient des vitres, qui étaient colorés un étage sur deux. En différence, le toit du lieu était plat comme les maisons cubiques et modernes des nouvelles architectures. Les murs de façade n’étaient pas lisses et il y avait des personnages de la Toran. Les hommes devaient être habillés en violet et devait se laisser pousser les cheveux pour pouvoir attacher le ruban bleu qui arriverait aux hanches, ruban qui servirait à tout une cérémonie religieuse faisant partie du mariage. La femme, quant à elle, portait, la plupart du temps, des robes légères ou alors un haut assorti avec une longue jupe aux couleurs chaudes. Même le repas des mariés se déroulait sur le site religieux.

A Dheas, les mariages étaient à l’extérieur, en plein air, la plupart du temps, dans des parcs en printemps ou en été. Les mariés et les invités, ressemblaient la plupart du temps, à un énorme méli-mélo de couleurs d’une panoplie encore plus large que l’horizon dans un fond vert brillant parsemé à quelques moments, d’arbres. Le carnaval étant de coutumes et une tradition très importante, la mariée arrivait accompagnée d’une parade et les mariés portaient des masques ne couvrant que le haut du visage, laissant leur bouche libre pour le baiser. Les convives portaient souvent des masques eux aussi, qui étaient diverses et variés, aux formes, couleurs et thèmes différents en plus de leurs habits festifs et flamboyants. Les invités lançaient des confettis multicolores sur les mariés lorsqu’ils étaient unis par les liens du mariage et qu’ils échangeaient des baisers sous leur regard joyeux et bienveillant. Après le festin, ils repartaient pour des défilés jusqu’à la fin de la journée, ou alors jusqu’au lever du soleil s’il avait commencé l’après-midi et c’était étalé sur la soirée.

Dans le désert, il n’y avait pas de contraire particulière. Les tenues du mariage devaient juste être validés par les beaux parents. C’était donc auprès d’Angelo que Quentin devait se référencer pour sa tenue, et Alma auprès du conseiller. Généralement, il n’y avait pas de problème, et ce mariage ne dérogeait pas à la règle. Les beaux-parents n’étaient pas excessivement exigeants, cela restait un événement joyeux, personne ne devait se sentir mal, triste ou bien même stressé même si les préparatifs avaient tendances à mouvementer la tribu et mettre à rude épreuve les nerfs des principales concernés même s’ils n’organisaient rien. Angelo s’occupait de la majeure partie des préparations avec l’aide des autres chefs de la tribu. Cela faisait partie du protocole énoncé depuis qu’elle existait et ne se retrouvait pas modifié par les grands chefs : les futurs mariés n’ont aucun pouvoir sur l’organisation de leur mariage à part le choix des tenues qui seront acceptées par leur future belle-famille, l’ensemble de la tribu est prié de participer à l’organisation du mariage. Sauf que la fratrie Soviana réussissait à transgresser quelques détails de cette règle, par exemple, Rosa, était très proche de leur famille, qui était même considérée comme leur maman, laissant donc le choix à Alma du gâteau de mariage, en faisant plusieurs essaye par jours. Alma faisait confiance à Rosa et la laissait faire, sachant que le gâteau serait forcément un délice.

Kendra avait appris que les tribus arrivaient à acheter de leur nourriture lorsqu’ils allaient au grand marché du désert dans laquelle une tribu communiquait avec certains clans et prenaient illégalement de la nourriture sans que personne ne s’en rend compte. La tribu devait y retourner très prochainement. Sauf que la jeune fille allait bientôt rejoindre le groupe de l’association qui se retrouvait dans le désert, pour ce faire, la tribu c’était donc un peu déplacé. Mais avant de partir, il y avait autre chose à faire : assister au mariage d’Alma. Kendra avec une certaine hâte de bientôt retrouver ses amis, Iris, Samuel… mais elle ressentait aussi la nostalgie, car la fratrie l’avait accueillie comme si c’était parfaitement normal, alors que d’autre personne l’aurait très bien pu la laisser mourir ou rattraper par les membres de l’État. La petite fille se tenait devant le miroir, ses cheveux n’avaient toujours pas retrouvé sa couleur de blé mais une bonne partie devenait de plus en plus clair. Son passage dans la tribu resterait à jamais graver dans sa mémoire mais aussi sur sa peau, grâce au tatouage de la fratrie qu’Alma lui avait fais pour la permettre d’échapper au militaire qui avait fouillé le camp. Ce jour-là, la petite fille était vêtue d’un débardeur jaune, rentré dans une longue jupe rose pâle lui arrivait en dessous des genoux. En Opartisk, la jeune fille n’avait jamais assisté à un mariage, ses parents lui avait juste raconté leur mariage et celui de sa tante. La petite fille avait été persuadée qu’elle n’assisterait jamais à aucun des mariages avant le sien. Elle s’était lourdement trompée. Ce n’était pas un mariage opartiskain, auquel elle allait être spectatrice, mais à un mariage tout autre, qui ne se déroulait pas dans son pays natal, avec aucun personne qu’elle connaissait vraiment, avec qui elle partageait une même culture. Le mariage allait bientôt commencer.

— Tu m’as l’air bien pensive. Tu es contente de bientôt rentrer chez toi, j’imagine.

Kendra regarda la personne qui venait de rentrer dans la tente, à travers le grand miroir qui la dépassait de toute sa splendeur. Alma rayonnait, resplendissante, portant déjà sa tenue de mariée : un beau haut violet clair moulant sa poitrine ornée de fausse pierre turquoise sur le bout d’en haut mais rose en bas et une longue jupe en dentelle blanc recouvrant le tissu rose pâle. La dentelle, collée aux tissus, formait de formes qui se répétaient jusqu’à atteindre la fin de la boucle : celle de la famille Siovana, et celle de Quentin. Ses longs cheveux restaient libres et détachés dans son dos grâce à deux tresses africaines de chaque côté qui étaient emmêlées ensemble pour former avec les deux, une seule natte. La jeune femme ne se maquillait pas, elle était magnifique naturellement, et même si le stock de maquillage se faisait de plus en plus rare dans cette tribu, il en restait quand même. Alma ne comptait pas les utiliser.

— C’est bien ici aussi, et vous allez me manquer, vraiment. Mais mes amis, l’association, mes parents…

Kendra se retourna pour s’asseoir sur le matelas, à côté d’Alma qui n’avait pas hésité à s’y installer même si ce matelas ne lui appartenait pas. Il était dans la tente de la famille de Quentin, et ce dernier, était dans celle de la famille Siovana. La jeune femme ne ressentait aucun stress, que de la joie, Kendra en fut même surprise, cela devait sûrement être un moment un peu sous pression tout de même.

— Tu t’entends assez bien avec tes parents, j’ai l’impression.

— Ils sont assez protecteurs.

— C’est parce que tu es fille unique. Beaucoup de parents qui n’ont qu’un seul enfant ont tendance à surprotéger leur progéniture, c’est plus fort qu’eux. L’instinct maternel et paternel. Après, tout le monde ne l’a pas, c’est la vie et c’est comme ça. En grandissant, tu trouveras sûrement tes parents trop protecteurs à tout goût, mais c’est qu’ils veulent ton bien lors d’une période où tu ne voudras plus de leur aide, et te dire de ne pas les repousser est idiot car tu le feras. Sauf que plus tard, même si cela t’a agacée, tu sauras que c’était pour ton bien, et tu seras reconnaissante.

— Tes parents étaient gentils ?

— Jusqu’à leur mort oui. Cela remonte aux deux ans de Gabriel. J’étais plus jeune et tout juste sortis de la crise d’adolescence, c’était jeune chez moi. C’était horrible de voir ma mère agoniser et mon père souffrir le martyr par son décès avant qu’il ne se fasse tuer par un chasseur. Mais le temps a fait son boulot. Mes parents, c’était compliqué de les oublier. Ils restent toujours mes exemples même s’ils sont morts, je ne veux juste pas finir dans le même état que ma mère, ni la même mort que mon père. Mes frères non plus ne le veulent pas.

— Je crois, que de toute façon, aucune personne aimerait finir comme tes parents.

— Ils n’ont pas eu la mort qu’ils méritaient. Ils méritaient une mort digne, qui marquerait les souvenirs, et qu’ils ne se fassent pas oublier. Ma mère n’était pas populaire car c’était une femme forte qui avait comme conviction de s’affirmer et de se faire entendre des autres et notamment des hommes forts. Cela les a bien arrangés qu’elle tombe gravement malade. Mon père, c’est un soi-disant accident dû à un de ses rivales qui voyait bien qu’il finirait par devenir un des chefs à un moment ou à un autre.

— La maladie de ta mère… C’était quoi exactement, les symptômes ? s’enquit Kendra.

La jeune fille venait de se rappeler son entre-vue dans le bureau du directeur du bâtiment d’Opartisk, avec les autres surdoués et le quatuor de l’État. Elle se remémorait vaguement ce qu’il avait dis.

— Oh ! Plusieurs phases. Au début, cela allait bien, elle commençait juste à avoir des pertes d’équilibres et des mal de têtes, puis cela a empiré, c’est comme si elle devenait de moins en moins automne et qu’en quelque sorte sont cerveaux commençaient légèrement à flancher, notamment sa mémoire. Puis, elle avait du mal à respirer.

— Elle est morte parce qu’elle n’arrivait plus à respirer ?

Alma secoua la tête de gauche à droite. Kendra avait l’impression que pour Alma, c’était pire.

— Non. Niveau respiratoire, cela a finis par se calmer. Mais elle a supplié à mon père de la tuer.

— Et il l’a quand même fait alors que c’était sa femme ! s’exclama Kendra ébahie.

— Il n’avait pas d’autre choix. Puis, au final, c’est tout de même elle qui l’a fait.

— Comment ça ?

— Ils avaient passé une nuit ensemble, puis le lendemain après-midi, elle fut morte. Elle avait glissé le couteau dans les mains de mon père, et elle a tiré ses bras pour le faire remonter dans son ventre et le remonter sur son cœur. Elle a murmuré merci, et elle l’a embrassé. Elle a poussé son dernier souffle contre ses lèvres.

— Comment, comment connais-tu tous ses détails ? S’ils n’étaient que tous les deux.

— Angelo était arrivé quand ma mère disait à mon père qui sanglotait d’enfoncer le couteau et qu’il devait tout traversé à en ressortir par le dos. Finalement, elle a utilisé les dernières forces pour le faire elle-même, et comme elle n’arrivait pas à l’insérer assez profondément qu’elle le voulait, elle l’a fait remonter alors que mon père n’essayait plus de l’arrêter. Il a su immédiatement que cela était fini pour elle. Je crois, que depuis un moment, il n’espérait plus qu’elle se rétablisse. C’est triste, mais je comprends. Mes parents restent mes exemples.

Kendra laissa dériver son regard, un peu déprimé par cette petite anecdote. Cela n’avait pas dû être simple pour Angelo, ce moment-là le hantait sûrement encore de temps à autre. Cela demeurait toujours une scène horrible à assister, et ce n’était pas volontaire. Kendra n’aurait pas réussi à l’effacer de son esprit. La petite surdouée se demandait comment la fratrie pouvait être aussi forte face au malheur et aux injustices qu’ils avaient vécu par le passé. Jamais elle ne pourrait faire autant preuve de courage, qu’eux en possédaient.

— Mes exemples, avant c’étaient mes parents, maintenant, se sont Iris et Samuel, minauda doucement Kendra.

— Les deux surdoués les plus vieux ? Tu m’as parlée de tellement de personne que je me mélange légèrement les pinceaux.

— Je comprends, c’est presque cela. Samuel est le plus vieux. Iris a un an de moins que lui, c’est la troisième plus vieille, mais c’est la grande des surdoués. Elle pensait immédiatement que le fait qu’on soit rassemblé loin des autres étaient étranges.

— Pourquoi tu les considères comme tes modèles ? Tu n’as aucun lien de sang avec eux, tu les connais à peine finalement, si on se rend compte du temps que tu as passé avec eux.

— Je n’ai pas passé autant de temps avec vous non plus, fit-elle remarquer. Pourtant, je vous aime aussi, j’en ai aucun doute là-dessus. Eux, c’est vraiment comme une première famille et vous la seconde. Iris c’était la plus forte, la plus fonceuse, elle n’avait peur de rien, et voulait tout faire pour nous échapper de tous cela, je l’admire vraiment. Samuel, c’était le plus gentil et il était là pour essayer de canaliser Iris. S’il n’était pas là, elle serait allée si loin que je n’imagine même pas les punitions qu’elle aurait pu subir.

— Tu es sur la bonne voie pour leur ressembler, constata Alma en se passant une main dans les cheveux.

— Je ne sais pas…

— Si tu l’es. Tu es forte Kendra, c’est la vérité. Tu as réussi à t’échapper d’une prison, tu as survécu seule dans le désert pendant un long moment, puis, tu as su t’adapter à notre communauté sans te faire remarquer. Tu vas devenir une battante, Kendra.

La petite anciennement blonde sentit ses joues s’embraser alors que des larmes chaudes coulaient rapidement de celles-ci pour s’écraser rapidement sur la jupe. Alma les sécha d’un revers avec ses pouces et lui sourit tendrement, encadrant le visage de la petite fille avec ses deux mains, pour qu’elle ne détourne pas le regard.

— Tu n’as pas a t’inquiéter, tu vas t’en sortir. Tu as marqué notre tribu alors que c’est compliqué de le faire à un point comme cela, même si mes frères et moi, nous nous en sortons pas trop mal dans ce domaine !

Cette remarque décrocha un rire à Kendra qui passa les mains sur ses joues lorsque Alma les lâcha, pour vraiment chasser la sensation d’humidité qu’il restait. Alma se releva et passa ses mains sur sa jupe pour la lisser un peu, la petite se leva à sa suite et enfila une paire de chaussure. Pour le mariage, Alma n’en portait pas, mais puisqu’elle faisait partie de l’équipe accompagnant Kendra, elle en mettrait pas, mais la surdouée se préparait immédiatement à l’optique de courir dans le sable vite, sous une chaleur intense, avec des personnes qui pourraient : sois poursuivre, sois tiré dessus. Kendra aurait aimé pouvoir se préparer pour pouvoir se rassurer, mais c’était impossible, elle le savait. Quelqu’un entra, c’était Angelo, habillé élégamment, qui venait. Il offrit un sourire à Kendra avant de prendre sa sœur dans ses bras. Une complicité unissait les deux jeunes gens, il n’y avait aucun doute là-dessus, et il savait que le jeune homme appréhendait un peu de ne pouvoir moins voir sa sœur et de devoir la partager avec une autre personne, mais si auparavant, c’était déjà un peu le cas. Mais autant, maintenant Quentin et Alma avaient le droit de s’aimer.

— Prête ?

— Bien-sûr que oui, murmura-t-elle.

— Je n’en reviens pas… toi, mariée. C’était déjà mal barré, mais avec ton petit-ami. Tu as eu une chance inouïe sœurette.

— Je le sais. Toi aussi tu n’étais pas prédestiné à être un chef. Personne voulait que l’on réussisse.

— On a réussi à le faire, on a enfin réussi à se faire respecter de tout le monde. Et je suis certain que Gabriel va le réussir à son tour.

— C’est un des meilleurs prochain chercheur. Le meilleur même. Il a un avenir dans ce domaine. Des fois, je me demande comme on a réussi à rester dans cette tribu qui nous gardais à contrecœur, tout en le sachant.

— Car nous n’avions pas vraiment le choix, sinon on mourrait. Mais aussi car on devait honorer nos parents et leur rendre hommage, à eux et aux restes de notre famille et montrer que l’on était digne d’être avec eux et que l’on était fort et que l’on resterait fort et soudé. On est une fratrie, on s’aide et c’est tout.

— C’est dommage que la tribu n’est pas tout à fait cet état d’esprit. En tous cas, pas les plus vieux chefs qui ont malheureusement le plus d’influence. J’ai été puni pendant des années pour rien.

— Mais maintenant tu ne l’es plus. Tu es libre.

Alma hocha la tête pour affirmer et Angelo se tourna vers Kendra, souriant de toutes ses dents et lui faisant un clin d’œil. Il se baissa pour être presque à la taille de la petite fille. La blonde ne savait pas si elle préférait cela ou alors qu’il reste debout. Peut-être avait-elle un peu l’impression d’être une chose minuscule lorsque les adultes faisaient cela, c’est ce qu’elle était mais elle n’appréciait pas spécialement le ressenti.

— Es-tu prête à partir ?

— Oui, je crois.

— Pas d’inquiétude. D’accord ? Tout cela passera bien, je te le promets.

— Bien-sûr que cela se passera bien ! s’exclama Alma en passant son bras autour des épaules de son frère, appuyant sa tête. Nous avons le grand Angelo Siovana avec nous ! Tout se passera bien.

Le jeune chef rigola avant de déposer un baiser sur la joue de sa sœur.

— Bon, j’y vais, les témoins doivent arriver, de toute façon, quand la montre que je t’ai laissée sonnera, c’est que cela sera l’heure d’arriver.

— Oui, je sais. On a déjà assisté à un mariage je te rappelle.

— Je le sais, mais j’insiste quand même. Tu sais bien que même si c’est un superbe événement, les chefs ne tolèrent aucun débordement. Mais je ne doute pas que tu seras parfaite.

Puis, Angelo partie, laissant la future mariée et Kendra, seule, dans la tente. Kendra se tournait les pouces tout en discutant avec Alma. La petite fille n’avait pas beaucoup parlé au membre de l’association qui allait la recueillir pour la ramener au QG de l’association, en Opartisk. Elle allait bientôt retrouver sa terre natale si elle réussissait à les rejoindre. La surdouée avait peur que cela se somme par un échec, qu’elle ne réussisse pas, pire, qu’elle meurt si les soldats de l’État l’attaquaient. Pourquoi ne l’attaqueraient-ils pas ? Puis, si elle se faisait de nouveau prisonnière, elle devrait payer sa fuite et son exile. Kendra continuait tout de même à avoir peur à cause de l’incertitude. Elle ne connaissait pas la probabilité qu’elle les rejoigne, mais elle avait comme la sensation qu’elle ne demeurait pas très haute.

La montre bipa si fort qu’elle sursauta. Alma se leva pour l’éteindre et souffla. La jeune femme tendit sa main à Kendra qui la prit et elles avancèrent hors de la tente. Cette dernière se situait à l’opposé de l’endroit où devait se dérouler le mariage. Quentin et Gabriel se retrouvaient dans la tente qui était juste en face de laquelle elles venaient de sortir. Les pieds nus, Alma marchait lentement dans le sable tiède, Kendra devant, la tenant par la main. Toute la tribu était rassemblée, les chefs étaient encore une fois placés en face des habitants de la tribu. Angelo se tenait debout sur le côté et tout le monde se retourna pour fixer Alma en train d’arriver. Les femmes de son âge la regardaient avec mépris et énervement, de ne pas avoir été choisi, encore plus, devancé par une personne qui n’était pas censée se marier. Alma finit par s’arrêter devant tout le monde alors que certains tapaient dans des tambours avant de laisser l’assembler applaudit longuement. Une étincelle pétillante éclaira le regard d’Alma alors que Quentin arrivait avec Gabriel. Quand il s’arrêta, les deux enfants partirent chercher le nécessaire alors qu’un des chefs commençait à faire tout un baratin. Puis, le matériel pour former le tatouage arriva. À chacun de leur tatouage, allait s’ajouter celui de l’autre, et ils devaient décider un des deux emplacements. Dans le cou comme Alma, ou sur le bras comme Quentin. Celui qui n’avait pas l’emplacement choisis allait donc avoir de tatouage sur sa peau. Les deux amoureux échangèrent donc leurs vœux. Avant que la question fatidique d’un mariage type de cette tribu débarque :

— Mes chers amis, quelle position de tatouage, avez-vous décidé de garder ?

Alma et Quentin échangèrent un regard intense alors qu’ils se seraient les mains avec légèreté mais fermeté.

— On garde la mienne, souffla Alma avait le sourire.

Une petite partie des chefs et de l’assemblé semblait un peu choqué par cette décision. En effet, beaucoup d’entre eux trouvaient que cela représentait un honneur d’avoir un symbole d’un chef et qu’il fallait garder la position de ce dernier, mais Alma et Quentin n’étaient pas d’accord avec cela, et ils tenaient à le montrer. Une sorte de serpent vint donc se rajouter au tatouage de Alma, et le symbole des Soviana marqua donc la peau du fils d’un chef. Il y a des années, cela aurait paru impossible. Certains l’avaient mal pris, d’autre bien. Kendra était impressionnée par la rapidité de cette tribu à faire des tatouages, en particulier l’homme qui tatouait les deux mariés.

— C’est le tatoueur de la tribu, c’est lui qui marque les enfants après leur naissance. Actuellement, il est en train de former sa fille qui est censée prendre sa relève. Sa femme est géreuse, elle aide les chefs quelques fois, expliqua Angelo en voyant le regard de Kendra.

La jeune fille n’arrivait pas à comprendre comme les personnes de cette tribu arrivaient à ne pas communiquer une expression de douleur lorsqu’ils se faisaient tatouer comme cela. Le père de Quentin s’avança alors que les deux jeunes adultes venaient d’être fait mari et femme, et s’éclaircit la voix.

— Je vous invite tous à la tente du réfectoire ! Veuillez me suivre !

Seuls les mariés, Angelo, Gabriel et le chef des chasseurs restèrent, regardant toute la tribu s’éloigner plus loin. Alma enfila une paire de basket alors que le chasseur déposa plusieurs armes sur le sable. Kendra les regarda avec mépris alors que Gabriel s’extasiait devant ses merveilles. Kendra faillit dévisager son ami bizarrement, la jeune fille ne comprenait pas l’intérêt pour les armes des humains, mises à part ramené de la nourriture. Toutes les grosses armes ne donnaient que de terribles récoltes dans le monde, si elles n’existaient pas, la guerre n’existerait pas non plus. Malheureusement, ce n’était pas le cas : il y a avait bel et bien des armes, et il y avait toujours la guerre depuis très longtemps. Beaucoup trop longtemps. Tout le monde en avait conscience mais personne ne faisait rien. Kendra trouvait cela vraiment pitoyable de la part des adultes qui possédaient des pouvoirs et des responsabilités énormes. Le chef des chasseurs était un homme d’une cinquantaine d’année, qui portait une barbe blonde au reflet gris clair et une moustache qui la rejoignait presque. Ses yeux rentraient dans les orbites et ses cheveux blonds se retrouvaient parsemés de mèches totalement blanche et lui arrivaient aux coudes. Il les ramena en une queue de cheval et tendit un élastique pour qu’Alma fasse de même avec les siens. Puis, il demanda à chaque membre de la tribu partant en mission, de prendre une arme avec lui. Il avait emmené celle qu’utilisait spécialement Gabriel, un fusil à ma taille adaptée pour les enfants, Alma prit un pistolet alors que Quentin et Angelo prirent des fusils de modèles différents. Le chef des chasseurs prit un lance-flèche moderne, et Kendra remarqua qu’il avait accroché un couteau à la lame pointue et tranchante à son pantalon. Il s’agenouilla et Kendra mit une ceinture en haut de sa jupe où il enfila comme un crochet d’accro-branche pour qu’elle garde un petit couteau sur elle, en cas d’attaque aussi proche. Kendra sentit que ses mains devenaient moites. La seule utilisation qu’elle avait du couteau, c’était pour manger. Rien d’autre. Certains s’en servaient pour tuer comme d’autre, habituellement pour couper les aliments. Kendra ne voulait pas devenir une personne de la première catégorie.

— Bon, Klaus, merci d’avoir répondu présent pour nous accompagner lors de cette mission. Tu es le chef des chasseurs, donc la personne le plus expérimenté à l’extérieur, dans les alentours de notre emplacement, et tu es donc le meilleur combattant, qui est une formation de chasseur que peu arrive à obtenir.

Si cela avait été une annonce publique, devant toute la tribu, l’ensemble aurait applaudi par respect, mais la situation n’était pas faite pour ce genre d’approche. On ne pouvait pas prendre le temps de montrer le respect à une personne alors que l’on allait partir dans une mission périlleuse, en petit comité. Le contexte n’était pas bon. Ce fut donc pour cela qu’aucune personne ne félicita l’homme, et il ne semblait pas s’en offusquer, gardant la tête froide pour que tout le monde reste en vie.

— Les membres de cette fameuse association nous a donné les coordonnés de là, où ils se trouvaient. Ils m’ont dit qu’ils seraient dans un 4×4 tout terrain, et qu’un d’entre eux serait sorti du véhicule. J’irai avec Kendra pour vérifier sur ce n’est pas un coup de ses ravisseurs. Bien, allons-y !

L’emplacement ne se situait pas trop loin de la position de la tribu. Cependant, il fallait tout de même marcher. Le petit groupe marcha bien pendant une bonne demi-heure. Il faisait chaud, et éloigné du campement, il y avait quelques rafales de vent qui soufflait fort par intermittence, leur envoyant du sable en pleine figure. Ils restèrent extrêmement silencieux. Ils finirent par monter une dune qui menait vers une partie ou le sable se dissipait un peu, sûrement pour prévenir d’une région un peu montagneuse qui approchait. La voiture était là, un 4×4 gris et haut, il y avait, ce qui semblait être un homme, appuyé contre la portière passagère, les bras croisés, regardant le sol pendant que ses lèvres bougeaient. La vitre arrière était mi-ouverte, il devait sûrement discuter avec une personne qui se trouvait sur la banquette arrière. Il était habillé comme un opartiskain. Le groupe contempla le véhicule et Kendra baissa la tête pour observer ses habits : ils n’avaient rien d’opartiskain.

— J’ai été ravi de te connaître, souffla soudainement Gabriel en la prenant dans ses bras, par surprise.

La jeune fille aussi était heureuse de l’avoir rencontré, lui ainsi que son frère et sa sœur. Kendra n’avait jamais eu beaucoup de mal à se faire des amis. Elle était une jeune fille qu’un bon nombre appréciait, ce qui faisait d’elle, une personne qui ne manquait pas d’amis. Sauf qu’elle arrivait à se sentir trop différente quelques fois. Dans cette tribu, elle n’avait cette impression avec personne, comme si tout le monde la comprenait et semblait au même niveau que ses pensées. La petite fille était contente d’avoir pu connaître cela, au moins deux fois dans sa vie. Elle finit par resserrer l’étreinte que lui offrait Gabriel alors qu’elle sentait Alma les serrer tous les deux contre elle, et elle sentit la main d’Angelo pressée légèrement son épaule. C’était leur au revoir.

— Allez viens ! Il est temps, déclara doucement celui-ci.

Kendra remua la tête lentement avant de suivre Angelo qui s’aventurait déjà à la rencontre des membres de l’équipe du désert. Kendra regarda une dernière fois Alma et Gabriel, cette dernière la prit dans ses bras et lui glissa un collier dans sa main avant de lui faire un sourire.

— Allez va !

Kendra lui répondit par un sourire triste et lui serra tendrement la main avant de retourner. Elle ne pouvait pas se retourner, sinon cela serait trop dur. Elle sentait son souffle devenir tremblant puis saccader alors qu’elle commençait à frémir de plus en plus alors qu’il faisait chaud. La petite fille se força à augmenter son rythme de marche pour rattraper Angelo qui était loin devant. Elle y parvint. L’homme contre la voiture releva la tête et se décolla de l’engin de déplacement. Il portait des habits qui semblait normal à Kendra, familiers même, il avait la peau couleur de bronze ainsi que le crâne rasé. Il ôta ses lunettes de soleil pour révéler des yeux vert brillant. La vitre se releva et le moteur se fit légèrement entendre.

— Vous êtes bien les membres de l’association ? s’enquit Angelo, méfiant.

— En personne, je suis Nico, notre conducteur est Sam et celui qui vient de refermer sa vitre c’est Jean. Vous pouvez nous faire confiance. Si nous n’étions pas ceux avec qui vous avez conversé par talkie-walkie, je pense que vous serez mort immédiatement.

— C’est vrai, concéda Angelo, plus rassuré.

— Puis, je reconnais votre voix, minauda timidement Kendra.

L’homme baissa la tête pour regarder la jeune. La portière arrière s’ouvrit et Kendra comprit qu’elle devait rentrer. Soudain, elle entendit un coup d’arme à feu. Elle sursauta et se retourna, les autres couraient déjà vers eux, attaqués. Angelo poussa Kendra dans le véhicule avant d’y entrer un peu.

— Alma, Gabriel, Quentin, Klaus dépêchez-vous !

Le chef des chasseurs se mit à répondre au tir alors que les trois autres venaient, accélérant leur rythme, le vent sifflant à leur oreille. Gabriel entra dans la voiture en premier, le corps tremblant d’adrénaline et Angelo laissa passer sa sœur, les deux petits passèrent dans le coffre, n’aillant évidemment pas assez de place à l’arrière, pour tout le monde. Quentin aidait Klaus qui semblait être en train de se vider de son sang suite à plusieurs blessures par balles. Ils n’avaient vraiment aucune pitié pour personne, vraiment personne. Angelo fit diversion en tirant à son tour avec le fusil qu’il avait pris. Avec le coffre ouvert, Gabriel descendit pour soutenir son grand frère en dégainant son pistolet. Ils se rapprochaient de plus en plus. Quentin et allongea Klaus sur la banquette arrière et les deux frères sautèrent dans le coffre et Angelo abaissa la portière arrière. Klaus avait la respiration haletante et le couple avait pris des bouts de tissus pour appuyer fort sur l’hémorragie. Alma fit un garrot à une blessure trop saignante au niveau du bras alors que Quentin fit un pansement compresseur à sa jambe. Le 4×4 roulait très vite, ils étaient obligés de se tenir fermement à un appui solide pour ne pas tomber.

— Et la tribu ? Comment allons-nous faire ? se catastropha Quentin.

— Je suis désolé, débuta le conducteur qui au ton de sa voix était , mais il est probable qu’ils aient suivis. Il est donc probable que votre tribu soit : sois prisonnière de l’État, sois morte en son intégralité à l’heure qu’il est. Mais je pencherai pour la première. L’armée est totalement folle, sous le contrôle des conseillers, mais ils ne sont pas totalement débiles.

— Où allons-nous aller ? souffla douloureusement Alma, s’appuyant un peu sur Quentin qui échangeait un regard inquiet avec Angelo. Et comment vont-ils faire s’ils sont emprisonnés ? Rosa…

— Eh bien… nous allons attendre les ordres du chef, mais je suppose que vous serez rapatriés en Opartisk avec Kendra.

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