Chapitre 22 :

23 minutes de lecture

Lors de cette opération, il serait impossible pour Iris de rester calme. On ne lui avait expliqué que très vaguement ce qu’elle devait trouver : des informations que les conseillers avaient recueillies sur la maladie et sur certains pays. L’association n’étant présente qu’en Dheas et en Thuath, il restait la Siar et la Kuyinto. Iris savait que les QG là-bas étaient en cours d’installation, mais il n’y avait pas beaucoup de monde là-bas pour commencer des recherches sur ses pays. Mme. Keys avait dû décider cela sur un coup de tête. Iris n’avait pas d’autre angle de point de vue.

Quand elle avait vu Samuel et Lilian s’éloigner, son cœur s’était serrée, mais elle partait juste après. Elle n’avait pas le temps de réfléchir, mais partout ou elle marchait, elle restait dans ses pensées, et c’était extrêmement dangereux car sa garde se baissait et c’était bien la dernière chose qui devait arriver. Iris, contrairement aux autres agents, possédait une arme sur elle. Cela la rassurait car en plus d’être seule, aucun don de combat ne se révélait chez elle. Iris s’étonnait de l’organisation si méticuleuse en voyant que Marianne avait pris soin de calculer la vitesse moyenne de chaque individu pour que personne ne soit devant eux. Iris ne pensait pas être sortie si longtemps après ses deux amis, et pourtant, elle ne les vit pas à l’horizon. Marianne tenait beaucoup à la concentration et à la réussite de cette mission. Iris la comprenait très bien car Marianne n’appréciait tout d’abord pas essuyer un échec, mais en plus de cela, la pression sur ses épaules que lui fournissait Amanda devait la ronger. Particulièrement pour cette mission puisque Mme. Keys en attendait beaucoup et ne supporterait pas de tolérer une défaillance. Une envie pressante de jeter puis d’écraser le talkie-walkie vint dans sa tête car elle jugeait cela inutile et en entendit la preuve même.

Alors qu’elle arrivait et entrait dans le bâtiment où elle était destinée à accomplir sa mission, Marianne la prévint qu’une déconvenue se passait pour son petit-ami et son ami mais qu’elle lui interdisait formellement de revenir et qu’elle n’hésiterait pas à la harceler d’appel audio par le machin. Ce qui dissuada surtout la jeune fille aux cheveux auburn, c’était que Marianne pouvait exactement savoir où elle se situait car des puces électroniques avaient été inséré dans l’appareil de communication. Cela l’a rendu rageuses car elle n’appréciait pas qu’on lui montre un signe de comme quoi ils ne lui faisaient pas vraiment confiance mais Iris l’ignora et continua sa marche, savant pertinemment que les répercussions seraient énormes si elle désobéissait. La jeune surdouée ne se souvint pas d’avoir déjà marché aussi vite, elle ne savait pas en donner de la tête, et pour cause : aucune indication d’une salle fournit, aucune aide, et il y avait sûrement une vingtaine de salle à chaque étage. Iris n’arrêta pas son ascension dans les escaliers. Elle débuterait ses fouilles par l’étage le plus haut.

Ses mains moites glissaient à la rambarde métallique et son cœur battait si vite qu’elle avait l’impression qu’il lui faisait mal à chaque bond. Essoufflée, elle devait monter sans perdre de temps. Elle ne se risqua pas à aller de deux marches en deux marches car ne possédant, ni de chance, ni des qualités d’équilibriste, elle pouvait tomber et dégringoler à l’étage dans dessous. Elle se stoppa que lorsqu’elle fut en haut, et s’immobilisa un moment, un peu courbé, les mains suantes contre un mur, respirant si fort qu’elle crut avoir de l’asthme. Iris toussota et s’appuya contre le mur, avec une respiration toujours aussi profonde et bruyante. La jeune femme avait du mal à comprendre, ces dernières semaines, avaient été sans aucun doute, les plus physiques et éprouvantes de sa vie puisqu’elle n’était pas habituée au sport, alors pourquoi elle ne se retrouvait même pas capable de monter tranquillement quatre étages et de repartir au pas de chasse aussitôt ! Iris releva la tête et donc son regard et remarqua que le bâtiment cubique possédait une face baie vitrée sur quatre étages.

Le dernier étage ne faisait qu’un seul couloir assez large ouvrant toute la vue panoramique que la baie donnait sur le jardin au centre des bâtiments. Les salles devaient être monstrueusement immenses. Elle s’approcha et colla ses mains aux vitres mais son corps resta à l’écart de la vitre comme si cela serait possible qu’elle se brise et qu’Iris tombe par terre. Une chute de quatre étages, cela ne pardonnerait pas. Elle souffla et contempla le jardin. Tous ses bâtiments, tout cet espace déployé, toute cette nature magnifique pour les conseillers et les enfants à leur botte pour les aider. Pour les six conseillers, pour Cassandra, pour Kilian. Elle frissonna, en priant pour ne pas les revoir. De toute manière, pourquoi seraient-ils ici ? Les deux adolescents n’avaient absolument rien à faire. Cela rassurait Iris de penser qu’ils n’étaient pas dans les parages.

Elle attrapa la poignée de la première porte et l’ouvrit. Si toutes les portes étaient ouvertes, cela arrangerait beaucoup Iris car cela lui facilitait un peu plus la tâche et l’avançait au niveau du temps. Heureusement pour elle, les membres de l’association l’avaient muni d’un passe-partout. Comme quoi, certaine fois, ils pouvaient faire preuve d’intelligence et de prendre une brillante initiative. Iris referma la porte derrière elle en essayant de faire le moins de bruit possible. Elle ne savait pas si actuellement il y avait des personnes dans le bâtiment, elle préférait se montrer discrète. Elle n’était pas censée être ici, et se retrouver entre les mains des conseillers s’avérait terrible, et elle s’en doutait bien. Elle n’en avait rien à faire de mettre tout sens dessus dessous, elle fouilla les poches des manteaux accrochés, éplucha chaque dossier que contenait cette salle avec rigueur, mais prit un malin plaisir à mettre tout dans le désordre. Sauf qu’elle réalisa que ce n’était pas les conseillers qui allaient ranger tout cela mais les employés aux ménages. Elle se sentit ridicule et se promit de ne pas faire cela avec les autres salles, du moins, pas autant. La jeune surdouée se retrouva vite agacée, et pour cause, les dossiers ne lui apportaient rien. Les papiers de cette salle n’apportaient aucune indication voulue. Les dossiers concernaient juste l’identité des enfants et des adolescents se trouvant dans le bâtiment, avec une fiche détaillée sur leur santé, mais rien émettant une information sur la fameuse et terrible maladie. Iris grinça des dents, déjà énervée. Mal parti. Le talkie-walkie émit un bruit sonore et Iris le déclencha alors qu’elle ouvrait un tiroir du premier bureau.

— Alors, Iris ? s’enquit Marianne en toussotant. Que trouves-tu ?

— Rien d’intéressant, grogna Iris de mauvaises humeurs, hésitante à exploser l’appareil qui la gardait en contact avec tous les autres.

Parler n’arrangerait en rien son humeur et son état d’esprit, cela l’empirerait. Elle ne fit aucune remarque et garda le silence en entendant le soupir de Marianne qu’elle sentait tendue.

— On a réussi à échapper Maryline, annonça calmement Marianne.

Premier soulagement, Iris était contente que son amie aille bien. Pourvue qu’elle soit encore en vie après cette mission pour la revoir.

— Malheureusement, après avoir stabilisé l’état de Lilian, nous avons dû le transporter le plus vite possible à l’hôpital.

Première grosse angoisse. Est-ce que Lilian allait finir comme Loan ? Juste, l’effet de l’imaginer entre la vie et la mort, respirant grâce à une machine, ne rendait pas du tout bien Iris. Elle ne commenta pas et s’activa un peu plus rapidement, estimant qu’elle était trop lente.

— Samuel est blessé à l’épaule, je crois bien que c’est assez grave pour son bras mais les dirigeants qui sont dans la cahute pour prendre les meilleurs choix ont décidé qu’il reste. De toute manière il ne serait pas parti tant que tu ne sois pas revenu. En tente pas de communiquer par talkie-walkie avec lui, je t’en prie.

— S’il perd son bras à cause de cette personne, je viendrais le buter.

Marianne ne réagit pas à sa phrase, mais un frisson d’horreur lui parcourra l’échine. Elle ne pensait pas qu’Iris soit prête à autant de violence pour venger ses amis et tous ses êtres chers. La communication fut coupée, et Iris quitta la salle qui n’avait été qu’une perte de temps comme beaucoup d’autre allait l’être aussi. Plus tard, des personnes découvriraient des salles ouvertes, avec des papiers par terre ou roulés en boule dans une corbeille remplie à ra le bord. Cela aurait été des innocents, Iris aurait été peiné, mais c’était pas rapport aux conseillers. La jeune fille n’en avait donc complètement rien à faire et cela la rendait heureuse, cela l’arrangeait même de foutre la haine à ses adultes irresponsables qui se proclamaient dirigeants. Dirigeants à deux balles surtout. Iris fixa un moment le talkie-walkie et retourna se cacher dans la salle en se rappelant le numéro pendant la joindre directement à celui de Samuel. Elle s’assit contre le mur et vérifia que la communication était bien pour parler :

— Sam faut que t’aille immédiatement à l’hôpital. Ton bras… il a besoin de soin urgemment ! vociféra-t-elle.

Elle le devinait bien en train de sourire, toucher par son attachement

— C’est mon épaule, pas mon bras, rectifia-t-il à tort.

— Sauf que cela impactera si tu ne le fais pas soigner !

— Iris, je ne partirais pas tant que tu restes dans le bâtiment où tu es. Trouve ce que tu dois trouver, et on partira tous les deux à l’hôpital après. Et on s’assura de la santé de Lilian.

Iris s’apprêta à refuser sauf que Samuel avait anticipé ce qu’elle comptait dire après un silence et la devança. Il la sermonna en disant que s’il lui parlait, c’est qu’il n’était pas en danger de mort mais que contrairement à lui, elle jouait actuellement sa vie et qu’au moindre faux pas elle pouvait mourir. Il lui intima de se dépêcher. Iris en avait perdu sa voix et n’arriva pas à lui lâcher un seul mot. Elle ne trouva pas le courage de répondre et coupa la communication. Elle souffla et se relevant lentement avant de rester immobile. Soudain, le fait de devoir accomplir cette tâche lui sembla impossible, mais elle continua quand même alors que Marianne commença à lui envoyer dans la figure qu’elle devait s’activer avant que le jour arrive et qu’il y ait des personnes dans ce bâtiment s’attelait à leur propre activité. L’idée de la puce électronique la dérangeait car elle avait impression d’être espionnée par une caméra qui la filmait. C’était pareil, ils surveillaient chacun de ses déplacements comme s’ils avaient peur qu’elle ne remplisse pas sa partie du contrat. Elle repartit dans le couloir et décida de changer et d’aller à la toute dernière salle. Elle y fonça tête baissée comme si elle était déterminée. La jeune fille souhaitait obtenir ses informations pour elle, pas pour l’association qui les envoyait droits vers la mort, elle les voulait pour juger qu’en faire et quoi faire dans la situation. Car tout commençait à dérailler dans le monde. Vraiment tout. Lorsqu’elle entendit que ses chaussures faisaient du bruit sur le carrelage propre du dernier étage, elle jura discrètement dans un souffle puis se força à marcher vite mais d’un pas plus léger.

— Iris ?

La jeune fille se pétrifia alors qu’elle perdait totalement le nord. Elle pâlit comme si son sang ne circulait plus dans ses veines, et réussis à peine à relever la tête pour lui faire face. Il semblait avoir changé, peut-être qu’il la dépassait encore plus, mais son visage… elle ne le lisait plus comme dans un livre, elle ne reconnaissait plus son regard. Pourtant, c’était bel et bien Kilian qui se tenait en face d’elle, avec une expression inquiète et sérieuse sur le visage. De son côté, Kilian trouvait son ancienne meilleure amie plus sombre qu’à l’accoutumer, surtout qu’elle ne réagissait pas et ce n’était pas dans ses habitudes aussi. Il ne s’en ravissait presque sans pour autant être méchant.

— Qu’est-ce que tu fous là ? Déguerpis d’ici immédiatement avant que les conseillers sortent à leur tour ! ordonna-t-il.

Iris ne faisait pas exprès de faire la sourde oreille. La jeune femme était juste beaucoup trop choquée. Elle avait prié pour qu’il ne se trouve pas dans ce bâtiment. Surtout pas lui et Cassandra. l’impression de nager dans un cauchemar n’en était plus une. La voir si démunie et immobile le décontenança et il s’avança jusqu’à elle alors qu’elle le fusillait du regard. Au moins, c’était déjà cela. Il était beaucoup plus grand et il pouvait influencer de sa taille pour paraître menaçant mais il ne le fit pas, en tout cas, pas consciemment.

— On sait tous les deux que tu n’as rien à faire ici et que tu n’as plus le temps. Je ne sais pas pourquoi tu es là, mais un jour je le serais. Là, tu dois partir avant que tu te fasses attraper.

Mais elle ne bougea pas, mais lorsqu’elle s’apprêta à répliquer, que sa main fit un geste hargneux, que ses yeux reflétaient toutes la haine et l’incompréhension qu’elle éprouvait pour lui, des voix et des bruits de chaises se firent entendre. Kilian se décomposa mais ne se laissa pas surprendre de force il attrapa Iris et ouvrit une porte pour la jeter dans la pièce alors qu’elle se retournait pour lui hurler dessus. Elle eut la présence d’esprit de l’écouter lorsqu’il mit son index sur sa bouche pour lui faire signe de se taire et referma la porte. Iris ne demeura pas tétanisée mais inquiète. Elle n’avait aucune confiance en Kilian et ne savait pas s’il l’avait mise dans cette pièce pour qu’elle soit mieux capturée ou pour réellement la sauver. L’idée de sortir de la pièce l’attirait mais elle y renonça, elle s’approcha de la porte et colla son corps contre celle-ci au cas où il y aurait une discussion, et elle eut juste.

— Détends-toi Kilian. Tu verras, cela sera beaucoup plus simple avec le temps, tu as plein de réunions qui défileront dans ta vie, que ce soit d’une importance capitale ou non. Certes, c’était la première où tu étais réellement considéré conseiller, mais c’est ce que tu es maintenant, pas de tracas.

Iris supposa que la femme qui venait de lui dire cela était une conseillère. Sûrement la plus jeune, elle avait oublié son nom. Elle essuya les mains sur son pantalon. Kilian n’avait pas répondu et elle entendit la voix de Cassandra dire qu’elle allait se coucher, et une autre, sûrement celle de Liam ou Charles dire bonne nuit. Peut-être qu’il n’était pas un salop finalement. Elle n’en savait rien, elle ne voulait pas savoir.

— Tu peux m’expliquer ce qu’il passe ? Parce que je vois bien qu’il s’est passé quelque chose même si tu es resté impassible devant eux, déclara une voix qu’Iris ne reconnut pas.

— Tant qu’eux ils n’ont pas remarqué, tout va bien pour le moment, souffla Kilian.

Iris fouilla dans sa tête en quête de réponse mais ne trouvait pas qui c’était. Sauf qu’elle était persuadée de l’avoir déjà entendue. Elle recula, moins confiante et fixa le talkie-walkie et tapa le numéro pour communiquer avec Sam.

— Iris tu n’as pas le temps de bavarder ! Il faut que tu…

— Sam, je t’aime.

Elle lança rageusement le talkie-walkie alors que Samuel ne répondait pas. Il dut entendre la cacophonie de voix, de la chute et des pas d’Iris. Il s’inquiétait sûrement, et cela faisait mal au cœur d’Iris de l’inquiéter inutilement, mais elle ne pouvait pas faire autrement. S’il donnait l’alerte, les informaticiens de l’association la localiseraient sans aucun problème. Elle ne voulait pas que l’on vienne la chercher. Iris ne savait ce que comptait faire Kilian, ni avec qui il était et le coup qu’il tentait de faire, mais la méfiance ne disparaîtrait pas de sitôt. Elle débrancha la lampe du bureau et s’en servit pour taper sur le talkie-walkie pour s’assurer que la puce électronique soit hors-service. Déverser sa colère lui fit du bien, l’apaisa même et éviterait peut-être un haussement de ton contre Kilian sauf si ce dernier décidait de la laisser toute la nuit là, sous sa surveillance et celle de l’autre adolescent, juste pour la livrer au conseiller. Un goût de bile envahit son palet et elle recula contre le bureau après avoir écarté les débris de la machine de communication. Elle croisa les bras contre sa poitrine et réfléchit. Elle ne connaissait plus Kilian, avant, il n’aurait pas pris la peine d’entretenir une discussion d’explication avec elle, mais ce n’était pas le même adolescent qui l’avait trahi. Il avait changé, comme elle aussi avait changé. Tout comme chaque personne qui évoluait comme il l’entendait grâce à ses décisions dans la vie. En seulement quelques semaines, elle ne savait pas que ce n’était possible de vivre tout ce qu’elle avait vécu, ni de grandir autant.


Kilian entrouvrit la porte juste pour qu’il passe. Qui était-ce garçon qui attendait derrière la porte ? Iris n’aperçut que des cheveux et remarqua qu’il était plus grand que Kilian. Au final, ce n’était pas cela qu’elle était venue chercher, ce qu’elle voulait, c’était des informations sur la maladie mais surtout sur ce que comptaient faire les autres pays. Elle joua avec ses pouces avant de relever la tête pour croiser le regard tranchant de Kilian. Cela lui faisait mal, jamais il n’avait eu un regard autant de reproche pour elle. Pourtant, c’était lui, qui l’avait trahi. Ils restèrent silencieux un moment même si Iris savait qu’elle n’avait plus beaucoup de temps.

— Je… Je crois que l’on doit mettre les choses à plat, et… parler de quelques sujets, je pense.

— Pourquoi y a un gars qui nous attend ? Tu comptes me faire exécuter ?

— Mais, qu’est-ce que tu racontes ? s’étonna Kilian abasourdi. C’est Fred ! C’est juste qu’on dort dans la même chambre, donc il m’attend. Puis, je n’aurais pas pris tous ses risques si je voulais te voir entre les mains des conseillers, puis je ne souhaite pas ta mort.

— Eh bien, cela me dérangerait pas de te voir mort, trancha Iris. Pourquoi traînes-tu avec lui ? N’as-tu pas oublié tout ce qu’il m’a fait et t’a fait avec sa bande ? À toutes les autres personnes !

— Il est comme toi et moi, il a changé ! En bien. Et… oh, zut Iris ! On n’a même plus amis alors pourquoi me prends-tu la tête avec cela ? Je l’aime et je lui fais confiance, je le connais.

— Bien, maudit Iris, fait comme tu veux. Je peux savoir pourquoi tu m’as épargnée, Conseiller Kilian ? C’est ton titre maintenant, où tu préfères Conseiller Mallow ?

— Oublie mon nom de famille directe, rouspéta le blond en levant les yeux au ciel. De toute manière, je compte en prendre un autre. Je t’ai épargnée parce que je sais qu’on doit régler nos comptes, et que tu es venu pour des informations que je sais, et… je serais prêt à parier que l’association fait aussi ses enquêtes.

— Tu me proposes de te dire mes informations en échange de tes informations ?

— Oui.

Iris ne mit pas longtemps à accepter. Elle tergiversa entre mentir et dire la vérité mais elle le connaissait suffisamment que Kilian n’était pas dupe quand on lui mentait. Il le remarquerait directement si elle essayait de fournir de fausses informations. Elle n’avait plus qu’à dire la vérité en espérant que Kilian se montre honnête. Et pour cela… cela lui semblait compliquer.

— Mais avant… Je crois que l’on doit s’expliquer, murmura Kilian.

— S’expliquer ? Tu dois t’expliquer ! hurla presque Iris en le montrant du doigt. C’est toi qui dois t’expliquer ! Tu m’as trahie ! Tu m’as trahie alors que l’on se connaissait depuis toujours ! Tu m’as trahie alors que je te faisais confiance les yeux fermés ! Tu m’as trahie pour l’État ! Tu m’as trahie alors que j’étais ta meilleure amie et tu savais les conséquences que cela aurait sur nous deux !

— Oui, je connais les conséquences que cela allait avoir sur toi. Que tu saurais abattu, et que tu m’en voudrais à vie. Mais je t’interdis de dire que tu savais comme je réagirais !

— Ne t’inquiète pas, tu ne devais pas être heureux mais tu devais t’en ficher ! De savoir que personne ne comprenait, que Mme. Keys ne comprenait pas. Que tes parents ne comprenaient pas ta disparition et ton refus de les voir. Et (elle sortit le couteau qu’elle avait trouvé dans sa chambre), pourquoi cela se trouvait dans ta chambre ?

Le sang de Kilian ne fit qu’un tour et il lui arracha le couteau des mains et le rangea dans la poche de sa veste. Son visage impassible se résorba en un visage qui se rappelait des souvenirs douloureux et cela scotcha Iris et la fit perdre la parole alors qu’elle s’apprêtait à parler encore une fois.

— Mais parce qu’Iris, au fond, peut-être qu’on était meilleure amie, peut-être qu’on se connaissait depuis le berceau, mais je ne me suis jamais confié à toi donc tu ne savais rien de moi ! s’égosilla Kilian.

— Moi… ne pas te connaître, couina la surdouée.

— Non ! Tu ne me connaissais pas, finit-il par dire en se radoucissant pour la suite. Ma trahison s’est précipitée quand j’ai compris que tu m’avais menti. Cela m’a blessé dans mon égo car je pensais que tu me faisais entièrement confiance.

— C’était le cas.

— Non, sinon tu m’aurais dit la vérité. Je t’ai trahi, car peut-être que tu t’en fiches de la maladie, mais pas moi car elle peut me contaminer à tout moment. Alors que tu es une surdouée, et pour l’instant aucun surdoué n’en a été victime. Charles en est mort.

— Peter, le meilleur ami de Samuel est mort aussi, rétorqua Iris.

— J’en suis désolé.

— Je ne crois pas que ce soit juste pour cela. Je comprends, que tu aies été déçu de moi, je comprends que cela a eu un impact sur ta décision. Je sais que la maladie est meurtrière mais…

— Tu t’en fiches, coupa Kilian. Mes parents travaillent pour l’association ?

— Oui, je crois.

— Alors tu connais aussi le pourquoi du comment. Je ne l’ai jamais dit à toi ou à quiconque avant Fred, mais si tout se déroulait comme prévu au bâtiment, je ne pensais même pas revenir dans notre ville.

— Et comment nous l’aurais-tu dis ?

— En face, même si je n’étais pas prêt.

— Et pourquoi tu ne voulais pas revenir ?

— Mes parents, argua Kilian en remontant les manches pour révéler ses bras. Le couteau me servait quelques fois à le faire moi-même, mais la plupart du temps c’était eux. Mes parents sont forts, Iris. Personne n’a rien vu parce que ce sont des excellents manipulateurs. Et ils réussiront à me rattraper s’ils me renferment.

Iris porta une main à sa bouche en bafouillant son réussir à cracher une phrase de sa bouche.

— Tu veux dire que… que… que…

— Je n’ai pas envie de le dire. Je pense que tu as compris.

Iris baissa la tête, honteuse. Finalement, Samuel avait raison lorsqu’il observait que les parents de Kilian étaient vraiment étranges. Jamais Iris ne se serait méfiée d’eux, ses parents non plus, Mme. Keys non plus. Pourtant, Kilian disait la vérité, ses bras le prouvaient, et elle se rappelait maintenant à quel point il était obéissant face à ses parents alors que n’importe quel enfant ferait des crises. C’était comme un coup de massue. Si Mme. Keys savait… Kilian vient se poser à côté d’elle mais il ne la regarda pas, elle non plus. Iris se sentit beaucoup trop gênée et perturbée par certaines révélations. Elle crut qu’elle aurait eu envie de le pousser pour qu’il s’éloigne, mais elle supportait sa présence à côté d’elle. Elle comprenait vraiment pourquoi il l’avait trahi, elle ne serait pas capable de pardonner pendant un moment, mais un jour, elle y arriverait. La surdouée en était certaine.

— Bon, sans vouloir te presser, bien que les dirigeants de l’association veulent sûrement te revoir rapidement, même talkie-walkie cassé, on a passé un marché. À toi l’honneur.

Après tout ce qui lui avait dis sur lui, logique.

— Eh bien, nous savons que la Thuath est très touchée par la maladie et que la reine en est morte. Le roi de Thuath à découvert que le roi de Siar voulait le tuer et compte envoyer une bombe près de son palais. Et apparemment Kuyinto a passé un marché avec eux. Et, la Dheas a les prémisses de l’origine de la maladie, d’après eux, c’est une substance gazeuse causée par la guerre qui affecte le système nerveux. Et toi ? Qu’est-ce que tu as découvert ?

Kilian garda tout dans son esprit, il était loin d’avoir une mauvaise mémoire.

— Le roi de Siar est taré homophobe et pervers, annonça calmement Kilian sachant pertinemment qu’Iris n’attendait pas cela mais que cela attiserait sa curiosité sur ce pays. La Siar à un début de remède à la maladie. Il veut anéantir la Thuath et a passé un traiter avec Kuyinto. Mais Kuyinto veut étaler sa puissance à tous. Devenir tout. Il compte trahir l’Opartisk et la Dheas pour les posséder et après se retourner pour attaquer la Siar puis finir avec la Thuath qui est déjà hors-jeu.

Iris pâlit. Le monde était vraiment en train de sombrer. Puis elle s’inquiéta, Mme. Keys voudrait absolument des papiers pour prouver ses dires et savoir que c’est vraiment la vérité et non un mensonge. La surdouée n’était pas douée pour savoir si les gens mentaient, mais elle savait que Kilian ne pouvait pas. Le plus jeune conseiller de l’histoire avait une place déjà jugée importante aux yeux de ses collègues, il restait sérieux, il n’aurait pas eu le culot sur ce sujet.

— Il me faut vraiment des papiers. Mme. Keys est psychorigide en ce moment, et elle ne croirait pas ta parole, sans vouloir t’offenser.

Kilian hocha la tête et sortit un trousseau de clés de sa poche.

— T’as de la chance que j’ai un bureau et que j’ai pris l’initiative de faire des photocopies. Aller, viens.

— Kilian… T’aurais vraiment risqué quelque chose à m’aider ?

— Alors tu vois, actuellement, je t’aide toujours. Et si je me faisais griller, je pense que j’encourais la peine de mort. Un conseiller qui aide une association rebelle qui veut faire tomber le gouvernement… c’est du beau. Je ne sais même pas pourquoi je t’aide, sûrement pour faire la paix.

Ils sortirent de la salle, et Iris reconnut immédiatement Fred. Elle eut un mouvement de recul, comme à l’époque où il faisait sa racaille pour voler n’importe qui, mais elle se stoppa. Il n’avait plus l’air rebelle et menaçant qu’il prenait à chaque fois qu’il s’attaquait à autrui. Il connaissait l’histoire de Kilian, Kilian avait l’air de connaître son histoire, elle, ne le saurait jamais. La jeune femme avait du mal à se dire qu’à l’époque, elle avait été amie avec lui. Cette époque lui paraissait si lointaine. Une époque où il n’y avait ni Cassandra, ni Marin, juste, eux deux et elle, comme aujourd’hui dans ce bâtiment. Kilian passa une main dans ses cheveux en fixant Fred pour lui expliquer ce qu’il devait faire juste avant de dormir. Iris se tassa sur elle-même, voyant bien que pour le moment elle n’était que comme un fantôme lorsqu’ils se parlaient entre eux, comme la plupart des gens. Mais leur regard en disait long. Fred ne rechigna pas et ils descendirent tous les étages pour que Kilian ouvre une porte en plein milieu. Il récupéra des dossiers pendant que les deux autres attendirent à l’embrasure de la porte.

— Tu as accepté le poste de conseillers pour te tenir éloigné de tes parents ? devina Iris.

— Au début et en partie oui, affirma Kilian en vérifiant qu’il ne se trompait pas de dossiers. Mais maintenant que je sais vraiment ce que je veux et que je suis prêt à m’affirmer, j’ai comme la sensation que je peux vraiment réaliser des choses pour arranger l’état de notre pays.

— Et toi aussi tu es conseiller ? demanda Iris en se tournant vers Fred.

Cela lui faisait vraiment bizarre de lui parler.

— On me l’a proposé, mais pas pour moi. Hors de question qu’un pays dépende de moi, c’est trop demandé.

— Je te comprends, siffla Iris.

Elle entendit une sorte explosion assez proche sans trop l’être, causant une secousse qui faillit faire tomber Iris qui se retint au mur. Elle échangea un regard inquiet avec Fred pendant que Kilian cherchait toujours et ils tournèrent la tête pour regarder près de la baie vitrée. Ce n’était pas une explosion. Un engin volant avait percuté le bâtiment d’en face qui prenait vue et commença à s’écrouler petit à petit. Iris frémit d’horreur.

— Le bon côté c’est que ce n’est, ni le bâtiment des conseillers, ni le nôtre où il y a Cassandra et Liam, informa Fred.

— Pour le moment.

— Kilian grouille, je crois qu’on ferait mieux de sortir comme les autres commencent à faire, j’aperçois déjà certains conseillers ainsi que Liam et Cassandra.

L’intéressé ne s’en fit pas prier puisqu’il revient aussi tôt et lâcha dans les bras d’Iris. Les adolescents n’étaient pas rassurés, ils détalèrent vers la sortie à leur vitesse maximum. Étrangement, Liam et Cassandra se trouvaient avec les membres de l’association rassembler. Les conseillers, par chances, ne les voyaient pas et se rassemblaient avec les autres, du côté opposé. Ils firent tous pour s’éloigner le plus possible, par peur. Iris courra dans les bras de Samuel alors que Kilian et Fred rejoignirent leurs deux amis.

— Toi, murmura Samuel à l’adresse d’Iris. Je veux vraiment que tu arrêtes de me faire de telle frayeur même après avoir dit que tu m’aimais. Tu es complètement folle.

— Pas autant que toi qui ne veux pas faire soigner ton épaule alors que cela pourrait te faire perdre ton bras ! Regarde-toi, tu souffres tellement tu es pâle comme un linge ça fait peur à voir. Pourquoi n’es-tu pas parti comme je te l’ai dit ? Tu veux perdre ton bras ?

— Parce que je t’aime idiote. Je voulais te voir pour m’assurer que tu étais en vie.

Ce fut à ce moment-là que Margot, Alex et Sandra les rejoignirent et que la bombe explosa. Le bruit terrifiant devait s’entendre à des kilomètres à la ronde, la baie vitrée explosa, les bâtiments explosèrent et tout furent saccagés en quelques secondes. Si quelqu’un était dans les bâtiments, il n’avait eu aucune chance de s’en sortir vivant.

— Attendez, où est Marin ? Vous deviez le sortir… Où est-il ! s’écria Iris en regardant autour d’elle.

— Et Théo ? bafouilla Maryline d’une voix chevrotante.

— Marin avait oublié un truc précieux dans sa cellule apparemment, et Théo a dit qu’il le ramènerait avec lui… Ils devaient encore être dans le bâtiment lorsque tout a explosé, sanglota Sandra.

Le cri de Maryline glaçait le sang, la jolie blonde se laissa tomber au sol en pleurant alors que Samuel posa une main sur son épaule, serrant Iris dans ses bras qui pleurait la mort de Marin alors qu’une haine montait. Cassandra était sonnée par l’annonce de la mort de son ami, elle resta immobile au sol, au côté de Liam pendant que Fred serrait Kilian dans ses bras en ramenant des mèches et en chuchotant à son oreille. Puis, le talkie-walkie de Samuel fit quelques bruits, et, toujours dans les bras de Samuel, Iris le prit d’une main.

— Comment allez-vous ? C’est Kuyinto. Le gouvernement a envoyé un avion kamikaze et une bombe là où vous êtes. La guerre entre l’Opartisk et Kuyinto va être déclarée, et Dheas prendra un parti. La guerre va s’intensifier.

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