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« - Ah, mon Toinou ! Ben alors, tu fais pas la moue au moins ? »
Antoine Rigaudin s'était levé, il se dirigeait vers le réfrigérateur pour en extraire une bouteille de lait. Il en bu à grandes gorgées et rangea la bouteille.
« - Non mémé, j 'avais soif. »
Il retourna s'asseoir sur le perron. Il jouait à nouveaux.
Mémé Simone venait de servir une deuxième tasse de café noir fraîchement concocté au joyeux couple.
« - Un sucre ou deux ?
- Pas de sucre, merci, répondit Monsieur Rigaudin. »
Henriette Rigaudin se leva et scruta le jardin, envahie d’une étrange mélancolie :
« - Tu te rappelles, tatie ? Le chant des grillons l'été… On n'entend plus rien…
- Toutes ces saloperies, c'est bon qu'à emmerder le monde et à bouffer mes plants, qu'elle hurle la Simone. »
Une fourmi se met à parcourir la tasse de monsieur Rigaudin et plonge involontairement dans le liquide encore chaud.
« - Ah non ! Les insectes dans le café, c'est insupportable !
- Y'en a partout, que j'te dis ! Et même que les aéronefs que j'pulvérise, ça t'y fait rien à ces garces là !
- Aéronef ? Qu'elle se demande la mère Rigaudin.
- Aérosol, chéri. Je pense que ta chère tante a voulu dire aérosol.
- Ouais, ben, aérosol ou pas, elles crèvent pas facile ces satanées bestioles ! »
Après avoir délicatement retiré la fourmi, monsieur Rigaudin bu son breuvage d'un trait.
« - Et le Toinou ? Qu'elle ajoute la mère Vérac, y va s'choper des bitards avec toute cette vermine là ! Faudrait pas qu'y joue dehors comme ça !
- T'inquiète, tatie ! C'est du costaud à c't'age là, qu'elle lui répond Henriette. »
Antoine Rigaudin, lui, il s'en fiche comme de l'an quarante. Il joue.
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