Mascara matinal
J'écrase l'oreiller de ma tête vidée toujours pas démaquillée.
Éclatée par cette journée destinée. Présentement fébrile dans les bras de Morphée.
Le mascara toxique confond sa couleur de braise dans la noirceur de la nuit, irrite mes yeux sensibles et les nuit jour après nuit.
Ma rétine assassine me supplie de plisser mes paupières et de m'abandonner au crépuscule, l'esprit tranquille.
Flétrie par la lumière tamisée qui me fait de l'ombre à chaque fois que je garde espoir.
Ce faux éclat, je l'éteinds.
Je cesse de lutter contre cet état extrême d'asthénie, me repose sur mes lauriers, fruit d'un effort mérité.
À l'aube, le mascara dévoilera une esquisse, rebelle, sur mon visage.
Et sous mes draps, mon coeur lourd d'amour se débattra, terni par une nuit de sommeil léger.
Une chose est sûre et machinale en ce froid glacial et matinal, je m'extrairai avec un courage monstre de mon refuge douillet, alourdie par mes soucis en spirale que la nuit a tus et en même temps attisés.
Je redeviendrai aussitôt légère comme une plume.
Désirant la vivre à plein poumons cette journée naissante, cette renaissance, le coeur hélas détraqué, mais toujours bien en vie. Je respire.
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