L’Homme insensible
Le problème chez nous, les hommes élevés à la dure, c’est qu’on nous a appris à réprimer nos émotions. Pas le droit de pleurer, pas le droit de se plaindre. Il faut devenir des hommes forts, solides, infaillibles. Mais à quel prix ?
Dès l’enfance, on nous conditionne à ne pas montrer une once de vulnérabilité. Ce qu’on nous retire alors, sans que nous en ayons conscience, c’est notre sensibilité. Cette sensibilité qui a nourri l’humanité, qui pousse à créer, à comprendre, à aimer. Et sans elle, il manque des pièces à notre puzzle.
On nous apprend à bâtir notre fierté sur ce que nous possédons, sur l’image que nous renvoyons au monde extérieur. Mais tout cela est superficiel. Nous savons ce qu’est “avoir” : avoir une femme, avoir des enfants. Mais savons-nous ce qu’est “être” ? Être un bon mari, un bon père ? Trop souvent, nous passons à côté de l’essentiel.
Nous sommes insensibles et, ironiquement, cela nous rend faibles. Incapables de comprendre nos émotions, incapables de saisir la beauté et la profondeur de ce monde.
Mais peut-on vraiment en vouloir à ces hommes « forts » qui ne sont, au fond, que des enfants blessés ? Des enfants vulnérables, forcés à cacher leur sensibilité, forcés à colmater les brèches d’une éducation qui a laissé des cicatrices profondes dans leur âme.
Cela dit, je ne cherche pas d’excuses, ni à nous faire passer pour des victimes. Je tiens simplement à rappeler que nous avons, nous aussi, le droit de pleurer. De plus, mesdames, je tiens à m’excuser. Pardon, nous ne sommes pas encore à votre niveau. Mais peut-être qu’un jour, avec le temps et la compréhension, nous apprendrons à réparer ce que l’on nous a brisé. Peut-être qu’un jour, nous pourront être des hommes entiers.
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