Belle instantanée
de
Bouvaise
Assis sur un banc j’égrainais les dernières heures de ce mardi d’octobre, croyant vivre un de ces jours comme les autres. Je ne savais pourtant pas à quel point celui-ci serait différent pour moi. J’étais venu à tout hasard, au cas où, n’espérant rien et tout à la fois. Un de ces tourments de l’esprit qui vagabonde dans votre tête cherchant une sortie. J’étais encore fatigué de ce contretemps de santé qui m’avait affecté, mais paradoxalement cet intermède d’un mois m’avait donné une force que je n’aurais pas soupçonnée, acquérant un mental d’acier.
Il en découla que notre séparation au cœur de cet été avait tenu dans ces instants un rôle secondaire. Je n’avais rien gardé de toi, ni photo ni numéro de téléphone. J’avais tout jeté par rage, pour oublier, pour ne plus être tenté et je m’en étais bien sortit jusqu’à présent. Mais aujourd’hui, avant de reprendre le travail, j’étais venu ici pour essayer de te voir, de t’apercevoir plutôt. Je souhaitais rester cacher, par peur, par lâcheté ou alors par fierté, tout ça était tellement emmêlé. Tu me manquais sans me manquer et le temps n’avait pas encore tranché.
Je t’attendais depuis cet endroit stratégique. Assis face au bâtiment, je scrutais ton passage, d’assez loin pour ne pas être pris, d’assez près pour te voir parmi la foule. J’étais à peu près sûr que tu passerais par-là, car tu y déposais le courrier de l’entreprise chaque soir avant de rentrer. C’était le seul lieu ou je ne pouvais pas te manquer, mais rien n’était gagné, tu pouvais être en congés, être malade ou avoir changé d’emploi. Et c’est à ce moment que tu arrivas, mes jambes en tremblait et mon souffle fût coupé simplement à ta vue.
J’étais heureux et triste à la fois, de cette proximité et de cet éloignement. Je te suivais du regard le plus longtemps possible, regrettant presque de ne pas pouvoir le faire autrement. Je reconnu ta démarche, ton apparence, tout ce que j’aimais en toi. J’avais envie de me rapprocher, de courir te rattraper mais je ne pouvais pas. J’étais spectateur de ma vie, ne prenant pas parti, regardant comme un abruti. Ces quelques secondes, je les gravais et je sus alors que la magie opérait. Le piège pour toujours s’était refermé sur cet instantané.
Que me reste-t-il maintenant que les années ont passées. De cet amour que j’ai brisé et regretté de l’avoir fait. Suis-je amoureux de l’amour que je te portais ? Suis prisonnier de cette image en cette journée que j’ai sanctifiée ? Balayant les mauvais côtés qui m’avaient fait douter, je sais à tout jamais que je t’aimais, mais cela seul moi j’en doutais.
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