Le staccato d’un enfant
Bob naît, Bob vieillit, mais Bob ne meurt pas.
Il descend lentement vers le haut de la montagne, laissant derrière lui les nuages. Un mort à chaque main, il monte une araignée aux plumes zébrées. Il entame son ascension vers le monde des Hommes, suivant le lapin aquatique, chantant des sons datant d’une époque future. Sa monture l’abandonne quand se met à pousser le premier arbre. Bob délaisse alors le lapin pour regarder ce végétal. Des fruits commencent à pousser. La joie envahit Bob ; ce sont ses préférés. Il en attrape un et croque dedans à pleines dents. Du liquide rouge gicle et des morceaux restent coincés dans sa bouche quand il se décide à partir. Derrière lui, on peut voir de nouveaux arbres pousser, des têtes d’Hommes germant dans les branches encore frêles. Il continue sa route, coulant le long des troncs, puis trouve, à l’ombre d’une rivière d’or, un être tout de blanc vêtu. Son odeur étincelante permet à Bob d’entendre le danger attirant de sa présence. Le Blanc s’étire alors, dévoilant des ailes d’ivoire, des pieds palmés et une plume à la place de la tête. Cette dernière s’échappe du corps qui la possédait, virevolte, s’envole plus haut dans le ciel puis s’enflamme, ses braises colorant de rouge le bleu céleste. Bob, embrassant ce spectacle, ne voit pas l’être qui serpente jusqu’à lui, ni ses ailes qui arrachent lentement les corps de ses mains damnées. Le sang de ces morts ressort par ses palmes, imbibant le sol maintenant rougeâtre. Dans ce monde de rouge, notre ami Bob, étreignant le Blanc, quitte sa sépulture pour s’engouffrer dans les profondes abysses de la vie.
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