Sous la protection de Sélène
de Zoe Deweireld
Sous la voûte étoilée, la belle Sélène, décidée à se montrer toute entière, diffusait sa douce lumière sur les quartiers de Paris. La ville de l'amour dormirait au calme ce soir ; l'enquête avait abouti, la brigade avait agi très vite et les malfrats se retrouvaient désormais entre les mains du divisionnaire pour un ultime interrogatoire avant d'aller rejoindre les geôles du commissariat. Avant de reprendre la séance, M. Chen avait congédié les héros de la soirée en les obligeant à prendre quelques jours avant de reprendre du service. Ainsi forcés, Aelina, Nathanaël et Livia se retrouvèrent plantés à la porte du bâtiment, qui se scella devant eux. Tous trois soupirèrent. Après quelques échanges de politesse, Livia quitta son ex-compagnon pour aller rejoindre son nouvel amant, laissant les deux autres sur le seuil.
Ils restèrent immobiles un moment, regardant Livia s'éloigner puis disparaître au coin de la rue. Apparemment seuls, chacun s'assura, par un dernier coup d'oeil aux alentours, que personne ne viendrait s'imiscer entre eux. Pas de ragots, pas de regards interloqués, curieux, indécents ou malveillants. Aelina ouvrit la marche en prenant la direction opposée de Livia et Nathanaël la rejoignit en deux enjambées. Arrivé à sa hauteur, il glissa son bras sur ses épaules, laissa pendre sa main au niveau de sa clavicule. Aelina l'attrapa et entrelaça ses doigts aux siens. Bien harnachés à présent, ils cheminaient lentement. Un long silence assourdissant s'installa entre eux, soudainement cassé par la voix satinée de la portraitiste :
- La nuit est particulièrement belle, ce soir. C'est agréable de se dire que cette abomination est enfin sous les verrous. Nous avançons. Même si au fond de moi, j'ai toujours l'impression d'être cette fille perdue. Sans souvenirs, sans avenir ; cette ignorante qui possède des pouvoirs qu'elle sait à peine utiliser.
Nathanaël ne répondit pas tout de suite. Il la scruta d'abord longuement, respirant à plein poumons les légers effluves de fleurs de cerisier qui émanaient de sa grande écharpe dragée. Il ne comprenait pas comment une fille aussi attirante, aussi jolie, aussi spéciale qu'elle, se dénigrait, se maltraitait de cette façon. Ah ! si elle pouvait se voir à travers ses yeux à lui ! Si elle pouvait sentir ce qu'il ressentait chaque fois qu'il la croisait, chaque fois qu'il humait l'odeur de ses cheveux d'ébène, chaque fois qu'il entendait le froissement de ses vêtements, elle saurait alors combien elle est unique à ses yeux, combien elle n'est plus seule, combien il désirait la toucher, l'envelopper de ses bras, de ses lèvres. Il la voulait partout, il voulait être partout : à côté d'elle, sur elle, sous elle, en elle, il brûlait de la posséder et qu'elle le possède à son tour. Son ardeur était telle qu'il se sentait durcir légèrement. Son contrôle s'envolait comme tant de principes qu'il aurait souhaité respecter. Assoiffé, il tenta néanmoins de continuer la conversation :
- Ne sois pas trop dure avec toi-même, ces choses-là prennent du temps. On ne devient pas un être céleste du jour au lendemain, tu peux me croire sur parole.
Un sourire fugace illumina le teint de porcelaine de la jeune femme et dans un mouvement grâcieux, elle resserra son étreinte, lui intimant de l'imiter. Il obéit, aveuglé par sa hardiesse et l'amour sans borne qu'il lui portait. Jamais il n'était tombé amoureux si vite, si fort ; et quand il y repensait, son coeur tambourinait dans sa poitrine, sa raison le quittait, le vil désir de possession s'emparait de son âme et l'alienait. Il retint un soupir et, encore sous l'emprise de ses rêves éveillés, il se mucha dans son cou pour lui offrir un baiser lourd de sens.
Aelina, toujours dans ses pensées, regagna la terre quand elle sentit le souffle chaud de son amant effleurer sa carotide. Une intense vague de frissons déferla sur son corps, réchauffa sa peau endolorie par le froid mordant de l'hiver et finit par se loger en son volcan intérieur, l'obligeant à resserrer imperceptiblement les jambes. Quand il se montrait si vulnérable, si pusillanime, si esclave de sa passion, si impatient, si obnubilé par elle, Aelina sentait que le vide qui l'habitait depuis son enfance s'estompait. Parfois, il s'effaçait totalement, lui offrant l'illusion de se trouver enfin à sa place, d'être enfin légitime aux yeux de quelqu'un, de ne plus être cette orpheline convoitée pour ses aptitudes exceptionnelles et son sang pur. Cette appétence qu'il lui exposait chaque jour un peu plus l'apaisait, la rassurait et éveillait chez elle cette même fougue, cette même envie, ce même besoin de s'unir à lui, de ne faire plus qu'un.
Elle refoula une deuxième salve de frissons, réduisit encore plus l'espace entre eux, si cela s'avérait encore possible et agrippa doucement ses cheveux pour dégager son oreille. La chaleur monta en Nathanaël, ses joues s'empourprèrent, une lueur animale éclaira son regard azuréen, ses veines saillirent et son coeur, comme un tambour, joua une mélodie dissonante. Assailli par ses pensées lubriques, il pressa fougueusement ses lèvres contre celles d'Aelina et sussura un :
- Rentrons !
Nathanaël sortit précipitamment de la voiture sans lâcher la bouche de sa compagne. Celle-ci trébucha en essayant de descendre la marche et atterrit dans les bras du jeune homme qui la souleva et accrocha ses bras à son cou. D'un discret coup de talon, Aelina referma la portière du taxi et tous deux s'engouffrèrent dans le hayon de l'immeuble. Ils gagnèrent le petit sas réservé à l'ascenseur et quand Aelina poussa Nathanaël contre la porte, celui-ci lança l'appel. Le contact froid du métal ne dérangea pas le jeune homme, bien au contraire, il l'obligea à se blottir contre la poitrine chaude de son aimée, poitrine qu'il brûlait de découvrir. Impatient, insatiable, lascif, il tira sur les pans de l'imper d'Aelina et fit sauter l'unique bouton qui le séparait du chemisier noir transparent qu'il aurait bien déchiré un peu plus tôt dans la journée. L'objet de sa convoitise à présent apparent, il n'attendit pas pour passer à l'acte et détruire l'obstacle qui le gênait. À ce moment, une sonnerie retentit et les portes de l'ascenseur s'entrebaillèrent, Aelina poussa Nathanaël à l'intérieur sans arrêter le flot de ses baisers et le plaqua contre le miroir qui vibra sous le choc de leurs corps qui se heurtaient. Le chemisier grand ouvert tomba sur ses frêles épaules faisant apparaître un soutien gorge en dentelle noire, dernier rempart avant la nudité. Aussi téméraire que lui, Aelina s'empara de la veste en cuir noire de l'homme de ses pensées, s'en débarrassa prestement, s'insinua sous son pull bordeaux, le souleva pour atteindre son torse et déposa une envolée de caresses qui le firent gémir. Un sourire mutin se dessina sur les lèvres rougies et bientôt gercées de la portraitiste. Elle reprit ses caresses lascives et plaça ses mains sur celles de Nathanaël qui l'agrippa et plongea les siennes sous les fins plis de sa jupe patineuse. Il remonta le long de sa cuisse, atteignit la jarretière de son bas et attrapa le bord de sa culotte. Il tira dessus pour la faire descendre un peu et accéder enfin à sa fleur secrète. L'ascenseur ralentit. S'arrêta. Sonna. S'ouvrit. Se referma. Reprit sa course lente. Il gravissait un autre étage quand Nathanaël introduisit un doigt en elle, libérant au passage un geignement de plaisir chez la jeune femme. Il adapta son va-et-vient aux halètements que produisait Aelina. Son coeur jouait staccato, son souffle se raccourcissait à chaque minute, il perdait peu à peu conscience.
Le tintinabullement de l'ascenseur les ramena brièvement à la réalité et, soudés l'un à l'autre, ils s'enfoncèrent dans l'étroit corridor qui menait à l'appartement de la jeune femme. Elle ouvrit la porte à la hâte, rattrapa Nathanaël par le col de son pull et le fit entrer dans la petite pièce qui lui servait d'entrée. Elle lui ôta sa veste, retira son pull et commença à déboucler sa ceinture tout en le poussant vers la chambre. Sous l'assaut de leurs désirs, les ampoules s'allumèrent et clignotèrent, la radio grésilla et la télé se cripta. Aelina se sépara du reste de ses habits et les envoya joncher le sol. En sous-vêtements à présent, elle serra les jambes pour garder le peu de patience qui lui restait et finit de deshabiller Nathanaël.
Lorsqu'elle se retrouva face à son membre érigé à peine caché par son boxer, Aelina passa la langue sur ses lèvres et anéantit le dernier obstacle. Gourmande, elle le prit en bouche et fit couler sa langue perverse sur sa verge. Nathanaël geignit, ferma les yeux, laissa sa tête rouler sur le côté comme pour accentuer ce moment de plaisir. Sauvage, Aelina continua sa course langoureuse, allumant au passage un feu intense dans son bas-ventre. Tel un volcan, ce feu ardent se répandit dans tout son corps : sa poitrine se gonfla, ses tétons durcirent, des soubresauts secouèrent son antre mystérieuse.
D'un geste tendre, Nathanaël la souleva, l'allongea sur le lit, lui replia les jambes et s'installa entre elles. Puis, il inséra sa langue vénale dans l'oraison de la femme qu'il aimait profondément. À son tour, Aelina gémit, haleta, gigota les jambes pour amplifier cette onde de plaisir qui était sur le point de la submerger. Quelques ondoiements encore et son désir arriva à son paroxysme. Elle se couvrit la bouche pour retenir un cri rauque, mais Nathanaël l'en empêcha en l'embrassant. Puis il posa sur elle un regard ardent, rempli de concupiscence et d'interrogation aussi. D'un sourire, elle lui indiqua sa réponse et il s'exécuta.
Doucement, il la pénétra et attendit un instant sans bouger, mais un mouvement de hanche d'Aelina lui donna l'accord muet qu'il voulait et il se lança dans la quête du plaisir. Lente houle lascive, il progressa, s'enfonça un peu plus loin dans l'avidité, pressa son corps ardent contre la peau chaude d'Aelina, lui arrachant au passage de petits geignements très agréables à son oreille. Libineux, il accéléra. Allegro, la sueur commençait à perler sur son corps, sur celui de sa compagne qui passa sa main sur son torse en une demande silencieuse d'aller encore plus loin. Fougueux, il prit sa main et la guida sur chaque parcelle de sa chair ; de son autre, il malaxa avidement la poitrine généreuse de la femme qui possédait son âme. Fortissimo, il ondoya plus fort, plus vite ; les cris se mélèrent, se confondirent, brouillèrent les ondes, l'ambiance se chargea d'éléctricité, une moiteur envahit la pièce, une lumière bleutée filtrait à travers les fins rideaux en organza, des parfums suaves emplirent l'atmosphère. Sélène se réjouissait de voir enfin ses protégés accomplir ce qu'elle avait toujours attendu en secret. Sous son regard protecteur, une destinée s'accomplissait, une union naissait et dans le calme olympien de cette rue, un hurlement déchira le voile de silence. Dans un énième mouvement sauvage, Nathanaël rejoignit les cieux en compagnie d'Aelina.
Rassasiés, ils s'endormirent nus, juste couverts par un drap blanc et Sélène les berça de sa lumière divine.
Table des matières
En réponse au défi
Défi érotique #1
Bonjour à tous !
Tout est dit dans le titre ! A force de me promener et de me perdre dans les nombreuses pages de scribay, je me suis rendue compte que les textes érotiques n'étaient pas si rares et plutôt appréciés...
Voici l'occasion de stimuler votre imagination et de vous dévergonder !
Pour ce premier défi, je vous demande de raconter une "première fois".
Cela peut être "conventionnel" ou pas, contemporain ou même fantastique, vous êtes libre de rédiger à la première personne ou à la troisième, vous êtes libre de la forme.
Genre imposé : érotique
Commentaires & Discussions
Sous la protection de Sélène | Chapitre | 10 messages | 2 ans |
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