Partie 6
Rose et Lorna avaient échangé quelques messages le soir du concert, mais plus rien depuis. Deux semaines s’étaient écoulées et comme Rose s’y attendait, la vie avait repris ses droits. Les premiers jours, elle avait espéré recevoir des nouvelles de la chimiste, restant des heures accrochée à l’écran de son smartphone, mais rien n’arriva. Elle avait fini par se faire une raison et chérir les souvenirs de cette soirée à leur juste valeur. Sans ressentir l’amertume que le dernier échange avec Jade lui avait laissée.
Entre ses cours de couture, l’étude des patrons, l’achat des tissus, la conception des planches d’inspiration, sa nouvelle vie d’étudiante en mode lui laissait peu de répit. Elle essayait de faire rentrer le fil dans l’aiguille quand son téléphone sonna. C’était sa mère qui la rappelait. Elle décrocha, les yeux toujours rivés sur le chas :
« Re-bonsoir Maman, les courses sont enfin rangées ?
— Euh, c’est-à-dire… »
Le cœur de Rose manqua un battement lorsqu’elle lut le nom affiché sur l’écran. Elle lâcha son fil et reprit la conversation :
« Lorna !
— Je ressemble tant que ça à ta mère ?
— Non, non, bien sûr que non ! Je suis désolée, j’étais occupée je n’ai pas fait attention.
— Je vais te laisser tranquille alors.
— Non ! Je viens de finir, prétendit Rose. Je suis contente que tu aies appelé.
— Il le fallait bien, ça fait deux semaines que j’espère entendre raisonner notre balade, reprocha gentiment Lorna.
— Tu attendais mon appel ? demanda-t-elle incrédule.
— Bah oui, je pensais que c’était clair pourtant.
— Je … pardon … je n’avais pas saisi. Je ne voulais pas te déranger, tu dois être occupée entre tes études et ton job à la BU.
— Mouais, mouais, admettons. Vu que je suis gentille, lança-t-elle d’un ton joueur, je t’offre l’opportunité de te racheter.
— Avec joie ! Dis-moi ce que je dois faire.
— Samedi soir, on fait une petite soirée à l’appartement avec Jade. On va cuisiner coréen, écouter de la musique et se raconter des potins. Tu es invitée à te joindre à nous.
— Vraiment ? demanda Rose suspicieuse. Jade est d’accord ?
— Évidemment qu’elle est d’accord ! C’est elle qui a proposé que tu viennes !
— Ah bon ?
— Elle a dit que vu que tu venais d’arriver à Paris, tu ne devais pas connaître grand monde, donc je me permets de la citer : « faisons une fleur à Rose et invitons là ! »
— C’est très gentil de sa part, enfin à toutes les deux.
— Du coup c’est d’accord ?
— Oui, avec plaisir, lâcha-t-elle, un poil trop enthousiaste.
— Génial, on compte sur toi alors ! Je t’envoie mon adresse de ce pas.
— Merci ! Est-ce que je peux apporter quelque chose ?
— Euh oui sûrement … Mais il faut que je jette un œil à nos placards d’abord. »
Son téléphone lui indiqua un double appel. Cette fois-ci c’était bien sa mère. Rose reprit la parole :
« Je suis désolée, je vais devoir raccrocher, ma mère essaie de me joindre.
— Les mamans avant tout, répondit Lorna. C’est bon pour samedi ?
— J’y serais, sans faute ! À samedi.
— Bisous ! »
Rose quitta la conversation in extremis pour répondre à sa mère. Elle donnait vaguement le change, l’esprit perdu entre la soirée à venir et les bisous de Lorna.
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