Julia & Olga

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(2022 - Réalité : Julia & Olga)

 Son discours était émouvant. Elle a respecté la requête de Viviane, espérant sauver ainsi quelques vie. Le shérif et ses agents — Brook et Fields — ont pris note de chaque détail, retraçant le déroulé de cette sordide histoire. Déterminés à faire tomber cette structure malsaine, ils s'en vont, lentement, laissant quelques mots de soutien à cette victime.

  — Ça va aller, on s'occupe de cette histoire. Vous pouvez être sereine maintenant. Vous êtes entre de bonnes mains. Nous partons. Nous allons les faire tomber !

  — Merci. Merci à vous.

  — Nous reviendrons vous visiter prochainement, Olga. Bon rétablissement.

 Sur ces mots, ils passent la porte, la laissant seule fasse à ses pensées torturées, alors que le crépuscule approche. Peu après, l'infirmière se rend dans sa chambre avec un plateau-repas.

  — Me revoilà Madame Stempson. Alors cet entretien ? Ça va ? Vous tenez bon ?

  — J'ai dit ce que j'avais à dire. J'ai raconté mon histoire, aussi triste soit-elle. Vous savez, j'ai tout perdu ces treize dernières années, dit-elle en pleurant. Mon époux. Mes filles. Mon emploi. Ma vie, en fait.

 Un silence s'installe et ses sanglots s’apaisent.

  — Maintenant que le voile est levé, que mes tortionnaires vont tomber, je me sens libre. Je n'ai plus rien à perdre.

  — Ne vous inquiétez pas Olga, maintenant plus rien ne vous arrivera, dit-elle en posant le plateau sur la tablette à côté du lit médicalisé. Je comprendrais si vous me dites que vous n'avez pas faim, mais essayez tout de même. Essayer de manger un peu. Je reste avec vous. Je vais vous aider.

  — Je veux bien de l'eau, s'il vous plaît.

  — Bien sûr.

 L'infirmière actionne la manette de commande du lit pour faire s'asseoir Olga.

  — Tenez, lui dit-elle en lui glissant le verre dans la main gauche.

 Soudain, Julia est appelée par une collègue infirmière, qui hurle à l'aide dans le couloir.

  — Je dois … Je peux vous laisser ?

  — Faites, faites, répond-elle un peu désespérément.

 Julia quitte la pièce, qui devient rapidement silencieuse. Elle laisse Olga dans ce silence alors qu'à quelques mètres règne une agitation particulière. Elle court dans le couloir à la recherche de ses collègues qui semblent en difficulté. Vous êtes où ? Dans le hall de l'étage, vite, on a besoin de toi, crie l'une des deux. Julia s’essouffle mais arrive finalement dans le hall où se déroule une scène plutôt étrange. Un homme, légèrement en surpoids, un jerrican rempli d'un liquide inconnu à la main, hurle fièrement quelques mots en ukrainien. Mais alors que les soignantes tentent de l’apaiser, puis de le maîtriser, il les asperge avec ce liquide qui, à en croire les réactions immédiates, est hautement corrosif. Julia y échappe de justesse, tandis que les deux autres infirmières, mains sur le visage, hurlent de douleur, tentant d'arracher leurs peaux qui les brûlent, se liquéfie et se désintègre sous leurs ongles. Les yeux, les oreilles, la bouche, tout est boursouflé, se transformant en d'immondes cloques qui éclatent. Les visages s'effacent et les cris se taisent. Julia est pétrifiée. Elle regarde fixement cet homme, quand il prononce enfin quelques mots compréhensibles avec un accent à la sonorité russe :

  — C'est pour Olga que je suis là !

 Puis il se met à courir en direction de Julia, qui fait de même, fuyant à toute allure se dégénéré. Le liquide gicle quelque peu sur la main de l'homme qui la suit de près, mais ce dernier n'y prête pas attention, obnubilé par la capture de sa proie. Julia détale, sème ce psychopathe et, comme prise d'une intuition, se rend à la chambre d'Olga. Elle ne tardera pas à la découvrir morte, les murs blancs repeints de son sang noirâtre, comme déjà coagulé. Julia s’effondre à genoux, dépitée, anéantie, ne sachant plus quoi faire.

  — Coucou !

 Elle se retourne lorsqu'elle entend et reconnaît cette voix. L'homme au jerrican est debout devant elle. Elle a alors à peine le temps de reculer et de hurler qu'il l'asperge entièrement et d'un tour de bras avec ce liquide mortel. Le corps tout entier de Julia se désintègre, moussant, fumant, en dégageant cette odeur de putréfaction. L'homme, voulant accéder à la chambre d'Olga, marche délibérément sur le thorax de sa victime agonisante, lui éclatant les côtes dans un bruit presque trop franc. Mais constatant tristement que Olga n'est déjà plus de ce monde, il fait demi-tour, marche à nouveau sur le cadavre en décomposition de Julia et s'arrête sur elle. Il brandit alors une dernière fois le jerrican et s’asperge lui même du fameux liquide. Il laisse son corps être dévoré par l'acide, fusionnant avec celui de Julia. Il se décompose dans ce couloir de l'hôpital, parvenant tout de même à hurler pour derniers mots :

  — C'est pour Olga que je suis là ! Olga... Van... Oaken !

Fin

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