genèse sous angle d'enfants sages
au jardin d'édèn avec son potager à jolis potirons et ses bacs à aromates, dans le fond édèn arrose les scaroles dans son étroite salopette
l'arbre à qui faut pas toucher fait face à l'arbre à qui faut toucher, ils sont identiquement chargés de fruits de peu-importe-quoi
adan et ève se galochent avec velouté, nus, tête aux pieds croûtés d'argile sèche
une plaie mal suturée balafre le torse d'adan, c'est par où on lui a sorti l'ève, ses caresses se font de plus en plus entreprenantes
ève - éden dis, ça te gêne si je copule avec adan là maintenant
édèn - deux minutes, je finis ma rangée de bettes et je suis décampé
ève - pas contre toi, mais c'est qu'on a rien de mieux à faire d'une manière générale
édèn - pas de blème gamine, je me doute bien qu'on vous a pas mis là pour cueillir les courgettes, plutôt l'inverse à dire vrai, vous êtes sortis de terre comme des cucurbites, et personne demande aux courges d'aider au potager
ève, pendant qu'adan lui malaxe les loches - je voulais pas te mettre mal à l'aise comme c'est ton jardin t'as rien demandé et vlan un matin on t'a rajouté deux bulbes humains, la moindre des choses serait de pas déranger notre hôte
édèn - t'inquiète pas va té, pas besoin de courbettes avec moi, et puis c'est pas comme si vous vous vous rendiez compte de quoi que ce soit après tout, vous mater c'est comme assister à ce que deux papillons se courent après en printemps, ç'a cette touche poétique qu'en viendrait même parfois à me foutre la larme au coin de l'œil
ève, pendant qu'adan la prend en levrette, saccadément - vrai tu dis, la nature est belle, tu fais du vachement bon boulot avec ce jardin
édèn - que veux-tu, c'est ma fierté
ève - sûr, pas tous les jardineurs peuvent se targuer qu'il lui sort des humains de terre, on a dû nous poser là parce que ça devait être le meilleur endroit du monde pour éternellement baiser
édèn - et cette vue
ève - toute la vallée, je m'en lasse pas
long soupir commun, adan retourne ève pour la mettre en état de sucer goulûment
édèn - ma ptite ève
ève - hm
édèn - tu crois donc que t'en auras jamais marre de juste faire ça
ève, branlant pendant ses réponses - quoi ça
édèn - te faire fourner à longueur de journée
ève - moh, je le comprends bien de m'avoir arrachée de sa poitrine, il devait se sentir seul quand il était tout seul, moi-même si j'avais poussé la première je me serais arraché aussi la côte, mais j'aurais pas eu besoin d'en faire un homme parce qu'avec une côte, une femme a déjà bien assez de quoi s'occuper, mais comme adan a poussé homme, il a bien fallu qu'il me fasse femme pour avoir quelque chose à se mettre, c'est tout logiquement, et puisque je me suis mise à exister pour ça je vois pas pourquoi je me mettrais à faire autrement à aucun moment donné
adan éjacule, pousse un râle, enfin se love en fœtale autour des mollets d'ève agenouillée
édèn - t'as donc jamais songé à ce que ça puisse être mal ce que vous faites
ève - mal, pourquoi mal puisque ça lui fait du bien et à moi aussi un peu de temps en temps quand il dure
édèn - du bien oui, du bien
ève, en essuyant le sperme par terre - enfin pourquoi mal, tu me dis justement que ça t'émeut comme les papillons du printemps et ça serait mal
édèn - ça serait mal si vous saviez
ève - je sais pas
édèn - non
ève - je savais pas que je savais pas
édèn - maintenant tu sais
ève - je sais
édèn - tu sais que tu sais pas, si tu savais alors il faudrait arrêter de baiser parce que ce serait devenu mal
ève - qu'est-ce qu'on fait différemment en le sachant
édèn - rien, vous baiseriez tout pareil si vous saviez, mais rien que le fait de savoir ferait que baiser serait mal
ève - si baiser c'est bien et savoir qu'on baise est mal, alors ce qui est mal c'est pas baiser, c'est juste savoir, donc autant pas savoir
édèn - exactement
ève - savoir quoi
édèn - je vais quand même pas te le dire
ève - sinon quoi
édèn - sinon les petits hommes qui te sortent du ventre tous les neufs mois tu te mettrais à les appeler tes enfants et toi ils t'appelleraient leur mère alors tu ne serais plus femme, il faudra que tu sois mère et une fois de plus mère à chaque fois que ton ventre pond un homme
ève - ces petites bêtes-là servent donc à quelque chose
édèn - non, pas vraiment, mais si tu savais tu te mettrais à croire qu'ils sont la matière la plus précieuse au monde, tu les pendrais deux à deux à tes mamelles et tu les dorloterais en bavant d'admiration sans raison apparente
ève - zut alors, ça avait l'air bien, moi qui en enterre un tous les neuf mois parce que je sais pas trop quoi en faire
édèn - alors, tu les regarderais pousser jusqu'à ce qu'ils deviennent aussi grands que toi, pour qu'enfin ils vous baisent toi et leurs sœurs pour faire couler des ventres d'autres comme eux et ainsi de suite
ève - mais pour quoi faire
édèn - pour qu'il y ait plus de comme vous de par le monde, qu'ils pullulent les continents et s'entre-envahissent par les mer pour enlever les femmes du voisins et être sûrs que les seuls hommes soient eux
ève - mais ils sont tous eux
édèn - je sais, ce serait long, cruel et absurde, puisqu'ils ne penseraient qu'à baiser et comme ils sauraient, il sauraient que c'est mal, et ils le feraient quand même
ève - mais ce serait mal
édèn - et ils le feraient quand même
ève - pourquoi est-ce qu'ils ne le feraient pas sans savoir un peu comme ça que ça soit bien
édèn - quand on a su, rien ne peut faire désavoir
ève - té, je voudrais bien pourtant, ton histoire m'a pressé le vomi aux lèvres
édèn - c'est pourquoi il ne faut pas toucher à l'arbre-qu'on-saura-une-fois-qu'on-l'aura-mangé
ève - oui, on nous l'a dit et répété, pas touche à l'arbre à qui faut pas toucher, et touche-touche à l'arbre à qui faut toucher
adan, attrapant les fesses d'ève, pouffeur - touche-touche
ève, maternelle - oui, c'est ça adan, touche-touche
édèn - surtout si vous saviez, on vous ferait mourir
ève - mourir pourquoi
édèn - pas tout de suite mais lentement
ève - c'est pas un parce que très éclairant
édèn - on vous ferait mourir parce qu'on veut pas qu'on puisse savoir et vivre toujours, ça vous rendrait pareil qu'on est
ève - on est sacrément susceptible
édèn - on n'y peut rien
ève - tu m'as fichu le cafard éden, j'ai même plus envie d'adan
édèn - ça reviendra, vous avez pour toujours devant vous
un temps
ève - c'est long pour toujours
édèn - très long
un temps
ève - depuis longtemps
édèn - depuis toujours
ève - c'est drôle, toujours me paraissait pas aussi long avant
édèn - il va falloir faire avec, j'ai fini, je reviendrai m'occuper du jardin
ève - et de nous
édèn - vous vous occupez très bien l'un de l'autre
édèn sort, ève semble préoccupée
pas à pas, elle se rapproche d'une motte de terre en coin de jardinière
elle en extirpe un bébé plein de vers, mort de ça 3-4 semaines, elle lui caresse la tête assez mal l'air de se demander comment ça s'aime un autre
pendant ce temps adan s'est relevé, il masse son ventre comme le bambin qui veut montrer qu'il a faim, il approche un arbre, se ravise
adan - ève
ève - oui
adan - comment tu fais déjà pour différencier l'arbre à qui faut toucher de l'arbre à qui faut pas toucher
ève - pourquoi
adan - pour manger l'arbre à qui faut toucher, j'ai faim
ève - c'est simple, tu touches l'arbre, s'il fallait pas, c'est que tu t'es trompé, s'il fallait, c'est que c'est le bon
adan, touche un arbre - il fallait là
ève - je sais pas
adan - bah viens voir reste pas ploutée là
ève - même si je viens je saurais pas
adan - comment ça tu saurais pas t'as su le savoir des dizaines de fois avant à chaque fois que je t'appelle à venir tu viens et tu sais ce qu'il fallait
ève - oui mais maintenant c'est plus pareil, maintenant je sais que je sais pas
adan - c'est totalement con, si tu sais pas tu sais pas que tu sais pas, et si tu sais tu sais donc tu sais que tu sais
ève - je sais pas je te dis
adan - il faut faire comme on a dit et je veux que tu me dises quel arbre il faut manger
ève - j'ai pas faim
adan - tu vas pas me faire attendre que t'aies faim pour que je mange
ève - tu me fais bien savoir pour toi ce qu'il faut
adan - tu vas venir j'ai dit
ève - non
adan, la traîne par les cheveux jusqu'à l'arbre - lâche ce truc dégueu et viens
ève - lâche-moi toi
adan - dis-moi lequel faut, dis-moi, dis-moi
adan secoue ève, bave aux lèvres
adan - sinon je te rechange en côte
ève, cri d'effroi - non
adan - alors
ève - c'est celui-là qu'il faut
adan, mastiquant son fruit - je me suis foutu le cœur à découvert pour toi, je me suis amenui pour que tu puisses être, tente encore une fois de faire l'ingrate et je te replie comme une tente pour te reclipser là où ça me sera vraiment utile
il la prend en missionnaire quelques secondes en disant cela, histoire que ça rentre, crachant quelques morceaux de fruit au passage
ève s'en relève titubante, retourne voir le cadavre de bébé
ève - aide-moi, dis-lui
elle a beau le secouer, le bébé ne répond pas
elle part en déterrer un autre
ève - toi, vas-y, fais-lui comprendre
et un autre
ève - quelqu'un, n'importe qui
encore un, jusqu'à ce que les jardinières s'épuisent de leurs bébés morts où les jolis potirons avaient pris racine et tiré leurs forces
plus elle s'y échine, plus adan quitte sa mine goguenarde et est saisi d'inquiétude
il en vient à l'agripper, la bloquer, la battre
lutte
de la dernière motte du dernier baquet, elle tire un long os gris
c'est la côte d'adan
ève - c'est ce que je sais que c'est
adan - quoi, t'as jamais vu une grosse carotte grise dure recourbée avec de la moelle dedans
ève poignarde adan avec sa côte, droit au cœur, plusieurs fois
elle lui est montée dessus, vibre à chaque secousse, les cheveux limonés qui hélicent en tous sens
elle reprend son souffle
ève - c'est édèn qui va être fâché, tout son beau jardin
un temps, s'essuie le front
ève - on pourra pas nous reprocher quoi que ce soit, puisque l'arbre à qui faut pas toucher reste intouché, je sais toujours rien
elle retire doucement la côte dont la longueur est badigeonnée de sang, vérifie que ça coulisse fluide autour des doigts
ève - en tous cas, ce soir, c'est ma fête
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