Un trésor de gentillesse

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Le monde entier était flou depuis qu’il avait pris un mauvais coup à la tête. Ça ne l’empêcha pas de se révulser alors qu’une ombre sombre l’approchait, tirant sauvagement sur ses liens. Il ne put malheureusement rien faire contre cette main qui saisit son bras pour exposer l’intérieur sensible de son avant-bras où se trouvait un vieux marquage fait au fer brulant. C’était son identification.

Lorsque les doigts vinrent dans sa bouche, il ne réfléchit pas une seconde avant de les mordre férocement. Il ne lâcha pas lorsque l’homme beugla. Il ne lâcha pas lorsqu’on le roua de coup de poing. Il ne lâcha pas non plus sous les coups de pieds. Ce ne fut qu’une fois inconscient qu’on parvint à déverrouiller sa mâchoire.

- Il est irrécupérable.
- Je pisse le sang, va me chercher une serviette.

Les deux hommes partirent, laissant le corps immobile sur la chaussée où de multiples esclaves avaient été rassemblés pour le grand départ. Lorsque l’homme battu rouvrit les yeux, son corps était froid et sa vue ne s’était pas améliorée. Il rampa misérablement sur quelques centimètres avant d’être arrêté par ses chaînes. Il n’y avait rien à faire. Il ne pouvait rien faire et pourtant, il se sentait strictement incapable de se soumettre à leur volonté.

Il entendit au loin les acheteurs arriver et cela dura longtemps. Son état suffit à le protéger de leurs doigts. Autour de lui, les bruits de chaînes que l’on défaisait et que l’on refermait de nouveau retentissaient à chaque achat. Recroquevillé sur lui-même, il dut attendre que le froid de la nuit l’ait entièrement gelé pour que cela s’arrête.

A l’avant de la chaîne, ses maîtres discutaient âprement avec le gestionnaire de la ville qui acceptait de reprendre tous ceux qui restait à bas coût. Ils réussirent à fixer un prix et l’homme grommela, déplaçant son corps du bout de sa botte, lorsqu’il le croisa. Que faire d’un tel débris ? Que faire d’un tel sauvage ? On aurait pu s’attendre à ce que son esprit soit totalement brisé et s’il l’était, l’attaque restait sa première réaction.

La pluie se mit à tomber à un moment donné, rendant la situation d’autant plus critique. Ses propres tremblements parvenaient à le blesser. Alors qu’il était au plus bas et que l’employé de mairie allait venir le transporter d’une minute à l’autre, il le rencontra. Bien-sûr, il ne savait pas du tout de qui il s’agissait et sa première réaction fut de montrer les crocs, sauvagement.

La pluie battante ruisselée de son chapeau et le vent qui l’amenait à fouetter son visage lui faisait mal. Il n’avait qu’une envie : rejoindre son bateau et partir de ce continent de malheurs. Le long du port, une exposition d’esclave avait été organisée toute la journée. Ils venaient des quatre coins du monde. Dans la partie riche, il avait vu de très jolies pièces et en avait même acheté quelques-uns qui le suivait docilement sans lien. Heureux d’être achetés. Il n’avait pas pris la peine de venir par ici, où les pièces n’auraient strictement aucun intérêt pour sa collection. Il aurait bientôt toutes les teintes de cheveux, toutes les couleurs d’yeux et toutes les combinaisons possibles. Une fantaisie que son ami l’envoyait compléter en permanence.

Il s’accroupit tout en restant à bonne distance du sauvage. Plusieurs plaies sur son dos étaient infectées et il ne lui donnait pas plus de trois jours sans soin adaptés. Un employé était en train de le récupérer, plaquant sa tête au sol pour éviter les morsures, tirant ses bras vers l’arrière pour le lier, suant sous les efforts pour le manipuler alors qu’il faisait tout pour l’en empêcher. Un pleur échappa à l’esclave lorsqu’il cogna, bien plus fort que nécessaire, juste pour le punir d’être pénible, l’une de ses plaies immondes.

- Attendez !

L’employé se tourna vers le riche sans lâcher sa prise rude sur le corps faible.

- Je vous l’achète.
- Euh… désolé monsieur, mais je n’ai pas le droit de vendre les esclaves de la ville.
- Va chercher ton patron et dis-lui que je veux cet esclave. Il sera content de me le vendre.

Le bruit du corps faible claquant au sol, incapable de rester en équilibre, le fit grimacer. En un rien de temps, l’esclave fut de nouveau coincé à la chaine principale. L’employé partit, l’homme marmonna.

- ça va aller… Tu vas voir… Je vais te retaper. Je suis Ezri et tu ne risques rien avec moi.

Il sombra dans l’inconscience, gardant ce seul nom en tête. Ezri. Son nouveau maître. Son nouveau bourreau.

***

Le bateau tanguait gentiment. Lorsqu’il se réveilla, il lui fallut une minute avant de comprendre qu’il avait été embarqué dans une cale de stockage. Les esclaves de luxe étaient enfermés dans de petits espaces où ils ne pouvaient que rester couchés, collés contre la coque. C’était la première fois qu’il goûtait à la douceur du matelas fin, mais l’espace était tout juste suffisant pour se retourner péniblement et il détesta ça. Il n’y avait pas non plus la moindre lumière, comme lors de ses précédents voyages. Par contre, fait étonnant, il ne portait plus ses lourdes chaines qui le blessait. A la place, il y avait des bandages de tissus. En faites, tout son corps semblait entouré de ce genre de bandage et en dehors de ça et d’un pantalon de lin lâche, il était nu.

Il eut beau tâtonner autour de lui, il ne trouva pas la moindre sortie et il fallut que son coffre soit ouvert de l’extérieur pour qu’enfin, il se calme un instant. Immédiatement, un linge fut appliqué sur son visage, il tenta de l’en empêcher, de se débattre, de lui faire mal, mais il ne réussit pas et l’inconscience le prit de nouveau.

***

- Je ne peux pas le ramener aussi sauvage au milieu des autres. Il leur ferait peur.
- Alors il ne fallait pas l’acheter Ezri ! Je ne sais pas à quoi tu pensais mais il n’est pas adapté… Outre qu’il soit laid comme un pou !

Ezri ne répondit rien et jeta un coup d’œil à l’esclave endormi par la drogue qui reposait sur la table. Oui, il n’était pas beau. Les hématomes qui noircissaient sa peau, pourtant déjà mat, n’arrangeaient pas le tableau. Ses yeux étaient noirs comme ceux d’un démon. Ses cheveux hirsutes étaient noirs eux aussi, un modèle commun, facile à trouver dans certains pays. Les traits de son visage étaient déformés par les gonflements de sa peau suite aux coups, mais rien ne permettait d’envisager qu’il devienne beau une fois désenflé. Son corps était tout en plus banal. Ni exagérément fin comme les esclaves qu’il sélectionnait habituellement, ni très massif comme les esclaves de charges qu’il prenait de temps à autres. Quelconque vraiment.

- Tu ne veux pas le faire ? demanda-t-il néanmoins à son ami.
- Non ! Je suis dresseur professionnel et les petits que tu as pris méritent réellement mon attention. Quant à lui, même si je le voulais, je n’y arriverai pas. Enfin regardes le. Il est fou.
- D’accord, Mataï. Est-ce que tu veux bien me donner au moins un conseil ?
- Hum…
- Par quelle partie de son corps puis-je commencer ?

Mataï soupira et s’approcha du corps inconscient. Délicatement il souleva ses mains pour les observer. Il baissa le pantalon lâche pour observer son entre-jambe, le bascula et écarta ses globes de chairs pour observer son anus qu’il trouva gonflé et blessé comme c’était souvent le cas avec les rebelles, et descendit jusqu’à ses pieds.

- Bon courage ?
- Mataï… s’il-te-plait.
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Il a été torturé de la tête aux pieds. Si tu veux mon avis, appareille-le et commence loin de ses dents.
- Un appareillage complet ?
- Oui.
- Mais ça va le choquer, ce n’est pas mon but.
- Je te l’ai dit. Je n’ai pas de solution.

Ezri resta un long moment immobile devant le corps blessé. Il allait devoir choisir une méthodologie. L’appareillage complet était imposé à chaque esclave qu’il sélectionnait habituellement, mais en douceur, jamais d’un seul coup. Et celui-ci serait un peu différent après tout, c’était son esclave à lui, il l’avait acheté sur son propre or.

Il l’avait fait transporter dans sa cabine, maintenant qu’il allait un peu mieux, avant qu’il ne soit totalement remis, c’était le meilleur moment pour débuter le dressage. En soupirant, il l’installa de son mieux, posant un collier épais et une chaine courte à son cou, puis des bracelets et d’autres chaines courtes à ses poignets. Il retira son pantalon, refusant d’entretenir une pudeur qui n’aurait pas de sens, avant d’enchaîner également ses chevilles.

Lorsque l’esclave remua enfin, cela faisait longtemps qu’il avait fini. Il s’était installé à son bureau et se mit à feuilleter des documents sans vraiment les voir. Son plan d’action commençait à se dessiner dans sa tête et il allait devoir être patient. Les premiers tintements secs de chaînes retentirent et au bout d’un moment, cela se calma. Du coin de l’œil, il l’observa tenter d’explorer lentement son monde, l’espace était plus que réduit, mais il lui avait quand même mis un matelas sous le dos pour le soulager. Au bout d’un long moment, il se permit de glisser :

- Si tu as soif…

Le sursaut sec qui prit l’esclave le coupa. Il le cherchait autour de lui comme s’il ne l’avait pas vu avant. En plus du reste, l’homme était-il infirme ? Ezri hésita un instant avant de reprendre.

- Si tu as soif, n’hésites pas à le dire. Je t’amènerais de l’eau fraiche.

Le visage de l’esclave était maintenant tourné vers lui mais il ne semblait pas réellement le distinguer, pourtant, lorsqu’il bougea, son visage le suivi, le laissant perplexe. L’esclave ne prononça pas le moindre mot et ils restèrent ainsi durant plusieurs heures. Lorsque vint l’heure du repas, Ezri sortit chercher leurs rations. En revenant il s’arrêta un long moment devant la porte close. De l’autre côté, il pouvait entendre son esclave qui tirait sans doute de toutes ses forces contre ses chaînes dans l’espoir de s’en libérer. Il n’y arriverait pas.

Dès qu’il ouvrit la porte le vacarme cessa et il trouva l’homme immobile entre ses liens, le visage tourné loin de lui et les membres tremblant comme des feuilles.

- J’ai ramené à manger.

Il n’obtint pas le moindre début de réaction. Le ragout était chaud alors il posa les deux bols fumants sur sa table, saisit ses couverts et commença à manger tranquillement comme s’il était seul. Lorsqu’il eut fini, le second bol était encore tiède. Il soupira. Le nourrir n’allait sans doute pas être de tout repos mais il voulait qu’il l’associe à de bonnes choses. Il fut surpris, quand l’esclave accepta de manger, cuillérée par cuillérée. En dehors de ses cuisses fermement serrées pour dissimuler son pénis, rien ne montrait son appréhension. Alors il voulut poser ses doigts sur ses cheveux, mais presque aussitôt, un coup de dent partit, loupant de près son poignet.

- Eh ! Tu ne fais pas ça !

L’esclave resta immobile, attendant la sentence qui ne manquerait pas de lui tomber dessus. Néanmoins rien ne vint. On lui proposa simplement encore une fois à manger et il le prit en fermant les yeux de soulagement. Il avait tellement faim, depuis tellement longtemps.

***

Il se débattait avec toute la force qui pouvait lui restait, mais les mains ne quittaient pas son pied. Le cri qu’il poussa était si étranglé que presque aucun son ne sortit. Les doigts continuèrent à le masser, sans qu’il n’y puisse rien.

- Tout va bien regarde… Tout va bien.

Il gémissait toujours et son corps faisait tout pour s’échapper.

***

Les mains touchèrent de nouveau son pied. Il sursauta, chercha à reculer en vain comme toujours. Cela faisait des dizaines et des dizaines de fois que ça recommençait. Alors il s’immobilisa attendant simplement que ça passe. Depuis qu’il était là, on ne lui avait jamais fait mal volontairement. Pire, on lui permettait même de se dégourdir régulièrement.

Les doigts caressèrent son talon, remontèrent sous sa voute plantaire le chatouillant légèrement et vinrent masser ses doigts de pieds. Il frissonna en sentant la caresse se faire humide. L’éponge était de retour. Parfois il lui permettait de se toiletter. L’éponge remonta gentiment le long de sa cheville, ce qui n’était pas habituel alors il se tendit presque aussitôt.

- Doucement…

Les doigts insistèrent sur sa cheville et manipulèrent son pied pour le faire bouger réveillant de vieilles douleurs. La pression se fit plus légère dès qu’il couina, comme s’il faisait attention à ne pas le blesser.

Un tintement le fit bouger. Qu’était-ce ? Il frissonna, apeuré. Quelque chose de froid se posa sur lui, l’entourant. Un bracelet d’argent. Dès qu’il comprit ce que c’était, il se débattit en criant.

- Doucement… ce n’est rien.

Les coups de pieds se firent plus violents cherchant à l’atteindre alors Ezri se recula, laissant le bracelet en place. Comme à chaque fois, il finirait par si habituer mais c’était troublant de le voir si inquiet pour la moindre petite nouveauté.

- Calme-toi. Ça ne sert à rien de t’énerver comme ça.
- Je veux pas…

Les trois petits mots à peine murmurés étaient les premiers qu’ils lui donnaient. Ezri se figea en cherchant à les comprendre.

- Tu ne veux pas quoi ?
- … pas… pas esclave sexuel.
- Ah.

Effectivement, les bracelets décoratifs étaient généralement apposés sur les esclaves sexuels et c’était effectivement ce qu’il avait prévu. Il retira néanmoins le bijou, calmant enfin l’esclave.

- Pas esclave sexuel hein ? Alors quoi ? Qu’aimerais-tu ?

L’esclave trembla, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pourrait répondre. Rien n’allait. Il voulait juste être libre et c’était impossible. Personne ne le laisserait libre et même s’il parvenait à s’enfuir, les marques sur son corps le conduiraient à être re-capturé.

- Tu es à moi.

Il trembla un peu plus fort lorsque l’affirmation retentit.

- Ta définition d’esclave sexuel… ce n’est pas la mienne.

Il ne répondit rien, incapable de pousser de nouveau les mots jusqu’à sa bouche et lorsque les mains revinrent sur son pied, les larmes coulèrent sur ses joues mais il ne se rebella pas. Vaincu.

***

- Où en es-tu avec ton esclave fou ?
- Ça avance.
- Ah oui ?
- Oui, je vais y arriver. Bijou par bijou.

***

Sous ses doigts, il sentait les petits mouvements saccadés de son esclave, dû uniquement à la peur. Les chaînes ne lui offraient pas assez de liberté pour l’atteindre, mais il essayait de moins en moins souvent. La brosse passa et repassa dans les cheveux fins de l’homme. De temps à autre, ses tremblements étaient tels que les bijoux teintaient.

Les bracelets de chevilles et ceux de poignets avaient été relativement faciles à installer. Il allait maintenant devoir passer à quelque chose de beaucoup moins évident. Classiquement les esclaves sexuels avaient des décorations sur tout le corps. Leurs oreilles étaient percées. Les bouches également, tout comme leurs sourcils. Des tours de cous gracieux s’installaient le long de leurs gorges, descendant parfois jusqu’à leurs tétons percés mais de temps à autres, ils allaient plus bas encore atteignant leurs bijoux de nombrils. Plus bas, entre leurs jambes, les bijoux s’accumulaient. Des piercings, bien-entendu, mais également des choses intrusives moins définitives.

Il était censé en être couvert. Ils en étaient tellement loin, pourtant il n’avait pas menti à son ami : ils progressaient.

- Donne-moi ton pied.

Et presque aussitôt, le pied se leva légèrement et il put s’en saisir. Il le reposa délicatement un peu plus loin, pour forcer ses cuisses à s’entrouvrirent légèrement et l’homme ne lui fit pas l’affront de bouger. Il obéissait. Ce n’était presque rien, mais il obéissait.

***

- Aujourd’hui, je vais t’offrir un grand cadeau.
- …
- Je vais percer ta peau et te poser un bijou qui montrera la valeur que tu as à mes yeux.

Une parure d’esclave sexuel car son maître n’avait pas changé d’idée même s’il lui offrait plus que n’importe qui avant : du temps et de la douceur.

- Mais je suis très généreux avec toi… n’est-ce pas ?

Il n’était pas capable de répondre à ça mais il bougea vaguement de la tête dans l’espoir de le contenter. Oui, il était très généreux.

- Tu vas choisir. Je vais te toucher et tu m’arrêteras où tu veux. Je te percerais et attention, ce bijou deviendra mon terrain de jeu. Mon territoire.

Il haleta sous la pression. Ça allait trop vite pour lui. Il s’attendait à ce que son maître y aille avec force, lui écartant les jambes pour saisir ses testicules et passer sur toutes ses zones intimes que les maîtres aimaient percer. Il ne le fit pas. Il frôla son nombril et attendit un instant avant de relever les doigts. Le contact suivant se fit sur son téton droit et tout son corps vrilla pour lui échapper. Il le laissa faire. Puis ils vinrent se poser sur sa bouche, comme s’ils ne craignaient plus la moindre morsure et d’ailleurs, il ne pensa même pas à jeter ses dents dans la peau douce. Son maître ne se défendait pas. Il ne le battait pas. Alors ça paraissait aussi exagéré qu’injuste de le blesser. Lorsqu’il toucha son oreille, il se dit qu’il n’aurait pas beaucoup d’autres chances. S’il repartait où pourrait-il aller ?

- … maître ?
- Oui, trésor. Ici ?
- Oui…

Le cœur d’Ezri battait la chamade. Maître. C’était la première fois qu’il le nommait ainsi. C’était la première fois que son esclave reconnaissait son rôle dans leur relation. Il saisit néanmoins l’équipement, lui demanda de rester immobile pendant qu’il perçait puis appliqua fortement l’aiguille, trouant son esclave d’un geste assuré. La boucle qu’il posa était toute simple mais elle était faite d’or blanc. Etrangement, l’esclave resta parfaitement immobile comme s’il n’avait rien senti.

- Ce sera le pire que je te ferais, tu comprends ?

L’esclave sembla étrangement bouleversé, répandu entre ses chaînes. Ezri aurait aimé qu’il vienne se blottir contre lui, mais ils n’en étaient pas encore là, alors il lui caressa simplement les cheveux avec tendresse.

***

Les bijoux se multipliaient sur son corps et à présent, son maître massait ses jambes, ses bras et son dos sans aucun soucis. C’était devenu simplement habituel. Pourquoi le faisait-il était une question bien plus nébuleuse par contre.

- Maître ? demanda-t-il, soudain stressé, en sentant les doigts partirent sur de nouveaux territoires.
- Je t’ai montré le pire que je pouvais te faire, tu te souviens ?
- … oui.
- Alors laisses-moi te montrer le meilleur à présent.

L’esclave tremblait comme une feuille lorsque les doigts palpèrent gentiment ses hanches, descendant le long de son aine, le chatouillant légèrement avant de frôler sa chaire chaude. Son maître ne semblait jamais perturbé par ses cicatrices, mais il s’arrêta néanmoins le long d’une ligne fine qui barrait son entre jambe de part en part. Un coup de fouet. Il flatta la zone et revint à la charge tendrement. Les sensations étaient bizarres, l’envie monta, le terrorisant alors que sa chaire durcissait. Son maître irait trop loin s’il pensait que son corps était d’accord. Il commença à remuer sous l’angoisse, mais la caresse ne s’intensifia pas. Seule sa chaire gonfla lentement sous les effleurements doux.

Il ne voyait pratiquement rien mais il remarqua que la forme du corps de son maître changeait puis, la caresse se fit chaude et humide le long de son gland, le faisant gémir et pleurnicher. C’était bon. Le maître se concentra uniquement sur son bas-ventre qu’il flattait régulièrement, sur son pénis et ses testicules qu’il caressait en douceur.

- C’est très bien… Tu t’en sors très bien. Je suis fier de toi.

L’esclave rougit, perdu, sous l’affirmation. Fier de lui ? Pourquoi ? La question a lui-même se perdit dans ses gémissements. A chaque fois qu’il montait trop loin, trop haut, trop fort, son maître le calmait à l’aide de douces pressions, puis il recommençait, le torturant de désir. Ce ne fut que quand l’esclave implora sa pitié qu’il le fit jouir d’un simple aller-retour de poignet, divinement dosé.

Son maître passa encore un long moment à le caresser tout en le félicitant comme s’il venait de réussir quelque chose d’excessivement difficile.

***

Mataï tournait autour de l’esclave immobile, vérifiant l’emplacement de ses différents bijoux. L’esclave était nu, bien-entendu. Ezri avait mis plus d’un an pour en obtenir quelques choses de réellement concluant, mais à présent, si l’on excluait les marques sombres des cicatrices qui venaient habiller son corps, c’était un esclave sexuel tout à fait convenable. A part qu’il n’était toujours pas employé à sa connaissance.

Il posa une main experte sur l’une de ses fesses et observa le frisson qui remontait le long de son dos jusqu’à aller nouer ses épaules, lui rappelant la sauvagerie première qu’il avait vu en lui. Il l’écarta néanmoins pour observer le bijou anal profondément inséré en lui. A l’avant de son corps, une sonde était plantée dans son urètre, tenant son sexe.

- Tu as fait du joli travail… Je vais finir par m’inquiéter pour ma place.
- Ce n’était qu’un passe-temps ne t’inquiète pas.

L’esclave ne remua pas. Les bijoux d’or blanc sur son corps disaient toute la valeur que son maître voyait en lui, peu importait ce qu’il disait à cet étranger.

- L’apparence est bonne, mais côté utilisation, où en êtes-vous ?
- J’aimerais l’emmener avec moi au prochain bal, avec un collier noir, il restera uniquement à mon usage. Il me faut ton aval.
- Ça veut dire une évaluation, tu le sais.
- Oui. Je pense qu’il est prêt.

Mataï hésita. Il n’avait vraiment pas envie que les choses dérapent et il se souvenait trop de l’être ensanglanté qui se battaient contre ses fers. La docilité était-elle feinte ? Il devait le savoir, mais il avait tellement souffert. Comment être sûr ? Il soupira et choisit un test excessivement basique.

- Demande à ton esclave de t’offrir son cul.
- Tu as entendu, trésor ?

Et aussi simplement que ça, l’esclave ploya vers l’avant, retira de lui-même son bijou anal et tint ses fesses pour s’offrir largement. La manière dont il se tendit ne passa pas inaperçu, mais d’une caresse, du bout du doigt, sur sa hanche, Ezri sut le détendre.

- C’est très bien, trésor.

Il s’enfila à l’intérieur de lui, rencontrant le lubrifiant qui y était emprisonné. L’esclave couina et son sexe tressauta. Son maître avait été associé au plaisir. A présent, c’était comme une évidence. L’idée d’arriver à lui rendre ce plaisir, l’idée d’exister non plus pour la souffrance mais pour ça, finalement, ça lui allait.

- Tu es délicieux, mon trésor.

L’esclave rosit de plaisir sous le compliment et lorsque son maître vint, il fut pleinement satisfait de recevoir sa semence même si le bijou dans son propre sexe lui interdisait de jouir. Ezri passa un long moment à le caresser tout en parlant avec l’autre personne. Le test était concluant, le collier pouvait être attaché mais Mataï préférait qu’il garde quelques contentions, au cas où, pour le moment. Il n’en revenait pas de la tendresse entre eux. L’esclave se lovait contre son maître, rassuré par son contact, ce contact qu’il avait fui pendant tant d’années.

- Esclave. Que penses-tu de ton maître ? demanda-t-il soudain.

Ezri se raidit, sachant à quel point il aurait du mal à obéir et à répondre mais il fut surpris au plus haut point lorsque son esclave répondit.

- Mon maître est la personne la plus gentille au monde et je l’aime.

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