10 octobre – Océan Pacifique Sud

Pleine mer. Le bateau est un joujou insignifiant au milieu de milliards de litres d’eau salée. Il monte et descend follement, comme un manège incontrôlable. Écrire me donne l’impression de mourir à chaque vague. Je dois tenir bon, il s’agit peut-être de mon dernier témoignage. Le capitaine a dit que ça allait « un peu secouer ». Doux euphémisme. La mer est déchaînée, démontée, démoniaque.

Je m’accroche à mon carnet comme un naufragé à son esquille de bois, tellement terrifié que le mal de mer n’a plus aucun sens. J’avais exigé une apothéose clinquante, on ne peut faire mieux. La coque vibre et gémit. Olivia est blottie contre moi. Je suis horriblement conscient que nous avons une chance sur deux de tous mourir.

Foutue destination.

Foutu destin.