Ch 3 (1/2)
Le Guerrier du Désert, sortit des égouts, alors que le soleil commençait à descendre à l’horizon, son hibou sur l’épaule. D’après son estimation, il devait être 17h passé. Il était entré dans le souterrain entre 9h et 10h du matin. Il venait de passer environ 8h d’affilé dans les égouts, et cela n’avait pas était infructueux : il avait tué cinquante-cinq rats mort, un nouveau score d’extermination !
Tandis qu’il prenait le chemin de la guilde, il fit le bilan de ce qu’il avait vécu dernièrement. Cela faisait une semaine qu’il était devenu aventurier, et c’était sa septième chasse aux rats géants d’affilée. Compte qu’il tuait à chaque fois, entre trente et quarante rats à lui seul, la guilde lui versait un bonus en plus de la récompense habituelle. Ainsi, ses économies grossissaient à vue d’œil, il avait récolté plus de 20 pièces d’or en une semaine, une fortune pour un rang porcelaine.
Bien entendu ses actions n’échappaient pas aux autres aventuriers, cependant aucun n’était venu à sa rencontre. Ce qui, pour l’instant, l’arrangeait bien, car il appréhendait la façon dont ses méthodes et son succès seraient accueillis par les autres baroudeurs.
Au bout d’un quart d’heure de marche, le Guerrier du Désert franchit l’entrée de la Guilde. Oull, perché sur l’épaule de son maître, poussa un hululement, exprimant sa profonde fatigue. L’épéiste le comprenait : lui-même était épuisé, ses muscles le faisaient souffrir comme jamais, rien d’étonnant après avoir tué cinquante-cinq ennemis d’affilée.
Le jeune homme, avait hâte de rentrer chez lui et de savourer un repos bien mérité. Mais, avant cela, il devait faire son rapport à la Guilde, il s’approcha du comptoir. Une fois la surprise habituelle passée et les formalités remplies, il empocha son dû et tourna les talons. Mais au même moment, la Réceptionniste, qui l’avait reçu le premier jour, lui fit signe d’approcher.
Juste à côté d’elle se tenait un groupe d’aventuriers. Intrigué, le Guerrier du Désert s’approcha afin d’écouter ce que la jeune femme avait à lui dire.
-Vous m’avez demandé de vous prévenir lorsqu’un groupe tenterait une chasse aux gobelins. Eh bien, le groupe juste là vient justement d’en prendre une, et je pense qu’ils auraient besoin d’un membre supplémentaire.
Tout en parlant, la Réceptionniste désigna le groupe que l’épéiste avait aperçu quelques secondes plus tôt.
La troupe d’aventuriers, était composée de cinq aventuriers : une humaine Combattante martiale à la courte chevelure rousse et aux yeux verts. Sa peau était couverte de tatouages et son corps était musclé. Son équipement se composait d’un pourpoint en cuir et de gantelets de pugilat, renforcés aux articulations et aux poignets. Son pourpoint ne protégeait que le haut de son buste, le reste était couvert par une tunique rouge.
Le second membre était un nain Berserker, en armure de plates de la tête aux pieds. Il était armé de deux sabres effilés, et sa barbe, brune comme la bière, était tressée et ses cheveux coiffés en queue-de-cheval.
L’aventurière suivante, était une elfe, elle portait une armure faite en partie de plaques et de mailles par-dessus, un gambison, son arme était une hallebarde dont la lame n’avait qu’un seul tranchant. Ses pieds nus étaient bandés. Ses cheveux étaient d’un noir tirant sur le violet, et ses yeux étaient bleus. Un cerf était dessiné sur sa cape à capuche.
Le quatrième équipier était un elfe noir, chose rare parmi les aventuriers. À la vue de sa robe mauve, et du sceptre en bois gravé qu’il avait en main, le Guerrier du Désert en déduisit qu’il s’agissait d’un mage. Le bout du bâton était courbé et une pierre violette de forme sphérique y était attachée. Les cheveux argentés du drow ressortaient sur sa peau d’ébène.
La cinquième et dernière membre du groupe, était une humaine en armure, armée d’une masse d’arme à deux mains, arborant l’emblème du dieu de la lumière. Le Guerrier du Désert devina qu’il avait face à lui une aspirante Paladin. C’est cheveux étaient noir charbon et ses yeux d’un bleue électrique.
Durant son observation, l’épéiste réalisa que la Combattante portait une plaque d’acier et le reste du groupe des plaques en obsidienne. Les membres du groupe avaient plus d’expérience que le jeune homme, et la Combattante s’en rendit vite compte :
-Navrée, mais on ne peut pas s’encombrer d’un débutant pour cette quête.
Dit-elle, sans pour autant paraître condescendante. La Paladin intervint :
-Je te rappelle que l’on est tous des débutants dans ce groupe, je pense qu’un rôdeur, ou un guerrier, de plus, ne serait pas de trop.
Mais la cheffe de groupe n’en démordit pas.
-Venez, dit-elle, on doit se préparer pour demain.
La Combattante tourna les talons et son groupe la suivit. Juste avant de sortir du bâtiment, le mage se retourna et dévisagea le Guerrier du Désert avec une expression que le jeune homme ne sut déchiffrer. De la peur, de la colère, il ne sut dire, cela dura moins d’une seconde, avant que l’elfe ne franchisse le seuil de la guilde.
-Navré que ça n’ait pas marché, dit doucement la Réceptionniste visiblement très gênée.
-Ce n’est rien, affirma le jeune homme.
Pour lui, effectivement, cela ne posait pas de problème, mais il se faisait surtout du souci pour le groupe. Il avait relevé plusieurs détails qui l’inquiétaient : aucun des membres du groupe ne portait de casque, la Combattante et le Mage ne portaient pas de côte de mailles.
-Ils ont plus d’expérience que nous, souffla Sable, et pourtant aucun n’a les réflexes qu’a le Crève- Goblin. Tu as conscience qu’ils risquent d’avoir des problèmes.
-Je sais Sable, je peux simplement espérer qu’ils savent se battre mieux que des rangs porcelaine.
N’ayant plus rien à faire à la Guilde, le Guerrier du Désert rentra chez lui. Une fois arrivé, l’aventurier passa la fin de son après-midi à nettoyer son équipement puis prit un bain. À la tombée de la nuit, son oncle et lui dînèrent ensemble, après quoi, il retourna dans sa chambre, le lendemain était un jour de repos pour lui et il comptait bien en profiter. Il sombra rapidement dans un profond sommeil.
Il flottait, ou plutôt il volait. Il voyait la ville depuis le ciel, il n’arrivait pas à savoir si c’était le matin ou le soir. Le monde était plongé dans une lumière grise, tout était en noir et blanc, sans aucune couleur, que ce soit dans le ciel ou la végétation environnante. Tout-à-coup, son corps fila comme le vent vers un autre lieu. À présent, il se tenait au-dessus d’un chariot, puis à l’intérieur, il y reconnut le groupe d’aventuriers rencontré hier.
Il voulut leur parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Une fois de plus, il s’envola et cette fois fila droit vers le sud. Il survola un petit village de campagne, entouré de forêts et de champs. Et juste à l’ouest de celui-ci, sur une colline, un vieux cimetière s’étalait sur plusieurs kilomètres.
Il s’approcha, de l’entrée d’une crypte en ruine, et en franchit le seuil. Au début, il ne vit rien, les ténèbres étaient totales. Puis, il vit des yeux rouges briller dans l’obscurité, des dents pourries et des oreilles pointues, des peaux vertes : des gobelins. Des petits, et des Hobgobelins. Le Guerrier du désert plana quelques secondes au-dessus de la horde grouillante de créatures, avant d’être aspiré dans le dédale délabré, des couloirs de la crypte.
L’obscurité se fit de plus en plus épaisse. Il était à présent dans le noir complet, pas un bruit pas un son. Il ne voyait rien, pourtant il sentait une présence : il n’était pas seul ici, il n’y avait pas que des gobelins dans cette nécropole. C’est alors, que toute la noirceur du lieu, se rassembla en une seule masse compacte. Des bras et des pattes griffues se formèrent, et des yeux blafards se mirent à briller. La silhouette noire tourna ses yeux vides vers l’Épéiste, et soudain une voix stridente retentit :
-DISPARAIS !!!
Le cri résonna dans le crâne du Guerrier du Désert avec la force d’une cloche qui sonne, l’instant d’après il se réveilla en sueur, dans un cri de surprise.
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