-Je suppose que l’on ne peut pas leur cacher, dit-il alors à voix haute.

-De quoi parlez-vous ? demanda la femme brune circonspecte.

La voix caverneuse du Djinn résonna alors dans la pièce en guise de réponse.

-Il parle de moi madame.

Puis, dans un tourbillon de sable, l'esprit ancestral apparut devant les trois femmes qui manquèrent de hurler. Le Guerrier du Désert les rassura :

-Du calme mesdames, c’est mon ami.

-Qu’est-ce donc ? Un fantôme ?

-Je suis un Djinn mesdames, un esprit des sables.

L’Hôtesse posa un regard interrogateur sur l’aventurier attendant visiblement des explications. L’intéressé se racla la gorge :

-Avant d’en dire plus, dit-il, j’aimerais avoir votre garantie que ce qui sera dit dans cette pièce ne sera communiqué à personne d’autre, je tiens à conserver un minimum de discrétion.

Les trois employées de la Guilde se regardèrent, puis hochèrent la tête.

-Je pense que nous pouvons vous promettre ça.

Rassuré, le Guerrier du Désert raconta : il y a plusieurs années, il avait rencontré Sable, le djinn du désert. Intrigué par cet humain qui pouvait le voir en tout temps, l’esprit tourna autour du garçon pendant plusieurs mois. Ce dernier s’habitua peu à peu à la présence du djinn, ils devinrent amis et de fil en aiguille Sable décida d’apprendre la magie au jeune homme. Ce faisant, le Guerrier du Désert développa une sensibilité psychique qui pouvait l’amener à faire des rêves assez particuliers, comme celui où il avait vu le repaire des gobelins et la Nécro-Ombre.

Son long récit terminé, le jeune homme soupira, il avait tellement parlé que sa gorge était sèche comme la pierre du désert. L’observatrice aux cheveux noirs lui servit un vers d’eaux, il l’en remercia et vida le gobelet d’une traite.

L’Hôtesse regarda à nouveau sa collègue religieuse, la jeune femme qui avait les yeux clos leva ses paupière et finalement dit :

-Il a dit la vérité.

La réceptionniste se laissa tomber sur le dossier de sa chaise, le Guerrier du Désert ne savait pas si elle était soulagée ou déçue.

-Bon je pense que nous pouvons officialiser alors.

-Officialiser quoi ? Demanda l’aventurier inquiet.

En guise de réponse, la jeune femme se leva, prit quelque chose sur son bureau et s’avança vers le Guerrier du Désert. Une fois face à l’aventurier la réceptionniste lui tendit une plaque d’aventurier de verre noir, de l’obsidienne.

-Toutes mes félicitations jeune homme : vous êtes promu au rang obsidienne.

***

En redescendant les marches, le Guerrier du Désert était encore étonné par ce qui venait de se passer. Il avait certes confiance en ses capacités et savait qu’il monterait en grade sans trop de problème, mais il ne s’attendait pas à le faire en moins d’un mois. Sans la Nécro-Ombre il aurait sûrement fallu trois ou quatre mois pour qu’il soit promu, le hasard fait bien les choses parfois. L’Épéiste atteignit finalement le rez-de-chaussée et rejoignit ses camarades qui l’attendaient avec impatience. Ils lui demandèrent ce que la Guilde lui voulait exactement. En guise de réponse, le jeune homme leur présenta fièrement sa nouvelle plaque de verre sombre.

-Tu as été promu ?! S’exclama le Nain Berserker.

-Ça ne me surprend pas, rétorqua la Combattante Amazone, il nous a aidé à vaincre un important groupe de gobelins et sans lui nous n’aurions sûrement pas survécu au démon de la crypte.

-Le contraire aurait été étonnant, en effet. Ajouta la Paladin.

Les autres membres de la compagnie le félicitèrent pendant encore plusieurs minutes. Puis le jeune homme se rassit et l’Elfe dit alors :

-Félicitations Sabre des Dunes.

-Euh…Pardon ?

Demanda le Guerrier du Désert en fixant la jeune femme aux oreilles pointues et aux yeux saphir.

-Je réfléchissait à un surnom qui t’irait bien : « Guerrier des Sables », « Sabreur de l’Orient » …Rien ne marchait bien et finalement, « Sabre des Dunes » m’est venu à l’esprit.

Un large sourire fendit le visage du jeune homme.

- « Le Sabre des Dunes » hein ? Ça me plait.

Oull, qui était revenu, poussa un petit cri d’approbation, tandis que Sable approuva avec un petit rire. Après quelques minutes de félicitation et célébration, le groupe reprit enfin le cours de sa réunion. Il leur fallait travailler leur formation de combat ainsi que leur tactiques pour être pleinement efficaces pour leur prochaines quêtes. Le « Sabre des Dunes » nouvellement nommé, profita de l’occasion pour faire part à ses camarades de certaines de ses idées :

-Je pense qu’il faut faire une légère mise au point de l’équipement de notre groupe.

-Qu’est-ce que tu veux dire exactement ? Demanda la Paladin.

Le jeune homme se racla la gorge.

-Tout d’abord, il faut que notre camarade barbu, dame elfe et toi mettiez un casque. Dit-il en désignant la guerrière sacrée. À ce rythme vous allez vous faire fracasser le crâne par derrière.

Les trois combattants se regardèrent, puis firent de même avec leur camarade au turban. En tant que membre du peuple des forgerons, le Berserker ne put que reconnaitre la pertinence des remarques du guerrier humain.

-Je ne veux pas paraitre désagréable, mais comment vais-je faire avec mes cheveux ? Rétorqua la guerrière sacrée en tenant une mèche de sa chevelure de jais.

-Eh bien tu as deux options : soit tu les coupes, sois-tu les attaches. Répondit l’Amazone sur un ton qui se voulait plaisantin.

La Paladin se contenta de faire la moue et croisa ses bras bardés d’acier. La Forestière ne vit pas l’intérêt de contredire le Guerrier du Désert.

-Ensuite, je conseille à notre ami mage et à notre cheffe de prendre une cotte de mailles, ça protège bien des lames et ça évitera que ce qui s’est passé dans le souterrain ne se reproduise.

La suite de la journée fut donc consacrée à l’achat des pièces d’équipements indispensables que l’Épéiste avait évoqué. La Paladin choisit un casque sans visière orné d’ailes stylisées. Le Berserker Nain acheta un heaume d’acier orné de cornes protégeant tout son crâne. La Forestière Elfe fit de même avec un casque moins lourd que celui de ses camarades et sur lequel on pouvait voir un dragon stylisé. Le Drow et la Combattante quant à eux firent l’acquisition de deux cottes de mailles qu’ils enfilèrent aussitôt.