Chapitre 8 - Chloé
Le corps tremblant, je suis toujours aussi confus.
— Sire Bas-tient, avez-vous une prophétie mentionnant un sauveur ? demande T'bor.
Cela me tire de mes pensées qui sont tellement emmêlées que j'ai l'impression d'avoir le cerveau complètement vide.
— Non.
— En êtes-vous sûr ? insiste le Tsarin, ses ailes frémissant de concert.
— Non rien de tel. Un vieil adage de l'Oracle Immémorial évoque des jours sombres où un glaive sortira de la mer mais aucune mention d'une quelconque personne.
— Si ce glaive était une humaine, disons une fillette, propose le roi.
— J'ai presque onze ans, je ne suis pas petite !
Je vois Chloé mettre ses mains sur sa bouche, effarée. Je crois que les mots sont sortis tout seul et que maintenant elle s'en mord les doigts. J'ai presqu'envie de rire.
— Un autre Frelsar pour un autre continent. Sieur Bas-tient, elle est votre sauveuse, j'en mettrais ma main à couper, affirme T'bor.
L'étranger la dévisage longtemps, il semble la considérer sous un jour nouveau. Il récite :
"Durant les jours sombres où la mort se répandra
Faisant larmoyer de sang le peuple impuissant.
Alors des eaux profondes, le glaive resplendira
L'espoir dans tous les coeurs à nouveau vibrera."
— C'en est assez pour le moment, le Tsarin et moi-même devons nous entretenir avec Sieur Bas-tient. Ezio reste avec nous, la cérémonie n'a lieu que ce soir mais il est de ton devoir de commencer dès maintenant à te tenir à mes côtés.
Je saute de joie en mon for intérieur. L'héritrône ceremonia n'a pas eu lieu, je pourrais être là pour mon ami. Des gardes nous poussent vers la sortie. Bousculé, je perds l'équilibre et manque de peu de renverser Chloé.
— Désolé.
— Ce n'est rien. Tu... Je ne sais pas comment te remercier. Ça doit faire quatre jours que je suis ici à ne rien comprendre de ce qui se passe et grâce à toi, je... Merci.
Elle dépose un baiser sur ma joue, j'ai l'impression que cette dernière est en feu. Mal à l'aise, je change aussitôt de sujet :
— Dis, c'est quoi la foire aux Khâls ?
— C'est un des évènements les plus importants de ma région, les plus grands marchands de tissu viennent vendre leurs étoffes pour confectionner les habits de cérémonie en tous genre.
Je fronce les sourcils. C'est quoi cette histoire ?
— Je connais pas pourtant, comme toi, j'ai toujours vécu à Orléans.
Cette fois, c'est elle qui fronce les sourcils.
— Je suis arrivée à Orléans il y a cinq ans. Avant, j'étais à Bordeaux.
— Franchement, ta blague est pas drôle. Et puis, quand t'es allée chez le coiffeur ?
— Je ne cherche pas à faire rire, je ne comprends pas ta réaction et ton attitude. Je te suis plus que redevable de m'avoir aidée mais cette farce commence à me taper sur les nerfs. J'ai toujours eu cette coupe, je vois pas pourquoi tu me parles de mes cheveux.
Cette fois, elle m'énerve. C'en est trop.
— Hier, à l'école t'avais les cheveux longs ! Espèce d'idiote !
— C'est quoi "les colles" ?
— T'es lourde !
— C'est toi qu'es lourd, lourdeau !
Ça y est je l'aime plus et je lui rends mentalement son bisou. Je croise les bras et tourne ma tête dans l'autre direction.
Un silence pesant s'installe jusqu'à ce qu'elle finisse par reprendre la parole :
— Quand on était sur la plage, je ne comprenais pas ce que tu disais.
— Et alors ? lui dis-je boudeur.
— Et alors, si je suis la Chloé que tu connais, je devrais parler ta langue.
Mais c'est qu'elle a raison ! Une Chloé d'un autre monde ?! C'en est trop. Mes jambes me lâchent. Je me retrouve les fesses sur le carrelage froid. Au moins, cette soudaine sensation glacée me permet de retrouver un peu mes esprits. Je lève ma tête vers elle.
— T'es une autre Chloé...
— Je crois bien, oui.
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