Chapitre 10 - Nouveau départ
Je me lève avec le soleil, je crois que les émotions depuis mon retour sur Altéphée ont trop agité mon corps et j'ai besoin de bouger. Je vais d'abord saluer Météora. Je vois comme elle se retient de ne pas me sauter dessus. J'ai envie de rigoler face à ses yeux de chien battu de ne pouvoir lâcher l'enthousiasme qui la déborde, mais je finirai aplati comme une crêpe si elle s'en donnait à cœur joie.
Elle a sa propre grotte maintenant, un peu au-dessus de celle de sa mère. Une vaste bassine est installée près de sa couche de pierres fumantes.
— Qu'est-ce que c'est ?
— HUILE CAMPHRE, PROTECTION DES ÉCAILLES.
— Comment fais-tu pour l'étaler ?
— HUGO DRÔLE. HUMAINS METTRE SUR MOI, PRIVILÈGE DRAGON.
Elle se dresse haut sur ses pattes à ces mots. Mon dragon est fier, mais comment le lui reprocher ? C'est vrai qu'elle est incroyable ! Je me dirige vers la réserve et commence à lui appliquer l'onguent sous le ventre où j'aperçois des écailles en train de peler, les squames disparaissent dès que je les recouvre avec l'huile.
— Bonjour Hugo, tu es bien matinal.
Je me retourne, surpris :
— Ah, bonjour T'ziss. Oui, je n'arrivais plus à dormir alors je suis venu voir mon dragon.
— Une belle cérémonie hier, hein ?
— Oh oui, c'était... magique !
— Le roi nous convoque juste avant le déjeuner.
Je ne sais pas si je dois m'inquiéter de cette nouvelle. Que peut-il me vouloir ? Je repense à Chloé, à sa robe bleue, à ses yeux magnifiques. T'ziss me coupe de ma rêverie :
— C'est au sujet des étrangers, nous devons faire en sorte qu'ils repartent chez eux.
Ce n'est pas moi leur Frelsar, ça ne me concerne pas. Je repense aux camarades morts durant la guerre contre Skaross. Je revois l'armée marcher sur les terres d'Altéphée. Puis je revois le visage souriant de Chloé. J'ai l'impression de ressentir son baiser sur ma joue. Non, je ne peux pas la laisser affronter ce monstre marin toute seule.
Après une dernière caresse à mon dragon, je me dirige vers ma chambre. Je ne sais pas pourquoi mais je suis convaincu que bientôt, nous serons de nouveau en voyage. Autant préparer des affaires au cas où.
Dans la salle du conseil, je retrouve Sire Guiezban, Ezio, T'ziss, quelques chefs militaires Ïaryss et humain, Bas-tient, Nadil et Peflor, Chloé. Il y a aussi Skaross.
Le roi débute :
— J'ai longtemps discuté avec Skaross et Bas-tient. Nous ne pouvons laisser leur peuple se faire décimer de la sorte. Nous n'avons pas la place d'accueillir tout un peuple et de répondre aux besoins de chacun. Chloé est sans aucun doute l'élu. Nous allons donc envoyer une cinquantaine des nôtres pour aider leur sauveuse. Skaross est l'héritier de Tenhyou et nous promet un partenariat avantageux pour nos deux royaumes à l'issue de cette guerre. Nous l'aiderons à retrouver son trône. Hugo, en qualité de Frelsar tu te joindras à l'expédition accompagné de nos soldats, de Peflor et Nadil, de T'ziss qui délègue son autorité à son bras droit.
Que dois-je dire ? Mes genoux s'entrechoquent en imaginant ce géant des mers face à moi. J'ai envie de fuir. Très loin. Je jette un œil à Chloé. Elle a l'air plus tétanisée que moi. Je me revois combattre les pallanères, envoyer dans l'autre monde les squelettes et offrir à Skaross la délivrance. Si j'ai pu accomplir tout cela, je peux bien affronter un calmar géant ou je ne sais quel autre monstre. Et puis, je ne suis pas seul.
— Oui, Sire Guiezban, dis-je d'une voix plus assurée que je ne l'aurais cru.
— Nous logerons l'équipage d'un bateau afin que vous puissiez prendre la mer. Leurs navires vont bien plus vite grâce à la magie de leurs trolls aquaciens et sont mieux équipés pour la défense grâce à... leurs K...nonnes ?
— Canons, Sire, précise Bas-tient.
— Les dragons vous déposeront sur la côte, soyez prêts à partir après le déjeuner.
Lorsque je passe prendre mon paquetage après avoir mangé, Lisa est dans ma chambre.
— Hugo, où vas-tu ?
— Je pars aider Chloé.
— Alors je viens.
— Ta place est ici Lisa, tu es liée à Altéphée.
— C'est moi qui décide où est ma place. Et je veux aider mon ami.
Je souffle. Elle est au moins aussi têtu que moi. Je tente encore malgré tout :
— Il n'y a pas de place sur les dragons.
— Tu sais que je peux voyager seule. Je récupèrerai mon énergie pendant le trajet en mer.
Je m'approche et l'enlace. Sa douceur me fait un bien fou.
— Merci, mon amie.
— Merci à toi de m'avoir sauvée. Je n'aurais jamais pu me soigner seule.*
Arrivés aux grottes, tout le monde est déjà là. Chacun s'équipe pour le vol. Ezio me rejoint, il baisse la tête :
— Je ne peux me joindre à vous.
— Tu as tes responsabilités Ezio, tu as ton peuple à guider avec ton père.
— C'est étrange de vous voir partir... sans moi.
Je le regarde droit dans les yeux :
— Tu seras avec nous dans nos cœurs. Ton dévouement envers les tiens me guidera. Te savoir assumer tes responsabilités m'aidera à respecter les miennes.
— Merci Hugo. Je... Je chercherai donc une épouse pour assurer la stabilité de mon pays.
— Tu n'as pas envie d'être auprès d'une femme ?
— Je t'avoue que les choses du cœur me sont étrangères et que je n'y porte aucun intérêt.
Je pose ma main sur son bras :
— Je suis sûr que tu trouveras quelqu'un qui saura te faire changer d'avis.
— Merci, mon ami. Tes mots m'encouragent. Tu n'imagines pas la torture face à toutes ces lettres et portraits qui m'attendent sur mon bureau. Prends soin de toi et veille sur la petite Chloé, elle m'a l'air perdue.
— Je prendrai soin d'elle, dis-je en rougissant.
Je vois mon ami sourire mais s'abstenir de tout commentaire. C'est très bien ainsi, je n'ai pas envie de formuler à voix haute l'attirance que j'ai pour cette fille qui n'est même pas ma Chloé. Quand j'y pense j'ai l'impression que des nœuds se forment dans mon cerveau et que mes pensées se retrouvent toutes emmêlées.
Météroa gronde. Il est temps de partir.
*Voir Tome 1 : Hugo et le tiberium maléfique.
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