Chapitre 21 - Ralliement
Je me dépêche de tout rassembler. Les bruits qui me parviennent du dehors m’intrigue. Je dois me frayer un passage pour arriver devant, auprès de mes amis. On dirait une véritable fourmilière. Ça sort et ça rentre de toutes les grottes alentours et une file presque continue arrive de la capitale, comme les colonnes de fourmis qui reviennent chez elle après avoir trouvé de la nourriture. Il y a un mélange de soldats, de paysans et de commerçants que l’on peut reconnaître à leurs tenues.
Je suis bien incapable de les compter !
Je prends la conversation en route entre Skaross, T’ziss et Bas-tient :
— Je ne m'attendais pas à un tel rassemblement, s'étonne Skaross.
— Pour dire vrai, la population vous a haï pendant de nombreuses semaines, votre père était très apprécié. Puis peu à peu le vrai visage de Deltricien est sorti de l'ombre : taxation sévère, création d'une police militaire qui n'y va pas de main morte et dont les actions ne sont pas toujours dans le sens de la protection des civils, dépenses en fêtes pour la cour en hausse... De plus en plus de monde s'est rallié à la rumeur que vous aviez été évincé du pouvoir et que vous n'étiez sans doute pas l'assassin de votre père.
— J'avoue être quelque peu rassuré. Même si les souvenirs douloureux sont plus présents depuis mon arrivée, je redoutais surtout l'hostilité de la population. Sentir du soutien enflamme mon souhait de reprendre le trône de mon père. À combien estimes-tu les personnes présentes ?
— Plusieurs milliers, sans compter ceux qui arrivent depuis l'aube.
— T'ziss, mon ami à quoi penses-tu ? demande Skaross devant l'air absent du Ïaryss.
— À un moyen de limiter les pertes humaines et de reprendre rapidement le pouvoir pour exterminer le monstre marin.
— Tu as déjà une idée n'est-ce pas ? devine le prince.
— Le prendre de l'intérieur. Rapide et de fortes chances d'avoir le dessus...
— Grâce à l'effet de surprise, finit Skaross.
— Reste à savoir comment...
Bas-tient propose aussitôt :
— J'ai un ami parmi la garde de Deltricien, je vais voir combien de soldats il peut rallier à notre cause au sein du palais. Je n'ai pas de doute de pouvoir le convaincre de rallier notre cause. Je n'ai pas reconnu de serviteurs parmi les nouveaux arrivés, mais la nouvelle n'a pas dû parvenir jusqu'à l'intérieur du château. Comme il y a des commerçants, nous pouvons sûrement diffuser l'information par ce biais.
— Merci Bas-tient, je te charge d'organiser la circulation de l'information et de répertorier le nombre de nos partisans. À partir de là, nous pourrons valider un plan d'attaque.
Nous allons vraiment prendre la ville ? Enfin, mes amis. Mais je serai à leur côté, je ne vais pas rester seul dans les grottes. Je ressens un mélange d'excitation et de frayeur à cette idée. Je vois Chloé arriver en courant, seule.
— Skaross, j'ai eu une vision.
— Une vision ? demande-t-il d'un air qui ne laisse pas de doute quant au fait qu'il ne croit pas mon amie.
Chloé n'ose rien dire devant l'air dubtitatif de Skaross. J'explique rapidement la rencontre avec Azzoureau et la récupération de la Pithie.
— Incroyable ! Voir un dragon d'eau est un présage de chance, s'exclame Bas-tient.
— J'étais convaincu que le collier de la Pithie était une légende. Puis-je le voir ?d demande Skaross les yeux pétillants d'un éclat enfantin.
Chloé tire sur la chaîne et sort l'oeil où semble bouger une mini galaxie.
— Magnifique ! Je t'écoute Chloé, l'encourage-t-il plein d'espoir.
— J'ai les noms des serviteurs à contacter. La Pithie me les a montrés.
— Vois avec Bas-tient, merci Chloé. Je te suis redevable.
La journée passe rapidement. Tout le monde s'active à l'organisation du camp et son agrandissement. Heureusement, nombreux sont ceux qui ont amené des tentes ou des vivres. Je passe une partie de la journée à faire de la cueillette et à aider à la cuisine installée en plein air. Lisa passe l'après-midi à me tenir compagnie et nous discutons de tout et de rien, Chloé reste avec Bas-tient pour organiser le plan de reprise du trône.
Les trois jours s'écoulent de même et le camp continue de grandir, nous devons être désormais sept à huit mille personnes. Un agent de liaison (c'est ainsi que Skaross a décidé de nommer ceux qui font le lien entre le camp et la ville) apporte la nouvelle que des soldats du palais commencent à se poser des questions et que bientôt tout le palais sera en état d'alerte. Il est difficile de nous voir depuis la capitale mais le nombre de personnes qui se dirigent vers nos grottes paraît clairement suspect.
Au dîner, mes amis décident donc de passer à l'action le lendemain. En seulement trois jours, plus d'un tiers du personnel du château (soldats compris) ont rallié notre cause. La grande majorité est restée au palais afin que notre plan réussisse. Ils arrêteront Deltricien et ses proches pour les tenir enfermer dans le donjon en attendant notre arrivée, la plus rapide possible. Le nombre de gardes étant réduit de nuit, cela ne devrait pas être long. L'ordre est relayé dans tout le camp : se préparer pour partir dans huit heures, laisser tout sur place, prendre ses armes et avancer le plus silencieusement possible jusqu'à Yhoushi. Vu le nombre, ce ne sera pas facile.
Je ne trouve pas le temps d'avoir un moment seul avec Chloé. Je suis déçu mais renonce à une visite nocturne vu le programme qui nous attend. Je ne dors presque pas, repensant à la bataille contre Skaross quand il était possédé par le tiberium maléfique, aux morts, au danger qui nous attend, à ma famille qui commence à me manquer...
C'est l'esprit enbrumé que je m'assois autour du feu pour un léger petit-déjeuner. En vérité, je me force à manger un peu car j'ai peur d'avoir faim par la suite, mais chaque bouchée est difficile à avaler. Ensuite, je n'ai plus le temps de penser car il faut tout ranger et préparer pour l'attaque imminente.
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