Scène 8

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Scène 8

JULIETTE

Avec sa longue robe de chambre, elle se déplace lentement dans la maison. Son regard passe rapidement en revu tout ce qui l'entoure. Il n'y a pas un son dans l'habitation, à part les craquements du bois sous son poids. Après son énième inspection, elle se rassoit sur sa chaise qui est placée vers la grande fenêtre de la salle commune. Le livre qu'elle avait commencé était laissé à l'abandon sur la table. Elle jette un coup d'oeil vers le dehors, elle perçoit rapidement Marianne en train de parler avec Neo. Sa mâchoire se serre en les voyant.

JULIETTE - Je me demande bien quand nous allons enfin quitter cette campagne abandonnée par les hommes. Je serais presque en train de croire que l'ennui s'approche de moi, les humains ressentent des choses très étranges...Est-ce que j'ai encore d'autres choses à découvrir d'eux ? Pourtant, je pensais tout savoir, en tout cas dans les grandes lignes.

Elle regarde ses mains ridées, les tourne pour inspecter sous tous les angles possibles. Elle finit par mettre son ongle sur le coin de sa peau et de faire un coup sec. Une légère coupure se produit, aucune goutte de sang ne s'écoule de la blessure. Elle fixe la plaie qui commence déjà à se refermer quand elle reprend la parole.

JULIETTE (au public) - Même si je possède une enveloppe humaine, je ne peux pas voir du sang couler de celui-ci. J'ai vos douleurs, j'ai votre déchéance, mais pas cette délicate preuve de réel. Votre existence se résume qu'à la quantité que vous pouvez contenir. Une blessure au mauvais endroit et vous ressemblez à un sac de toile qu'on perce. On ne le dit pas assez dans vos livres que vous êtes si fragiles...Je me demande ce que ça fait d'être réellement vous, je me demande même ce que ça fait de pouvoir abandonner. Est-ce que c'est amer, est-ce que c'est fort ou doux ? L'envie disparait-elle au moment de vous donner à Neo ? Je me demande sincèrement...

Ses doigts commencent à jouer avec une de ses mèches de cheveux. Ses gestes se croisent et de se décroisent indéfiniment.

JULIETTE (au public) - J'ai hâte de vous rencontrer, de pouvoir discuter avec vous, que nous puissions apprécier des bons moments ensemble. Ne trouvez-vous pas que c'est une bonne idée, surtout autour d'un thé ? Après tout, on a été fait pour vous, je pense que c'est ce qu'aurait voulu notre Mère...

Juliette s'arrête de parler, comme prise sur le fait. Elle cesse de toucher ses cheveux et baisse la tête vers ses mains.

JULIETTE - Non...Pas maintenant...Il ne faut pas en parler d'après Neo. J'oublie parfois de tourner ma langue dans ma bouche avant de parler. Je n'ai pas à la nommer et encore moins à hésiter. Oui, j'ai confiance en lui, je n'ai confiance qu'en lui.

Soudainement, comme si elle venait de se réveiller, Juliette détourne la tête vers la fenêtre et observe de nouveau le dehors.

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