Scène 22
Scène 22
NEO, JULIETTE
La pluie ne cesse de tomber, le temps se dégrade depuis quelques jours déjà. Marianne s'est enfuie dans la forêt pour de nouveau danser. Dans le salon, Juliette feuillette un livre, Neo fixe le feu de la cheminée.
JULIETTE - Ressens-tu quelque chose en le fixant ?
NEO continue à fixer les flammes - Non, rien.
JULIETTE - Alors pourquoi est-ce que tu le regardes ?
NEO - Il n'y a pas besoin d'avoir de raison pour ça.
JULIETTE - Tu ne veux pas me fixer dans ce cas ?
NEO - Le feu ne parle pas lui.
JULIETTE - Tu aurais dû me faire muette.
NEO - Peut-être.
JULIETTE - Le temps ne t'inquiète pas ?
NEO - Aucunement.
JULIETTE - Pourtant j'ai l'impression que cela est bien plus que de simples averses. Ne ressens-tu pas cette pression dans l'air ? Comme si...
NEO la coupe - Pression dis-tu ? Rien de la sorte.
JULIETTE hausse les sourcils - Tu ne serais pas en train de me mentir ?
NEO - M'abaisser à un tel acte ? C'est mal me connaître...
JULIETTE - Aucun de nous n'est capable de véritablement te connaître.
NEO - Marianne ne serait-elle pas en train de déteindre sur toi ?
JULIETTE - Bien sûr que non. Cela ne pourrait pas arriver.
NEO - Alors retiens ta langue. Tu me sembles te détourner de ton chemin. Les questions n'ont pas lieu d'être. Silence. Le silence avant tout.
JULIETTE - On peut avoir un silence lourd de mots.
NEO - Impossible.
JULIETTE - Tout comme le fait que nous existons.
Neo tourne soudainement son regard vers Juliette.
NEO - Tu te demandes pourquoi nous existons ?
JULIETTE surprise - Eh bien...Je me demande, et puis pour Mère je...
NEO - Je ne t'ai pas parlé d'elle.
JULIETTE - Moi je veux en parler.
NEO - En quoi nous existons t'intéresse ?
JULIETTE - Neo et si nous...
NEO - Répond.
JULIETTE - Oui, j'y ai pensé.
NEO - Depuis quand ?
JULIETTE souffle - Je ne pourrais te dire.
Il se lève, son ombre devient imposante sur le mur.
NEO - Quand Juliette ? Je veux une réponse.
JULIETTE tremble - Je ne sais pas, je ne sais plus. J'ai oublié. Mes souvenirs s'effacent dans cette mémoire obsolète.
NEO - Essaie encore.
JULIETTE - En quoi est-ce si important ?
NEO - Juliette, tu sais que je n'aime pas me répéter.
JULIETTE - Et moi d'être ignorée. Mes questions sont bafouées par ton ignorance. Quand pourras-tu me faire confiance ? Ne t'ai-je jamais prouvé mon allégeance ? Mes questions ne sont pas moins importantes. Où sont les réponses que j'attends ? Où sont-elles Neo ? Toi peux-tu enfin me répondre ? Qu'est-ce que je suis, moi, la Vieillesse ? Nous sommes bien plus que tu nous laisses entendre, je le sens que tu nous caches certaines choses. J'ai su me montrer docile, mais il est temps de me voir autrement, je ne suis pas ton ennemie.
NEO - Ennemie ? Tu penses que je te perçois ainsi ? Enfin, c'est ridicule.
JULIETTE déconcertée - C'est tout ce que tu retiens de ce que je viens de dire ?
NEO - Rien ne m'a paru plus bêtise que tes paroles.
JULIETTE - Je comprends pourquoi tu aimes tant le silence. Nos pensées, nos réactions, aucuns de ces détails ne t'intéressent.
NEO - Ennemie pour quelle raison ?
JULIETTE - C'est à toi de me le dire.
NEO - Tu ne l'es pas.
Il s'approche d'elle.
NEO - Mais tu pourrais le devenir si tu continues sur cette voie.
JULIETTE - À quoi cela me servirait ? Je ne veux pas être ton ennemie, je veux simplement comprendre.
NEO - Comprendre, comprendre, comprendre...Que comprends-tu des humains Juliette ?
JULIETTE - Les humains ?
NEO - Oui, ces êtres que nous sommes venu observer. As-tu un opinion sur eux ?
JULIETTE - Quel est le lien ? La pile de mes questions ne cesse d'augmenter Neo, cela m'aura à l'usure. Elles resteront toujours là, elles ne peuvent disparaître.
NEO - Ils ne peuvent pas disparaitre non plus les humains.
JULIETTE - Pas la totalité, mais ils finissent par te rejoindre.
NEO - Ton comportement, toutes ces questions inutiles, cette remise en question de ton existence. Tout ceci te provient de ce monde et de ce peuple. Ces longs mois aboutissent enfin. Juliette, tu deviendrais presque humaine.
JULIETTE - Je n'ai que faire de leur provenance. Je vais continuer à attendre, il ne me reste plus que ça à faire.
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