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Le drap humidifié par ma transpiration nocturne valse à travers la pièce. La queue à l’air, aussi raide qu’un piquet, j’apprécie la chaleur du soleil matinal. La température extérieure n’a quasiment pas bougé depuis le début de l’été, rendant l’air toujours aussi lourd et quasi irrespirable. Je ramasse quelques affaires sales qui trainent dans le coin et balance le tout dans la panière à linges de la salle de bain où une mauvaise odeur m’agresse sauvagement les narines. Je me maudis de ne pas avoir fait ma lessive plus tôt. Avant même de grimper dans la baignoire, j’enclenche de la musique sur mon smartphone, après quoi je referme la porte coulissante afin de prendre une douche.

Les premières notes de Fast Ice de Spirit Club se mêlent au bruit de l’eau qui coule.

« Tonight if I died, you wouldn't care. You want me to love you but why would I care ? I’m so alone and you'll never know. I want you to love me but why would you care ? »

Toujours au top de sa forme, mon pénis tapisse les parois de la baignoire d’urine jaune foncé dont le liquide chaud coule entre mes orteils. L’odeur du savon masque petit à petit celle de ma miction matinale dont les pigments dorés colorent partiellement la mousse. Le corps savonné puis rincé, je quitte la douche et enroule une serviette en coton autour de la taille. La peau encore humide, quelques gouttes d’eau viennent tâcher le vieux parquet d’origine. À peine ai-je mis un pied dans ma chambre que je sursaute à l’entente de la voix de Daria.

- Il y a une fissure sur ton plafond !

- Ça t’arrive de toquer avant de rentrer ?

- Je croyais justement que mon jeu de clef servait à ne pas avoir à toquer ?

Je fouine dans mon armoire désordonnée à la recherche de quelque chose à me mettre sur le dos. Je jette finalement mon dévolu sur ma tenue de prédilection, à savoir un t-shirt noir et un vieux jean que je ne quitterais pour rien au monde. Mes cheveuxétant rasés très courts, un coup de peigne ou une noisette de gel sont inutiles.

D’origine afro-américaine du côté de sa mère et mexicaine de celui de son père, Daria Perez est ma plus longue et belle relation, celle qui, malgré les emmerdes, les engueulades et toutes les tempêtes inimaginables, ne cessera jamais d’être à mes côtés. Elle est comme mon ancre, celle qui arrive à me faire garder le cap. Et pour cause, une ancre old-school est fièrement tatouée sur mon bras, au milieu de tous ces autres dessins qui recouvrent ma peau, comme un cobaye qui aurait prêté son corps pour Malabar. Daria a beau tout connaître de moi, je ne me sens pas encore capable de partager mon livre avec elle. Faire lire vos écrits c’est vous mettre à nu, mais d’une toute autre façon, et je ne suis pas prêt pour ça, pas pour l’instant. Tout comme moi, ma meilleure amie a une appétence pour la psy et bosse maintenant comme chef infirmière dans ce service duquel on m’a viré, ce même service où nous nous sommes rencontrés quelques années plus tôt. Daria fait partie du décor original, des personnages principaux qui ont débuté le show, de ceux qui restent, et ne partiront jamais.

- Tu comptes faire quelque chose pour cette fissure ?

- Ce n’est rien de plus qu’une fissure. Elle doit probablement être là depuis des années.

Daria relève le buste, son opulente poitrine moulée dans un débardeur gris dont l’imprimé me rappel ce qui se faisait dans les années quatre-vingt. Elle dégage une mèche insidieuse qui s’est faite la male de sa chevelure noire coiffée d’une queue de cheval.

- Au fait je ne t’ai pas dit ! s’écrit-elle. J’ai croisé Henry hier.

- Henry ? Henry Pinsky ?

À la recherche d’une paire de baskets dans ce foutoir incommensurable, je sens déjà la transpiration perler le long de mes bras, et renifle vulgairement le dessous de mon t-shirt par mesure de précaution. Ce n’est pas très classe mais je préfère ça que de dégager une odeur nauséabonde.

- Et il n’était pas seul !

Le dos courbé, je glisse un bras sous le lit et attrape une première chaussure recouverte de poussière. Je souffle un bon coup dessus et l’enfile, pour ensuite partir à la recherche de la deuxième et faire de même.

- Rassure-moi tout de suite. Il n’était pas avec un ex à moi au moins ? Du genre, Billy ? Je me suis toujours posé la question s’il ne s’était pas passé quelque chose entre eux deux à l’époque où je sortais avec Henry.

William Preston, alias Billy, fait partie des quelques hommes qui ont beaucoup compté dans ma vie. Je le considère comme mon premier amour, si je mets de côté ma relation furtive et quasi incestueuse avec le père de ma meilleure amie lors de notre dernière année au Westmount High School. Incestueuse dans le sens où Richard m’a servi de figure paternelle à un moment donné de ma vie. Je n’ai plus de nouvelles de Monsieur Green depuis l’enterrement de Debbie. En gros depuis qu’il a refait sa vie avec un genre de daddy qui approche la soixantaine, au ventre arrondi par la bière mais à la silhouette néanmoins musclée. Lisa, sa fille unique, a arrêté de me fréquenter du moment où elle a compris que je me tapais son paternel et que sa mère l’avait lâchement abandonnée alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, ne pouvant faire face à l’homosexualité de son conjoint. Richard a été le révélateur de mon complexe d’Œdipe inversé que je n’ai toujours pas réglé, le révélateur de mon amour pour les hommes matures. Repenser à lui me fait un drôle d’effet. Tout comme repenser à Debbie le jour où on l’a mise sous terre. Ou encore repenser à Billy. Il est le premier mec avec lequel j’ai couché, le premier mec qui m’a pénétré, le premier mec avec qui beaucoup de choses se sont faites. Baiser avec ce genre de gars c’est un peu comme baiser sans capote et se choper une Chlamydia. Le virus infecte votre organisme sans que vous ne vous en rendiez compte et vous mettez parfois des années avant de vous apercevoir des premiers symptômes. Je me suis coltiné Billy Preston telle une infection sexuellement transmissible pendant des années avant de réussir à m’en séparer définitivement, avec du mal certes, mais j’y suis parvenu.

- Qu’est-ce qu’il devient d’ailleurs ?

- Henry ? m’étonné-je.

- Billy !

- Bonne question ! Probablement entrain de pourrir la vie de quelqu’un.

Je m’éponge le front et quitte la chambre, suivi de près par Daria. Nous dévalons tous les deux les escaliers et atterrissons dans la cuisine où je recherche quelque chose à grignoter, bloqué devant le réfrigérateur, à me demander ce que je vais pouvoir prendre comme petit-déjeuner. C’est la même rengaine chaque matin. Je fixe ce frigidaire dans lequel se trouvent quelques restes de nourriture, un filet de citron vert, et une bouteille de téquila à moitié entamée. Et comme à chaque fois je pars de chez moi les mains vides, préférant m’arrêter chez Starbucks pour un grand latte accompagné d’un de ces muffins aux myrtilles qui fait exploser vos calories sur la journée. La cuisine de cette maison est un des éléments qui m’a poussé à en devenir propriétaire. Elle n’a pourtant rien d’extraordinaire, et l’électroménager qui était vendu avec n’était pas de première fraicheur, mais c’est ce que j’aime, son côté vintage, très encré années quatre-vingt-dix. Cette pièce me rappelle les cuisines que l’on retrouvait dans les maisons des séries télé américaines qui ont bercé mon enfance, avec leurs placards beiges, la petite fenêtre qui donne sur une cour extérieure, sans oublier ce grand plan de travail posé au milieu de la pièce. J’ai même gardé les rideaux d’origine où sont représentés des homards qui s’entremêlent. D’une certaine façon, ils me rappellent l’esprit du tissu décoré d’épis de maïs de la cuisine de la famille jaune la plus célèbre des Etats-Unis.

- Donc tu disais, Henry a un mec ? À quoi est-ce qu’il ressemble ? m’exclamé-je en refermant la porte du réfrigérateur.

Tout comme Billy ou John, Henry est passé de personnage principal à secondaire, pour finir au stade de figurant, avant de complètement disparaître de ma vie. Contrairement à Christian, je ne garde pas contact avec mes histoires passées. C’est ma façon de passer à autre chose. Je n’ai pas le souvenir que mon quinqua voit encore Henry. J’ai déjà bien assez de Dominique, sa plus longue relation, et celui qu’il considère aujourd’hui comme son meilleur ami. Ce n’est pas compliqué, je déteste littéralement tout chez ce mec que je fais en sorte d’éviter au maximum. Non pas que je sois quelqu’un de sauvage, mais ça ne passe pas avec ce gars.

- Plutôt beau mec. Plus âgé que lui, et adepte des salles de sport.

- Tu sais quoi ? On va s’arrêter là si tu veux bien. Je n’ai pas envie d’entendre à quel point Henry est toujours aussi bien foutu, que son mec est hyper canon, parfait, et tout ce qui va avec.

- Attends, c’est toi qui me demande, tu es jaloux ? Tu ne l’as pas revu depuis … tellement longtemps. Je pensais que ça te serait complètement égal. En fait, je suis sure qu’ils t’agaceraient, tous les deux.

- Il y a de fortes chances oui.

- Non, ce que je veux dire par là c’est que j’avais l’impression d’avoir en face de moi la caricature parfaite du couple gay tout droit sorti d’un compte Instagram.

- Cheveux brillants et bien brossés ?

- Petits shorts moulants.

- Débardeurs mettant en valeur leurs pectoraux saillants ! déclaré-je en bombant le torse.

- Sac de voyage Fred Perry.

- Barbe mal rasée mais superbement bien entretenue. Et j’imagine qu’ils partent chaque été … laisse-moi deviner, en Grèce ?

Le sourire de Daria me fait rire. Mon amie sait à quel point j’ai horreur de toutes ces starlettes superficielles qui ne jurent que par leur apparence, et il semble qu’Henry ait choisi cette voie. Je ne dis pas ça par jalousie. Mon corps plus robuste, charpenté, et plus gras me convient parfaitement.

- Oh non, m’écrié-je ! Il t’a proposé de te revoir ?

- Quoi ? s’exclame-t-elle d’une voix faussement aigüe.

Je quitte mon terrain pour laisser place à Daria qui ouvre le frigo à son tour, à la recherche de quelque chose à boire.

- Ça t’arrive de faire des courses ? me demande-t-elle agacée.

La porte claque une seconde fois, porte contre laquelle mon amie se colle, à la recherche d’un peu de fraicheur. Ses tétons apparents me donnent l’impression d’être deux points hypnotisant.

- Je déteste ce genre de rencontre fortuite, reprends-je. Les gens font semblant d’être contents de se retrouver, sortent des banalités, en « souvenir du bon vieux temps », et ils se promettent de se revoir alors qu’ils savent pertinemment qu’ils ne se reverront jamais. Et Henry est typiquement ce genre de personne. Je te parie ce que tu veux que tu ne le reverras pas avant un bon bout de temps. Mieux ! Je te parie que je le croiserai avant toi.

- Qu’est-ce qu’on parie ?

- On a six heures de route devant nous, ce qui nous laisse le temps de trouver quelque chose. Avant qu’on ne parte, tu veux aller pisser ? Parce qu’il est hors de question que je m’arrête au bout de vingt minutes à cause de ta vessie capricieuse.

Pensive, Daria réfléchit quelques instants et s’excuse en levant l’index.

- Je reviens dans une petite minute.

***

Il faut environ six heures de route pour se rendre à Westmount. Autrefois, il m’était impossible d’y remettre les pieds sous peine de péter un plomb. Dès lors que Debbie a rendu son dernier souffle il y a trois ans, beaucoup de choses ont changé. De son vivant, notre relation était compliquée et nous n’avons pas tout réglé avant que le cancer ne gagne la bataille. On ne règle pas les problèmes de toute une vie sous prétexte que la mort est sur le point de vous terrasser. J’ai dit ce que j’avais à dire à Debbie, ce que j’avais sur le cœur, en laissant s’exprimer les blessures de ce gamin que j’ai été afin de pouvoir avancer, et c’est ce que j’ai fait, je suis allé de l’avant.

Nous nous arrêtons à un Dixie Lee sur la route afin d’avoir de quoi grignoter une fois sur place. Daria tuerait pour un peu de poulet frit. C’est une de ses principales dépendances. Le moindre manque, le moindre coup de blues pour elle se règle par de la graisse et des calories, ce qui explique les quelques rondeurs harmonieuses qui dessinent son corps métissé. Un panneau affichant le nombre de kilomètres restant jusque notre destination nous passe sous les yeux. J’emprunte alors la bretelle de droite et parcours le chemin pour arriver à un centre psychiatrique, entouré par une forêt et d’innombrables sapins. Cette gigantesque bâtisse donne l’illusion d’avoir été placée loin de tous les gens dits « normaux ». Elle me rappelle l’hôtel Overlook de Shining. La grandeur du bâtiment principal nous donne du fil à retordre pour nous diriger.

- J’adore ces endroits ! s’extasie Daria. La psy ne te manque pas ?

- Non, et tu sais pourquoi ? Parce que ma famille a toujours été là pour palier à cet éventuel manque.

L’histoire de la psychiatrie, et plus particulièrement les vieux asiles désaffectés, ont toujours fasciné ma meilleure amie. Elle est capable de passer des heures sur le web à la recherche de vieilles photos et d’histoires glauques. Depuis que Daria est passée chef infirmière, elle ne cesse de faire des pieds et des mains pour que je la rejoigne. Sauf que revenir en arrière n’est pas une option pour moi. Retrouver mon ancien job, renouer contact avec mes anciens copains, très peu pour moi. Je n’aime pas regarder dans le rétroviseur et me noyer dans la nostalgie.

- Tu devrais revenir bosser dans le service.

- Je t’aime Daria, tu le sais n’est-ce pas ? Mais bosser sous tes ordres, vraiment ?

Une infirmière aux origines pakistanaises nous accueille dans la salle commune où quelques patients végètent dans leur coin avec la télévision comme berceuse. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà vu cette fille, et à voir la façon dont elle m’observe, elle doit être nouvelle. À moins que ce ne soit l’odeur de poulet frit que nous dégageons qui la gêne. Daria tient dans ses mains un sachet cartonné renfermant une boîte de ses ailes de poulet préférées qui la font saliver d’avance.

- Vous pouvez me rappeler le nom de la personne que vous venez voir ? me questionne l’infirmière en prenant place derrière son bureau.

- Ethan Jacob Dickens.

Nous faisons le trajet une fois par mois avec Daria. Le premier dimanche du mois généralement, pour m’assurer de l’état mental et physique d’Ethan, le grand frère prodige interné depuis des années pour dépression, excès de violence, et multiples tentatives de suicide. Je ne le fais pas pour lui, car pour être honnête, je le connais autant que mon voisin avec qui j’échange deux trois banalités chaque jour en sortant de chez moi tous les matins. J’ai fait une promesse à Debbie, le genre de promesse qu’on fait sur un lit de mort. Je ne pensais pas honorer un jour cette parole parce que je ne dois strictement rien à ma mère ou à ce frère qui ne mérite même pas ce titre de frère, tout comme j’ai ôté celui de père à Jacob, et celui de mère à Debbie il y a fort longtemps. Nickie est tout ce qui me reste de cette foutue famille. Je me demande parfois pourquoi je continus de faire le trajet puisqu’Ethan n’est rien de plus que l’ombre de lui-même, un patient en psy cachetonné qui n’est plus capable de réagir à l’entente de son propre prénom. J’appellerais le service une fois par mois pour prendre de ses nouvelles que cela reviendrait au même. Au fil du temps, ces rendez-vous hebdomadaires se sont transformés en road-trip. Un moyen pour Daria et moi de nous échapper de notre quotidien, pour être rien que tous les deux.

L’infirmière nous conduit jusqu’à la chambre où Ethan repose dans un fauteuil, des écouteurs d’un vieux walk-man posés sur les oreilles. Ses yeux sont injectés de sang et son regard est livide. On croirait voir la caricature parfaite du patient en psy complètement sonné par son traitement aux effets sédatifs. Je me pose sur le lit tandis que Daria s’installe sur une chaise. Elle sort la boîte de son sac et se sert une première aile de poulet. Ethan ne perçoit guère le monde qui l’entoure et ferme les yeux, bercé par sa musique.

- Sam emménage chez moi, lâche Daria entre deux bouchées.

Mon amie m’envoie une aile de poulet que j’attrape en plein vol. Mon étonnement n’est pas anodin vu la nature récente de cette relation qui remonte à quelques mois à peine.

- T’es sérieuse ?

- Quoi ?

Elle essuie un peu de graisse à la commissure des lèvres et quitte sa chaise pour ouvrir la fenêtre face à la chaleur étouffante et écrasante qu’il fait dans la pièce. Malheureusement pour elle, la sécurité l’en empêche.

- J’ignorais que c’était à ce point sérieux entre vous deux .

Daria s’écroule de nouveau sur sa chaise dont ses cuisses collent contre le vieux plastique usé.

- Tu quittes Yorkville ?

- Je veux bien m’engager, mais pas au point de quitter mon appartement et prendre le risque de me retrouver sans rien. Sam emménage chez moi. Je te l’accorde, ça paraît précipité mais ça ne changera strictement rien vu qu’elle passe déjà la majeure partie de son temps chez moi.

Quand je l’ai rencontrée, Daria n’avait de vertu que pour le pénis, pour reprendre ses termes. Puis la téquila s’en est mêlée, et ma meilleure amie a découvert les joies du sexe lesbien. Autant dire que je me souviens parfaitement du jour où toutes ces questions ont commencé à lui trotter dans la tête, puisqu’il s’agit de la dernière fois où j’ai parlé à Debbie, peu de temps avant sa mort. Depuis, Daria s’est découverte ambidextre, pour reprendre une fois de plus ses termes. Après avoir couché avec la moitié des mecs de Toronto pour se prouver je ne sais quoi, elle a laissé parler la bisexuelle qui sommeillait en elle et s’est laissée aller dans les bras de Samantha Lockhart, une journaliste. Sam est une chouette nana. La trentaine, c’est une belle blonde d’un mètre soixante-quinze dont la beauté est indéniable. Elle me rappelle Christian dans sa façon d’être, très adulte, la tête sur les épaules, et très pragmatique.

- Sauf qu’il y a une différence entre avoir le choix d’être seul et ne plus jamais l’être.

- On ne parle pas de toi mais de moi, me fait remarquer Daria. Je ne suis pas comme toi, je n’ai pas peur de m’engager, je ne fuis pas l’engagement comme la peste. Que tu le veuilles ou non, Christian est sur le point de passer à la vitesse supérieure. On en parle de son obsession de vouloir retaper ta maison ?

- Je ne vois pas ce qu’il y a de mal là-dedans ?

- Donc tu te sens prêt à emménager avec lui ?

- Pourquoi est-ce qu’on continue de parler de moi ? On en était à toi qui emménage avec Sam !

Daria abandonne sa boîte de poulet et me fixe longuement avec ce sourire au coin des lèvres qui illumine son visage couleur caramel.

- Quoi ? lui demandé-je gêné.

- Tu te souviens de cette époque ? Toi, moi, incapables de nous engager.

Nous rions tous les deux et stoppons la conversation. Probablement parce qu’il fait trop chaud et que nous manquons de salive. Daria sourit brièvement à Ethan, toujours amorphe, tandis que je contemple le plafond jaunis par le temps, dont la peinture craquelée provoque de multiples fissures.

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