Une semaine avait passé depuis les morts de John et de Mathilda. Le village commençait à aller mieux. Charles essayait au mieux de diriger Mervhope, Steve travaillait sérieusement sur son enquête et Léopold emprisonnait chaque suspect du détective. Elise essayait elle aussi de trouver les suspects à l'aide de sa boule de voyance mais Joe, le fou, répétait à quiconque que cet objet était dysfonctionnel.

Le premier jour d'hiver naquit. La neige recouvrait d'une légère couverture l'herbe tendre de la forêt, essayant d'effacer les évènements terribles qu'avaient eu lieu dans cet endroit.

Steve ne cessait de se rendre sur le lieu présumé du crime. Il marmonnait des paroles incompréhensibles, sentant que plusieurs choses lui échappaient et il détestait cette sensation. En tant que grand enquêteur, il ne pouvait se permettre de ne pas résoudre cette affaire. Mais que pouvait-il faire ? Il n'avait trouvé aucun indice. Se pouvait-il que l'assassin fut la sorcière, celle-ci décidant de se suicider par la suite ? Il nota aussitôt son hypothèse.

Alors que l'homme se rendait à la grotte afin de percer le mystère, il rencontra Danny, le simple villageois. Celui-ci lui serra la main et déclara d'un ton bourru.

— Alors, cette enquête avance ?

— Bien entendu, mentit-il. Je suis un grand détective, après tout.

— Ma foi, si vous le dites ! Dépéchez-vous, monsieur l'enquêteur. Le peuple réclame vengeance. J'entends pas mal de choses, vous savez. La rumeur court que personne n'essaie de véritablement résoudre cette affaire.

— Foutaise !, répondit seulement Steve, profondément agaçé. Pourquoi ferions-nous cela ?

— Ah ça, monsieur, je ne sais pas. Je ne fais que répéter ce que j'entends...

Danny haussa les épaules, regarda de gauche à droite puis marmonna rapidement, de peur que quelqu'un puisse entendre ce qu'il se décida à dire.

— Je suis plutôt un influenceur, parmi ce groupe d'idiots. J'ai donc réussi à demander à Chloé, la petite fille, d'en apprendre un peu plus. Personne ne se méfie de cette gamine là, vous savez. Si elle a des informations, elle viendra vous quérir.

— Merci bien, mon brave. Lorsque j'aurai le tueur, j'organiserai une fête en votre honneur. Vous l'aurez bien mérité.

Steve poursuivit ainsi son chemin. Il n'était pas tellement inquiet à vrai dire: il savait qu'il allait trouver le coupable. Reste à savoir, quand? Le plus tôt serait le mieux... Le détective avait quelques pistes mais le meurtre de Mathilda était un problème: les deux meurtres étaient tout à fait différent. Le premier, dont on a jamais trouvé le cadavre, a été tué soigneusement. Le second a été sauvagement assassiné. Les deux corps ont l'air de ne pas avoir été commis par le même meurtrier. Steve était tracassé. Il était persuadé qu'il y avait un lien entre les deux. Mais lequel? Et bon sang, pourquoi y avait-il autant de corps d'animaux?

— Je vais traquer cette bête, intervint une voix bourrue.

Le détective se retourna vers l'étranger et soupira de soulagement en reconnaissant Joe. L'homme s'accroupit au sol et observa les traces.

— Tu sais bien que Paul est mon frère, je connais aussi bien la chasse que lui. Malheureusement, celui-ci paraît bien dans la lune. Il n'est pas en capacité de trouver le coupable.

— Comment peux-tu affirmer que tout cela est l'oeuvre d'une bête?

— Voyons, observe l'état de ces corps. Puis, rappelle toi celui de la sorcière...

Steve hocha distraitement la tête et écrivit sur son carnet. C'était en effet une piste intéressante mais le corps de John serait bien trop propre... Se pourrait-il alors vraiment que tout cela soit l’œuvre d'un animal? Et se pourrait-il que parallèlement, le maire fut bel et bien assassiné? Joe marmonna. — On dirait un loup d'une sacré taille. Regarde la taille de la patte. Impressionnant.

— Et bien, Joe. Pour un fou, tu es plutôt perspicace.

— Disons que j'ai envie de vous aider, expliqua-t-il en riant. Je reviendrai demain te dire ce que j'ai pu en conclure.

— Merci, Joe. Tu aides vraiment Mervhope.

Le fou fit un sourire sarcastique puis s'enfonça dans la forêt. Steve était soulagé: le frère de Paul allait donc enquêter sur la mort de Mathilda et de ces animaux. Quant à lui, il n'avait qu'à s'intéresser à la mort de John.

 Trois jours étaient passés depuis ce moment. Steve n'avait pas de nouvelles de Joe et cela l'inquiétait profondément. Le détective alla donc chercher le chasseur. Une fois arrivé à sa tanière, il frappa et entendit que Paul se décida à lui ouvrir. Cela ne tarda pas. Ce dernier était apparu telle une furie et cria.

— Joe! Où étais-tu passé, vieux chenapan?

Paul avait les bras écartés, prêt à faire une étreinte. Lorsqu'il se rendit compte qu'il ne s'agissait pas de son petit frère, il perdit son sourire et marmonna.

— Steve. Que me vaut le plaisir de ta visite? Je voulais savoir si tu avais des nouvelles de Joe, mais au vu de ce que je viens d'assister, je crains que non.

Le chasseur fixa durant un long moment son interlocuteur et frissonna.

— J'espère qu'il n'a pas rencontré sa bête... Lorsqu'il est parti enquêter, il était venu m'avertir peu après. Il était persuadé que la cause de tout cela était un gros loup.

— Cela ne cause pas avec la mort de John, tu le sais bien.

— Je sais, mais Joe avait soi-disant trouvé le lien avec tout ça. Il était reparti aussitôt mais comme tu peux le voir, il n'est jamais revenu.

Steve blanchit. Si Joe avait trouvé un lien, le tueur l'avait probablement déduit. Dans ce cas-là, le fou serait sûrement décédé.

— Non!, s'était écrié Paul en reculant.

Avait-il pensé à haute voix? En voyant la tête que faisait le chasseur, le détective en était persuadé. Les deux hommes partirent donc dans la forêt afin de chercher Joe. Des heures passaient et aucune trace de l'homme. La nuit commençait à surgir lentement. Steve et Paul décidèrent de se séparer afin d'avoir plus de chances de le trouver. Après quelques minutes, le détective entendit un hurlement. Il courut aussitôt, reconnaissant la voix. Il s'agissait de Joe. Ce dernier était affalé près de la rivière, le corps baignant dans son sang. Paul était à ses côtés. Ce dernier se tourna vers Steve et murmura.

— Il va mourir... Mon frère...

L'enquêteur rejoignit les deux hommes et il observa le fou. Celui-ci, les yeux mi-clos, il essaya de tendre le bras. Paul prit l'objet dans la paume et fronça les sourcils. Il le donna à Steve qui dit, étonné.

— De l'argent? Pourquoi?

— Pour... La bête... Par..Partez... Elle n'est pas loin, ajouta-t-il précipitamment.

Il se mit à cracher énormément de sang et cessa de bouger. Paul était resté immobile, semblant être en état de choc. Steve fit fermer les yeux du fou et se releva. Il aida le chasseur à se relever.

— Nous viendrons le chercher plus tard! Nous devons vite rentrer!

Paul hocha la tête et les deux hommes retournèrent aussitôt à Mervhope le plus rapidement possible. Et voilà que ce village, devenu maudit, accueillait un troisième décès suspect...