12.
Au tour de Sanchez de devancer Imo. Il continue sa plongée dans les méandres de sa blouse multifonctions, pour en retirer son bouclier personnel. Un engin fort pratique, au design discutable. Le genre de bracelet onyx, mal ajusté, que n’importe quel ignare aurait chiné pour une poignée de pesos dans un vide-grenier mexicain.
Reste que Sanchez l’a récemment mis au point avec la miniturbine ionique arrachée au cœur d’un des automates du Paris Tatin. Couplé à la technologie photo-condensée, il a autour de son poignet un nouveau bijou technologique capable de le protéger des assauts les plus dévastateurs, que ce Samouraï Polonais, ou n’importe quel camé sous stéroïde, pourrait tenter de lui faire subir.
Activée, la barrière semi-transparente expulse le katana de sa gaine improvisée et déséquilibre le Samouraï, qui va se racler le dos entre l’ascenseur et le mur. Dans le même temps, Sanchez fourre son canon à cosmo-impulsion dans les bras d’Imo pour extirper un autre gadget disgracieux.
Son laser chirurgical manque certes de style (sorte de zappette bombée, avec une molette disgracieuse sur le dos pour en régler l’intensité), mais au regard de sa puissance, bien des pacificateurs américains s’en palucheraient les gonades. Une fois réglé à la moitié de sa puissance, le rayon traverse ce qui reste des portes et entreprend de désintégrer l’épiderme du Samouraï bataillant pour revenir à la charge.
Il pousse un glapissement, fort ridicule au passage, lorsque le laser entreprend de lui grêler les intestins et lui creuser plusieurs autres cavités, dont une particulièrement utile les jours d’engorgement. Il se débat, finit par se dégager, non sans y laisser du lard et se fait faucher par un nouveau tir de canon. Hilare, Imo n’a pas pu résister à s’en servir.
Le Samouraï rechute donc. Comme une torpille. Il manque de finir en yakitori sur son propre katana, mais n’a pas le temps de rouler hors de la trémie pour éviter l’ascenseur. Après une brève et futile résistance, c’est donc en oyakodon qu’il écourte son existence. Le bruit est immonde, cependant, entouré du champ de force, ni Sanchez, ni Imo n’ont le loisir de clairement le distinguer. Même le résiné giclant à travers les trous béants du sol, ne parvient à en entacher leurs vêtements. Imo seul, marque un peu de surprise, puis l’instant passe et les deux hommes sortent de la cabine en ruine.
Dehors, il n’y a d’abord que du noir. Impossible d’y voir à un mètre. Quelques pas de plus et la pièce s’illumine. Sanchez a un petit temps d’adaptation. Ses yeux éblouis papillotent, parcourent son environnement pour en dresser un portrait pas piqué des fayots.
Ils sont dans ce qui se rapproche à s’y méprendre au hall de sécurité du 13e sous-sol. Un peu moins haut et large, mais sans dégradation apparente. Une grande salle tout en angles et en nuances ternes, donnant la part belle à la tuyauterie et aux câbles graisseux serpentant aux murs, de toute évidence en carboradium. Point d’architecture pyramidale cependant, uniquement un cube massif, vide, contenant une seule et unique guérite déserte, encadrée de portiques, positionnée une dizaine de mètres devant l’ascenseur.
Ils sont seuls. Son gardien gît, compressé, sous leur moyen de locomotion. Tant mieux. Sanchez désactive son bouclier. Ils peuvent donc gagner la double porte à l’autre bout de la pièce. Unique, assez massive, surmontée du pictogramme jaune et noir trisecteur. Voilà qui pose l’ambiance. (32)
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