- Je… Je suis désolé, dit finalement Emeryx. Je ne peux pas. Vous savez comment est le Professeur Joult…

- Non.

- Ah… Euh… Une vraie furie quand elle n’a pas reçu sa dose de lactose. Et puis si on est vraiment attaqués… Alors euh…

- Cassez-vous.

Emeryx ne se le fait pas dire deux fois. Comme monté sur ressort, il s’élance quasiment ventre à terre à travers la seule sortie. Dans le couloir, il exulte, manquant presque de déraper sur un robot aspirateur dépoussiérant le sol carrelé.

Quand les portes se referment, Sanchez pousse un profond soupir. De soulagement, comme d’agacement. Il n’est que rarement déçu et parler de déception à son propos, équivaudrait à comparer Chang à Alain Rey, ce que tout individu un minimum sensé n’oserait imaginer.

Toujours est-il que l’ascenseur reprend sa descente et qu’une présence rayée des consciences vient se signaler à celle persuadée d’occuper seule l’espace.

- Vous savez, je suis étonné que vous ne lui ayez pas tiré dessus. Vous connaissant, j’aurais parié beaucoup que vous lui auriez fracassé les os d’un tir au plastron.

Sanchez saute presque au plafond. Il a complètement oublié Imo. Plus silencieux qu’un lori, l’immortel n’avait pas bougé d’un iota durant toute la durée de l’échange avec l’épigénéticien. Dieu ou le néant, pour les athés, sait qu’il a eu bien du mal à se contenir un gloussement, quand son compagnon irascible a plusieurs fois été au bord de rosser son interlocuteur.

- Arrêtez de faire ça ! s’exclame Sanchez, les mains crispées sur les pans de sa blouse.

- Ce n’est pas ma faute si vous avez la mémoire courte.

- Et vous un dysfonctionnement psychobiologique.

- Pour vous servir. Maintenant, professeur Javeloo, si vous le permettez, préparez votre joujou, on va peut-être en avoir bientôt besoin. On arrive enfin. (26)